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Le 6 avril 2022, nous enfourchions nos vélos de façon un peu maladroite pour entâmer un grand voyage à vélo. Celui-ci devait nous mener de la France au Cap Nord en passant par la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Danemark et la Suède. Pas moins de 7 pays à parcourir pour atteindre le point le plus septentrional d’Europe.
Ce fut une aventure incroyable qui nous a permis de nous dépasser. Au cours de ce long voyage à vélo, nous avons pu explorer des paysages magnifiques, rencontrer des gens formidables et vivre des expériences uniques et inoubliables.
Un an plus tard, nous voilà prêts à livrer le bilan de cette folle épopée qui restera à jamais ancrée en nous !
À cela plusieurs bonnes raisons :
Mais surtout, il nous tardait de remettre le couvert pour une nouvelle aventure à vélo ! Cette fois, le voyage serait plus long et plus sportif. Il nous pousserait dans nos retranchements, nous ferait quitter définitivement notre zone de confort (on avait pourtant dit mollo sur la pluie…) et nous amènerait à nous dépasser à la fois physiquement et mentalement !
Mentalement, car nous nous embarquions sur un long itinéraire d’au moins 6000 kilomètres pour atteindre notre objectif. Nous savions que nous aurions à faire face à :
Et physiquement, car si en France nous pensions tenir un rythme de 60 kilomètres journaliers, nous n’avions aucune idée de ce que la Norvège nous réserverait. Damien aimait à se dire que ce serait plat, moi j’étais sûre d’une chose, ça ne le serait pas ! J’attendais simplement de voir à quelle sauce ce pays voudrait bien nous manger… Nous n’avons plus qu’à atteindre ces plus hautes latitudes pour en avoir le cœur net !
Tout ça pour dire que ça n’a pas loupé, nous avons trouvé là-haut tout ce que nous étions partis chercher… Pour revenir plus forts, et bien plus encore (#denver) !
La destination est choisie mais l’itinéraire complet reste un mystère ! Nous regardons sur une carte et dessinons la ligne directrice du voyage. L’idée est simple : cap vers le Danemark, traversée en ferry vers la Suède, au Nord jusqu’à Oslo et diagonale toute en Norvège pour rallier Oslo à Bergen via le centre du pays. On trouvera bien une route quand on y sera… Tous les chemins ne mènent-ils pas au Cap Nord ?
Au final, on est chauds, mais on creuse quand même encore un peu pour affiner notre idée. C’est là que nous découvrons que plusieurs véloroutes européennes (du réseau Eurovélo) traversent la Norvège de part et d’autre. On retrouve ainsi :
En mixant tous ces éléments, il y a moyen de se faire un itinéraire aux petits oignons. C’est donc rassurés (même si nous n’étions pas réellement inquiets) que nous partons avec un plan presque ficelé direction le Cap Nord… Mais on le sait tous, rien ne se passe jamais comme prévu… Et c’est avant tout cela l’aventure : faire preuve d’adaptation !
Pour un voyage au long cours, nous étions conscients que la préparation ne serait pas la même que pour la Vélodyssée. À l’époque, nous avions tout emprunté : des vélos à la carriole de N’Lou en passant par les sacoches. Notre seul investissement avait été pour l’achat de la tente, qui dans tous les cas, n’aurait pas été perdue… même si le roadtrip à vélo ne nous plaisait pas.
Dans nos toilettes, sur la porte ardoise, j’avais noté « tour du monde à vélo, J- … ». La demande était relativement simple et efficace, pour être prise à la légère. Damien a répondu en donnant pour deadline un départ le jour de son anniversaire (8 juin)… Quand la conversation a réellement viré au sérieux, nous avons tranché pour un départ début avril afin profiter de meilleures conditions possibles (et du soleil de minuit une fois là-haut). Nous serions donc sur nos selles début avril et le 1er a retenu toute notre attention pour la symbolique du poisson qui n’en serait pas un… En prime, nous prenions ainsi notre revanche sur le retour précipité d’Amérique du Sud. Faire ainsi un pied-de-nez au destin, deux ans après, nous allait bien !
Entre l’été 2020 et notre départ au printemps 2022, nous avons soufflé des bougies et fêté plusieurs Noëls, ce qui nous a permis de diversifier notre matériel vélo au fur et à mesure. J’ai lancé les hostilités en offrant à Damien ses premières sacoches arrière et le reste a suivi au fil de l’eau quand nous avons pris notre décision… S’équiper ainsi sur plusieurs années a l’avantage d’étaler les dépenses pour trouver le matériel adéquat, de bonne qualité et surtout… se permettre de le tester en amont !
Et tester son matériel en amont, ce n’est vraiment pas une chose à minimiser. En effet, l’achat de nos vélos nous l’a bel et bien prouvé !
Depuis plusieurs mois, je salivais devant le vélo Riverside Touring 520 de Décathlon. Il était, d’après mes recherches, le plus adapté pour notre futur tour d’Europe : à la fois abordable (699 euros en mars 2021) et bien équipé. En suivant de près son lancement sur les réseaux sociaux, j’étais aux aguets quant à sa disponibilité en stock jusqu’au jour où, ma taille était enfin en stock ! Ni une ni deux, j’ai foncé chez Decathlon pour faire partie des premiers chanceux à l’obtenir.
De son côté, Damien avait été davantage attiré par le modèle « supérieur » : le Riverside Touring 900. Plus axé « tour du monde » avec ses équipements complémentaires haut de gamme, il était alors annoncé à 1299 euros en septembre 2021. Mais aussi, à l’époque, en rupture de stock européenne… Alors quand Damien l’a trouvé sur Alltricks.fr (qui s’avère en réalité être un partenaire Decathlon), on était dubitatifs, mais on a quand même tenté notre chance. Et le vélo est arrivé en parfait état !
Pourtant, même s’il était parfait sur le papier et pour une rando vélo à la journée, j’ai vite réalisé que le Touring 520 ne me conviendrait pas. Et je me suis même beaucoup remise en question lors de notre micro-aventure vers Saint-Malo, en conditions réelles : chargés comme des boeufs en d’autres termes et avec du dénivelé ! La posture, la selle, le mono-plateau… Assez d’arguments pour se questionner : on change plusieurs éléments ou on ré-investit dans un nouveau vélo ?
C’est donc à l’issue de notre week-end test, que nous avons décidé de revoir nos plans. À l’aise avec le vélo de Damien, j’ai revendu mon Touring 520 à un heureux cyclotouriste et nous avons cherché une alternative pour Damien, pour tomber sur le Kona Sutra, mix entre vélo de ville et vélo de voyage (malgré tout à un tarif plus élevé : 1699 euros). Notre barbu a rapidement dompté la bête et nous avions deux vélos (triple plateaux) qui nous convenaient pour nos futures aventures !
Pour nos sacoches, quand j’ai souhaité en offrir à Damien pour Noël, je n’ai pas tergiversé longtemps. Pour la marque, ce serait Vaude. D’ailleurs, pour l’anecdote, cette marque allemande, dérivée des initiales de son créateur (vD = Albrecht von Dewitz) se prononce FA-O-DÉ (ou [fau´de] pour ceux qui sont plus à l’aise avec la phonétique).
Pourquoi cette marque ? Tout simplement car c’est celle des sacoches que l’on nous avait prêtées sur la Vélodyssée. Vu qu’on avait été ultra satisfaits, j’ai surfé sur le web pour dénicher les meilleurs tarifs et j’ai mis des options sur Amazon. Pour assurer le coup, je mise sur différentes paires de sacoches en plusieurs coloris : les Aqua Back et Aqua Back Plus. Après 3 mois et mes options presque oubliées, j’ai été informée que tout était expédié d’un coup et c’est ainsi que je me suis retrouvée avec 12 sacoches à la maison… Et accessoirement un trou sur mon compte bancaire…
C’est ainsi que Damien a pu faire son choix au moment de Noël et que nous avons gardé 4 sacoches Aqua Back Plus au coloris canari ! Toutes les autres ont trouvé d’heureux (re)preneurs via Le Bon Coin ! Le tarif étant vraiment valable (114,75 euros / paire), j’ai préféré en faire profiter la communauté cyclo que de faire un simple retour Amazon !
Pour les sacoches avant, nous nous étions dit que seul Damien en mettrait sur son vélo. Vu qu’il était plus costaud (sportivement parlant), il pourrait porter plus de poids. Mais quand il nous a fallu caler toutes nos affaires dans les sacoches, on s’est vite rendus à l’évidence : il nous manquait un peu de place ! J’ai donc mis de côté le rackpack que nous avions pour favoriser une autre paire de sacoches avant.
Quant à nos sacoches de guidon, Damien m’en a offert une pour mon anniversaire et a hérité du même modèle pour le sien (#cadeauxutiles). Il s’agit du modèle Aqua Box de Vaude, là encore !
Cependant, en achetant nos sacoches, il y a plusieurs choses auxquelles nous n’avions pas pensé :
➕ : bien visibles et donc une protection supplémentaire sur la route.
➖ : le jaune crée une forme de réverbération lors des journées ensoleillées et attire aussi (beaucoup) les insectes. En prime, avoir tous les deux la même couleur de sacoches ne nous a pas permis d’identifier facilement nos pochettes respectives (réglages adaptés à nos vélos, optimisation des poids). En ce sens, deux couleurs distinctes auraient été plus cohérentes.
Pour notre premier voyage à vélo, nous avions embarqué les sacs de couchage dont nous disposions. Mais après notre virée de trois jours en terre normande, nous avons réalisé qu’ils ne seraient pas suffisants pour une aventure dans le nord. Nous avons donc jeté notre dévolu sur des modèles « hiver » plus adaptés à l’aventure qui nous attendait.
Et les sacs de couchage, il faut dire qu’il en existe de toutes sortes et surtout à tous les prix. Le meilleur compromis à nos yeux a été le modèle de la marque Simond (marque alpinisme haut de gamme de chez Decathlon), le Makalu I Light -5°C. Il ne s’agissait pas forcément des plus compacts ni des plus légers (entre 500 et 560 grammes pour les notres, pour un volume de 10 à 11 litres), mais leurs température d’usage ont fait le job :
Sur le sujet des carrioles pour voyager à vélo avec son chien, j’ai déjà pas mal épilogué. Nous sommes ravis des modèles qui nous ont accompagnés sur notre grande épopée (Croozer Jokke) et toutes les informations se trouvent dans les deux articles dédiés :
Voyager à vélo avec son chien : cet article détaille la préparation de nos chiens pour voyager à vélo à nos côtés et les différentes carrioles existantes sur le marché.
Test de la remorque pour chien Croozer Jokke : celui-ci revient sur notre aventure et le test en conditions réelles de nos deux carrioles Croozer.
Parce que les retours d’expérience de voyageurs sont toujours très intéressants, nous avions pris contact avec plusieurs d’entre eux et plus particulièrement avec :
Pour nos sacoches, nous avons réussi à trouver très rapidement une organisation méticuleuse. En effet, Damien nous a optimisé cela comme un chef. Avant de partir, nous avons passé pas mal de temps à tout organiser : pointer les affaires que l’on souhaiterait emmener, se rendre compte que c’est (beaucoup) trop, faire et défaire… Jusqu’à trouver l’organisation qui nous convenait. Et d’un côté, heureusement qu’on a chopé le COVID dix jours avant le départ, sinon on y serait sûrement encore !
En cours de route, nous n’avons rien eu besoin de réajuster. En effet, chaque chose avait sa place et Damien s’assurait que chaque chose RESTAIT bien à sa place. C’est ainsi que nous avions rempli nos besaces :
4 sacoches (2 à l’avant et 2 à l’arrière) avec un sac-à-dos posé sur le porte bagage. Ce dernier contient l’électronique donc le PC portable embarqué avec nous. Afin de protéger tout ce petit monde, nous enveloppions le sac-à-dos de notre bâche de sol et d’une protection étanche adaptée.
Avant gauche | Avant droite | Arrière gauche | Arrière droite | Guidon |
Vêtements Damien (petite et grande pochette) | Vêtements Marine (petite et grande pochette) | Duvet Damien Matelas Damien Oreiller Damien Chaise de camping Damien | Duvet Marine Matelas Marine Oreiller Marine Chaise de camping Marine | Portable Batterie externe Appareil photo |
4 sacoches (2 à l’avant et 2 à l’arrière) avec une tente posée sur le porte-bagages, emmitouflée dans un sac plastique et un protège sac pour limiter sa prise à l’eau… Les journées humides, on en a connues beaucoup (trop) !
Avant gauche | Avant droite | Arrière gauche | Arrière droite | Guidon |
Croquettes chiens Kway Marine Pantalon pluie Marine Courses au besoin | Croquettes chiens Kway Damien Pantalon pluie Damien Courses au besoin | Nourriture Trousse de toilette | Popote et réchaud Bonbonne de gaz Ustensiles de cuisine Kit réparation | Opinel Portable Batterie externe Frontale Livre papier |
Nous avions un compartiment de rangement qui nous permettait de stocker également quelques affaires. Nous y rangions généralement le pique-nique du midi dans l’une et l’antivol et la bâche qui nous servait à couvrir les vélos en nocturne, dans l’autre ! À cela, nous ajoutions les affaires à avoir rapidement sous la main comme les pantalons de pluie ou nos k-ways ! Enfin, nous nous servions aussi du « toit » des carrioles pour exposer notre panneau solaire et charger nos batteries quand le soleil était de sortie !
Au besoin, nous avons dédié un article complet à notre équipement pour le voyage à vélo avec nos chiens. Il suffit de cliquer sur le lien pour en savoir plus !
Nos vélos tanguent sous le poids, nos coups de pédale sont incertains… Et notre ami Mika nous filme. Les débuts sont laborieux et ce dernier lance à tous les passants que nous croisons : « ils partent pour le Cap Nord ! ». L’un d’eux rétorque en rigolant « ah bah ce n’est pas la bonne route ». Et merde !
Nous y voilà en ce 06 avril 2022, notre rêve voit le jour et nous allons le faire. Les retrouvailles se succèdent sur le bord de route : Mikaël nous a rejoint à la maison, puis Gaëlle déboule avec ses pompons orange et enfin Anna, la fille de nos amis nous surprend ! Elle est sur le bord du chemin avec ses grands-parents et embarque avec nous pour quelques coups de pédale ! C’est à contre-coeur qu’elle nous quitte et que bientôt, nous nous retrouvons seulement tous les quatre avec Damien et les chiens.
Nous y sommes… À ce premier jour d’aventure qui en comptera au moins une centaine sur nos selles ! Si on avait souhaité imaginer cette aventure à ce moment-là, nous ne nous serions pas douté une minute de toutes ces belles rencontres qui nous attendaient, ces côtes interminables, ces fous-rires nerveux, ces kilos de pâtes engloutis, ces journées de pluie alors que la France subissait une canicule sans pareille… Rien de tout cela ne nous serait venu à l’esprit ! Et pourtant, c’est tout cela à la fois que nous étions partis chercher depuis ce premier jour au guidon de nos fidèles destriers !
Nous n’avions pas étudié l’itinéraire pour le Cap Nord avec précision, car nous savions que celui-ci évoluerait selon nos envies en cours de route. Nous avions malgré tout les grandes lignes dans la tête :
Sur le papier, les faits ont en réalité connu quelques évolutions. En effet, nous avons décidé, suite à un échange avec nos poissons pilotes (Aurélie et Corentin, alias @auptitkilometrelachance), de ne pas passer par les montagnes. Un peu comme Frodon qui décide d’emprunter les mines de la Moria…
Pour nous, le détour sera également conséquent puisque nous ajoutons du dénivelé et des kilomètres. En comparaison, ça donne :
1️⃣ Oslo – Bergen : 523 kilomètres pour 6850 m D+ (trop de neige encore dans le centre du pays)
2️⃣ Oslo – Trondheim : 552 kilomètres pour 6090 m D+ (encore de la neige potentielle, mais surtout un saut trop rapide vers le nord)
3️⃣ Oslo – Bergen (par la côte) : 865 kilomètres pour 8920 m d+ (l’option qui rallonge, mais avec du dénivelé plus étalé).
Au final, notre vélo trip s’est finalisé sur cette map avec des traversées en ferry, une session bus pour devancer la pluie aux environs de Trondheim et plus de 7 500 kilomètres sur nos biclous jusqu’au Cap Nord.
🚴 Nb de jours de vélo : 123 / 144
🥱 Nb de jours off : 21
🌐 Nb de jours roulés vers le Nordkapp : 108
🏡 Nb de jours roulés pour rentrer à la maison : 15
↗️ Dénivelé positif total : 60 722 mètres
⏱ Nb d’heures en selle : 560 heures et 28 minutes
⛴ Ferries : 36 (essentiellement d’île en île en Norvège)
🗺 Pays traversés : 8
🏛 Capitales visitées : 6
🌲 Bivouac (et shelters) : 68 nuits
⛺️ Camping (tente et cabines) : 33 nuits
👥 Réseau Warmshowers : 17 nuits
🏨 Airbnb ou hôtel : 13 nuits
💛 Invités sur la route : 6 nuits
🚌 En transport nocturne : 3 nuits
🤛🏻 Compagnons de route : 20 🚴 + 1 🐶 + 1🐱
🚿 71 (vraies) douches et le reste en toilette de chat
🧺 Machines à laver : 17
🤏🏻 Nb de km mini dans une journée : 16,65 KM
💪🏻 Nb de km max dans une journée : 158,54 KM
🦕 Dénivelé max dans une journée : 2 100m de D+
🐥 Dénivelé mini dans une journée : 6m de D+
↗️ Côte la plus longue : 30 km Honningsvåg > Nordkapp
🔦 Tunnel le plus long : 6,870 KM (boss final avant le Nordkapp)
🏆 Moyenne de KM / jours de selle : 61,24
🏆 Moyenne de KM / jours de voyage : 52,31
🐇 Vitesse plus rapide : plus de de 62 km/h dans les descentes
🐢 Vitesse plus lente : 2,3 km/h dans les côtes les plus pentues
🌧 Nb de jours de pluie : beaucoup trop pour les compter !
🤕 Petits bobos : 2 tenditines rotulaires 🙋🏻♀️ + 1 bronchite 🙋🏻♀️ + 2 dents cassées (merci N’Lou) 🙋🏻♀️
📌 Crevaisons : 1 🙋🏻♀️ (1 x carriole N’Lou) + 6 🙋🏻♂️ (3 x carriole Madjo et 3 x vélo)
🦴 85 kg de croquettes et 4 kg de pâtée transportés
🐕 24 et 25 kg (de muscles) respectifs + 17 kg de carriole chacun
➡️ Juqu’à 10 km courus par jour (en moyenne)
Le voyage offre toujours une grande variété de paysages à découvrir. Toutefois, le vélo nous permet d’en profiter davantage. Des montagnes aux fjords en passant par les vastes plaines de Scandinavie, nous en avons pris plein les yeux avec des panoramas grandioses. Pour autant, c’est la Norvège qui a fait chavirer nos cœurs ! Là-bas, nous nous sentions si petits face aux immensités qui nous entouraient. Chaque virage agrandissait le puzzle et nous ne savions plus où donner de la tête. Je n’ai aucune idée du nombre de « waou » ou « regarde » que nous avons pu prononcer, mais ils se comptent par centaines sur ces mois de voyage !
Aussi, nous avons eu la chance (mais nous l’avions choisi aussi) de profiter du soleil de minuit en Norvège ! C’était une sensation à la fois étrange mais tellement satisfaisante… Étrange car entendre les oiseaux chanter toute la nuit, ça déboussole au début. J’avais peur de ne pas trouver le sommeil avec la lumière continue et surtout que les chiens s’épuisent à veiller toute la nuit tout le jour alors que nous dormions sans tente donc sans noir artificiel. Que dalle ! Sous la tente, nous étions tous exténués et s’il nous arrivait de nous réveiller en pleine nuit avec Damien, c’était pour glisser une tête à l’extérieur et en prendre plein les yeux de ces lumières magnifiques ! Mention spéciale pour l’aurore boréale découverte à 03 heures du matin en Finlande !
Enfin, le droit d’accès à la nature commun aux pays du Nord nous a permis de profiter de superbes lieux de bivouac. À aucun moment nous n’avons eu à nous soucier de trouver un hébergement alors que nous naviguions au Danemark, en Suède ou encore en Norvège. Nous pouvions, en effet, librement monter notre campement en respectant quelques règles simples :
Autant dire qu’il s’agit de règles de base… Et que le respect de ces dernières permet à tous (randonneur, voyageur ou cyclotouriste) de profiter pleinement de ce que la nature a à offrir. Et ce même jusqu’à la cueillette de baies sauvages trouvées sur notre passage. Nous n’oublierons pas le goût des fraises des bois et des myrtilles qui ont régalé nos papilles !
Nous ne nous étions même pas posé la question de savoir si nous rencontrions du monde sur notre chemin à vrai dire. Dans nos têtes, nous allions vivre cette aventure pleinement et à 100%, mais uniquement tous les quatre… Et je suis ravie de dire que nous nous sommes bien plantés ! Comme dirait Didine, notre amie lavalloise « la vie est faite de rencontres, merci la vie » ! Car cette dernière nous a bel et bien surpris en nous mettant (presque) sous les roues, de véritables copains d’aventures !
Le hasard de ces rencontres a bien fait les choses et s’est souvent joué de peu : une nuit supplémentaire dans un Warmshower, une erreur d’aiguillage qui nous fait prendre le mauvais bateau ou encore nos routes qui se croisent (enfin) ! Toutes ces personnes ont rendu le voyage plus beau par des galères essuyées à plusieurs, des rires aux éclats, des spots bivouac « pépitos » partagés ou encore des kilomètres pédalés à plusieurs.
Alors merci à vous tous pour les tranches de vie vécues à vos côtés ! Une chose est sûre : nous ne vous oublierons pas nos chers compères de Norvège ou d’ailleurs… Français, belges, allemands, espagnols, néérlandais : il y en a du monde pour graver de beaux souvenirs !
Nous avons été bluffés l’accueil chaleureux que nous ont réservé les locaux sur notre route. De base, nous étions plutôt réticents à l’idée de nous inviter chez des particuliers (Warmshowers, groupes Facebook, porte-à-porte), et ç’aurait été bien dommage de passer à côté de ces belles rencontres. En effet, nous craignions alors de nous répéter quant aux prémices de notre aventure et surtout d’être trop fatigués en soirée. Il n’en fut rien ! Tous ont été aux petits soins pour nous et nous avons apprécié chaque rencontre.
Certes, nous avons eu des atomes plus crochus avec certains de par nos expériences respectives… Nous ne mentirons pas en disant cela. Grâce à notre passion commune du voyage à vélo, nous avons laissé tomber les masques. Ces inconnus nous ont ouvert leur maison, offert un bout de terrain pour la tente, proposé une douche chaude, cuisiné un repas…
La plupart d’entre eux (mais pas tous…) avaient déjà voyagé à vélo. Ils étaient de tous âges et de tous horizons : du médecin conférencier à travers le monde au barman, en passant par le chef d’entreprise, la gynécologue et l’instituteur. Pourtant, nous n’avons jamais eu à prendre de pincettes comme nous aurions pu le faire, dictés par les codes de la sociét, dans la « vraie vie ». C’est ce qui nous a plus : être sur la même longueur d’ondes. Nous avons ainsi été portés par la magie des rencontres et des échanges bienveillants. Encore une fois, pour ça, merci la vie !
Ce n’est pas le sentiment sur lequel il est facile de mettre des mots… Ce qu’on entend par là, c’est qu’on a apprécié l’effort enduré la journée pour, le soir venu, mériter notre bivouac et notre repas ! Nous avions alors la sensation d’avoir donné de notre personne pour évoluer à travers nos étapes et ce, tout au long de ce voyage qui nous a menés au Cap Nord.
Lors de nos précédentes aventures en van, nous ne faisions clairement pas les mêmes efforts. Certes, nous appuyons aussi sur des pédales, mais cela n’avait rien à voir. Les paysages découverts à vélo défilent d’une toute autre manière. En pédalant, on prend le temps de profiter pleinement de l’instant et de ce qui nous entoure. Certes, on en chie… C’est normal ! Mais en fin de journée, quand on regarde le chemin parcouru tous les quatre, on a ce sentiment de travail bien fait !
Ce qui nous arrive est aussi démultiplié… Les bons moments qui nous font exploser de joie, et les moments plus compliqués où nos nerfs lâchent… Je me souviens notamment de ce 04 juillet 2022, où le dénivelé ne nous avait pas épargnés, nous nous apprêtions à manger après avoir monté le camp. Malheureusement, nous avons été contraints à quitter précipitamment ce lieu de bivouac suite à une invasion de vaches un peu trop curieuses.
Entre les chiens excités comme des puces et le risque de se faire piétiner pendant la nuit, nos cerveaux n’ont pas tergiversé longtemps. La suite ? De la pluie qui nous a trempés jusqu’aux os et aucun spot bivouac à la ronde. Nous avons donc atterri dans un petit camping à 22 heures après 14 kilomètres (de plus) dans les guiboles. Dans le genre, nerfs qui lâchent, je (Marine) l’ai joué à la Justin Timberlake « Cry me a river… » !
Alors de la France au Cap Nord en van, c’est chouette et on aurait été contents… Mais je doute qu’il ait eu la même même saveur… On serait arrivés sur le « toit » de l’Europe, à ce fameux Cap Nord, et on aurait pris une photo comme ces milliers de touristes annuels… Et voilà tout !
En tant que cyclotouristes, nous bénéficions d’un fort capital sympathie auprès des personnes que nous croisons. En effet, à vélo le contact est grandement facilité avec les personnes que nous rencontrons… À vrai dire, c’est devant les supermarchés que nous avons été particulièrement interpellés. Le moment était propice pour nous aborder et en savoir plus sur notre grande aventure.
En France aussi, lors de notre périple sur la Vélodyssée, Damien avait été, à deux dois, accosté devant un supermarché. Une fois, on lui avait demandé s’il était à la rue depuis longtemps, et l’autre fois, un monsieur lui avait tendu 5 euros : « entre nous, il faut s’entraider »…
Lors de notre périple de la France au Cap Nord, les mentalités étaient différentes. Les gens sont curieux et aussi agréablement surpris de voir des étrangers à vélo. Ça sort de l’ordinaire et contrairement aux touristes plus classiques, le voyageur à vélo est considéré comme plus respectueux, totalement décarboné et avec de belles valeurs. Les encouragements vont alors bon train et sont toujours très appréciés. Un sourire, un signe de la main, un coup de klaxon joyeux et nous voilà reboostés !
Concernant nos chiens, ils forcent le respect… Surtout quand les locaux découvrent avec stupeur que nos vélos ne sont pas électriques ! Autant dire que notre convoi ne passe pas inaperçu et quand nous sommes à l’arrêt, les caresses vont bon train et nous remarquons rapidement le regard attendrissant des personnes qui nous entourent. Après tout, ne dit-on pas « qui aime les bêtes, aime les gens » ?
On peut dire que la météo ne nous aura pas épargnés, et ce, dès le premier jour ! En effet, alors que nous remplissions nos gourdes et notre vache à eau en vue d’un bivouac, nous avons été surpris par une énorme averse ! Nous avons alors été contraints de nous réfugier dans un camping à Domfront, que nous connaissions pour y avoir déjà séjourné ! Sur place, les propriétaires nous ont permis de dormir dans une grange où nous avons passé la nuit au sec…
À partir de là, nous avons enchaîné plusieurs journées de pluie. Au troisième jour, Damien, notre premier hôte Warmshowers, nous a accueillis en catastrophe dans son appartement à Caen. Cycliste lui aussi, il n’a pas hésité une seconde à faire de la place chez lui pour ces humains et ces chiens dégoulinants… Nous avions, tous les quatre, besoin d’un bon passage à l’essoreuse !
En ce début de voyage, on peut dire que cette journée s’était faite 100 % au mental ! Nous roulions tête baissée, les visages ruisselants de l’eau de pluie qui gouttait de nos casques et avancions petit à petit. Chaque kilomètre était une victoire. À midi, nous étions trempés jusqu’aux os, et ce, malgré nos kways. C’est à ce moment précis que nous nous sommes trouvés bien bêtes d’avoir voulu gagner quelques grammes en n’emportant pas de pantalons de pluie… Car ce fut quelques jours plus tard, l’achat le plus rentable du voyage !
Enfin, la Norvège nous a appris à nous endurcir… Là-haut, nous avons subi les caprices d’une pluie incessante pendant trois semaines. Pourtant, nous l’avons mieux vécu qu’à nos débuts… Nous avions l’avantage d’être mieux équipés et surtout plus forts mentalement (et physiquement) après, déjà, plusieurs mois sur les routes. Nous bornions tout en profitant des paysages grandioses que le pays avait à nous offrir. Puis, le soir venu, nous cherchions de quoi nous abriter pour cuisiner au sec et souffler un peu avant de nous glisser sous la tente. Dans le meilleur des cas, nous nous offrions un emplacement de camping pour profiter d’une bonne douche chaude !
Pour une seconde grande itinérance à vélo, nous n’avons pas choisi le plus simple ! Rallier la France au Cap Nord annonçait clairement « le début de la fin » d’un point de vue dénivelé. Pourtant, même si nous en avons clairement chié, je me dis que rien n’est insurmontable… Et qu’en effet, l’impossible devient possible !
Damien, maître en préparation de parcours, m’annonçait parfois le profil de l’étape qui nous attendait… C’est là que je m’en faisais toute une montagne ! « Whaaat ? Un col de 15 bornes… Tu m’as bien vue là ? » Pourtant, j’ai appris, au fur et à mesure de ce voyage, à relativiser. Peu importe le temps que nous passerions sur les pentes norvégiennes (car c’est là-bas qu’on a vécu nos plus forts pourcentages), nous les grimperions forcément, mais à notre rythme.
Nombre d’entre elles m’auraient conduite à faire demi-tour en France ou à pester que je n’y arriverais jamais. Mais ici, je n’avais pas vraiment d’alternative. Le Cap Nord se mérite et il était évident que nous aurions à souffrir pour l’atteindre. J’ai parfois vu mon compteur afficher moins de 3 km/h dans les côtes. Heureusement que nos vélos étaient stables et que les carrioles aidaient ! En prime, j’ai aussi bénéficié de quelques coups de pouce de Damien ou de nos amis belges pour le finish de certaines côtes endiablées… Mais je suis fière de voir qu’on a gravi nos montagnes en donnant de nos personnes pour atteindre notre objectif !
Parfois, nous nous sommes demandé si nous étions, au fond, de « bons maîtres » en embarquant nos deux chiens dans cette aventure sportive à travers l’Europe. Tout naturellement, nous nous disions qu’être 24/24h à nos côtés, les rendraient forcément heureux. Mais était-ce vrai tout le temps ?
En effet, nos chiens ont été contraints de s’adapter à notre rythme relativement soutenu, et ce, tous les jours : les réveils matinaux de Damien, l’attention constante de N’Lou cherchant à « rassembler sa meute », le besoin de repos de Madjo ou encore les pauses photos de Marine… Nous changions tous les jours de lieu et bien que cela soit synonyme de nouvelles odeurs et de nouvelles explorations, cela peut aussi, pour un chien, être source de stress. Les repas se faisaient souvent dans l’agitation du (dé)montage de camp et ils n’avaient pas toujours de lieu au calme, propice au repos…
Enfin, même si nous les laissons courir à nos côtés et que nous faisions des pauses régulières, certaines journées avaient aussi leurs limites… Nos semaines de pluie non-stop n’en sont qu’un exemple. « Séquestrés » dans leurs carrioles pour les protéger des orages ou lors des trajets sur des routes étroites entre montagnes et fjords, nous avons parfois oublié leurs besoins. Ils demandaient à se dépenser davantage. Et tandis que nous étions en plein effort, leurs pleurs à l’arrière du peloton, n’exprimaient que leur mal-être.
Ce sont des éléments essentiels à prendre en compte lors d’un voyage à vélo avec un (ou des) chien(s)… Même si au fond, les laisser derrière nous (à la maison ou en pension, j’entends) aurait probablement été, pour nous tous, moins supportable comme solution ! À nos moteurs que sont N’Lou et Madjo : MERCI !
« Tout seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin » !
Avant le départ, nous n’avions jamais envisagé de ne pas arriver à destination. Le projet était monté et notre défi avait été mis en branle avec l’annonce à nos proches. Pourtant, nous n’étions pas à l’abri de la blessure et c’est clairement quelque chose que nous avions occulté… Alors que mes genoux m’ont tiraillé dès le second jour, j’ai vu un véritable « clap de fin » nous stopper net dans notre lancée, ou du moins ME stopper net dans la mienne.
J’ai tenu cinq jours et la raison a pris le dessus sous l’injonction de Damien. Celui-ci m’a poussé à prendre RDV chez le médecin, sans quoi il avertirait ma grand-mère qui n’accepterait pas de me savoir mal en point et ne me lâcherait pas. Le verdict est rapidement tombé : je souffrais d’une tendinite rotulienne aux deux genoux : arrêt du sport, séances de kiné et fin du voyage. Le docteur n’y est pas allé par quatre chemins.
L’information est on ne peut plus claire, mais mon cerveau ne veut pas l’assimiler. C’est impossible ! Je ne peux pas m’arrêter maintenant. Non pas que nous soyons « près du but » mais je n’ai tout simplement pas vécu ce voyage comme je l’entendais. Je me laisse du temps : on contacte les copains, je réserve un billet de train et j’attends Damien et Madjo un peu plus loin en allant chez le kiné.
Après de douloureuses séances d’ondes de choc, des étirements quotidiens, une meilleure alimentation, des cataplasmes, des litres d’eau engloutis, des straps et un réglage de selle… C’est en pleine conscience que je repars sur mon vélo pour l’essai de la dernière chance. Finalement strappée jusqu’au bout du voyage, je n’ai rien lâché. Comme dirait mon grand-père « quand tu as une idée dans la tête, tu ne l’as pas ailleurs toi ! ». Et je suis ravie de voir que ma ténacité a payé !
Notre rythme de croisière, relativement lent, nous a parfois posé question pour notre sécurité sur la route. Pour autant, nous avons rapidement compris comment fonctionnaient les Scandinaves. À l’inverse des Français, ils n’étaient pas pressés !
En effet, nous avons parfois été surpris (voire gênés) de voir une file de voitures se créer derrière sans qu’aucun coup de klaxon ne soit donné. On avait la pression certes, mais la sécurité primait avant tout pour eux. Les seuls camping-cars ou voitures qui nous ont doublés en étant « limite » étaient des véhicules de touristes… Et ce, notamment sur les Lofoten où ces derniers étaient en nombre !
C’est à compter de moment-là, que nous avons décidé d’investir dans des gilets de sécurité jaune fluo. Sur le vélo, pas de mode qui tienne, la sécurité l’emporte quoi qu’il arrive. Nous souhaitions être visibles notamment lors des fréquents passages de tunnels en Norvège. D’ailleurs, nous avons été agréablement surpris de trouver des « boutons-poussoir » destinés aux cyclistes à l’entrée de certains tunnels pour informer les automobilistes de notre présence. Une fois activés, ils clignotaient pendant plusieurs minutes pour inciter les véhicules à ralentir.
L’achat des gilets jaunes a été un point rassurant pour nous. Nous les avons portés chaque jour jusqu’à notre arrivée au Cap Nord (où nous n’avons même pas pensé à les enlever pour la photo finish). En alternative, il existe aussi des bretelles réfléchissantes à enfiler par-dessus sa tenue, un plus près du corps ! Damien s’en est vu offrir une paire pour son anniversaire en vue de la saison hivernale !
En somme, tous ces points font, que nous avons dû constamment nous adapter ! À chaque peine ou problème, venait sa solution et petit à petit, nous savions exactement comment agir face à une difficulté.
Même si nous nous considérions comme adaptables avant cette aventure, nous avons clairement développé encore plus notre capacité à nous fondre dans de nouveaux environnements. Avec un équipement minimaliste et loin de chez nous, nous avons toujours continué d’avancer. Nous avons parfois hésité, mais jamais reculé, et pourtant rien n’était gagné…
À nouveau, c’est tous ensemble que nous avons su nous approprier cette aventure Cap Nord et la rendre si belle !
Nous avons pu utiliser différentes ressources pour nous loger ou dormir au cours du voyage, les voici :
Nous nous sommes beaucoup essayé à ce niveau. Jusqu’au jour où on s’est tapé un détour de 46 bornes. En soi, ça va car ça n’est arrivé qu’en Norvège (le jour 75 de pédalage plus précisément, donc tard dans le voyage)… Mais ça va beaucoup moins car c’était très dénivelé (950 m D+). Ce jour-là, nous avons voulu faire confiance à nos GPS de base (Google Maps et maps.me) et nous avons été stoppés net dans une impasse de montagne, face à un sentier de randonnée.
A ce moment-là, nous sommes définitivement passés sur l’application Komoot ! Et ce bon plan, nous le devons à Mathilde qui nous a filé ses codes quand nous étions dans cette mauvaise passe (ouais c’est pire que Canal+, pourtant l’abonnement n’est pas si cher : 29,99 euros pour le pack monde).
Du coup, on conseille vivement cette app pour sa précision sur les étapes : kilomètres, état des routes (sentier, route goudronnée, piste cyclable,…) et surtout le dénivelé !
Une dernière information fort utile pour les cyclos se rendant au Cap Nord, c’est le site anglais cycletourer qui permet de ne pas faire fausse route ! En effet, les tunnels sont tellement nombreux en Norvège qu’on se demande parfois s’il est bien possible de les emprunter en tant que cycles. Nous avions donc pour habitude de checker régulièrement ce site en planifiant notre route notamment dans le nord du pays !
Faire le trajet de la France au Cap Nord à vélo était pour nous un beau défi… Pour autant, une fois parvenus au terme de notre périple, nous avons dû faire face à un tout autre challenge : trouver une solution pour revenir dans l’hexagone !
Au début du périple, le retour était le cadet de nos soucis. Nous avons découvert notre grande capacité d’adaptation au fur et à mesure des mois et nous savions, qu’au moment venu, nous trouverions LA solution. Et ce moment est en fait arrivé bien plus rapidement que prévu. Lors d’une journée pluvieuse, enfermés dans un petit abri en bois, nous avons étudié toutes les éventualités…
Pour repartir du Cap Nord, il n’y avait pas 20 000 possibilités. En effet, ce point le plus septentrional d’Europe est vraisemblablement desservi par les corbeaux…
À l’exception de quelques bus, dont ceux d’une ligne de bus finlandaise (Eskelisen Lapin-Linjat) qui y opère jusque début août. C’est donc sur celle-ci que nous avons tout misé pour redescendre vers la Finlande (ligne directe Nordkapp – Oulu qui devient, en hiver, Karasjoc – Oulu). Sur la période froide, il est alors possible de prendre un bus norvégien (Reisnordland) entre le Nordkapp et Karasjoc.
J’avais sollicité le service client de la compagnie finlandaise, par e-mail, pour obtenir des informations et ils se sont avérés adorables et super réactifs. Un vrai plus pour les voyageurs que nous sommes. En prime, nous pouvions changer gratuitement nos dates de voyage au besoin.
Nos amis espagnols, ont également quitté le Cap Nord en bus pour rejoindre l’aéroport d’Alta (avec un changement à Honningsvåg) via la compagnie norvégienne.
Nous avons étudié différents itinéraires en Norvège et en Suède. Toutefois, voyager avec deux chiens et deux vélos (sans même parler des carrioles) avait toujours ses limites. En effet, soit le vélo devait être démonté et mis en carton (on se voyait mal opter pour cette solution avec tout notre attirail), soit les chiens étaient tout bonnement interdits dans les trains.
Ainsi, la Finlande nous permettait de voyager plus librement avec l’ensemble de notre meute et sans démontage de vélo. C’est pourquoi, nous avons finalement opté pour un combiné bus et train entre le Nordkapp et Rovaniemi (bus) puis entre Rovaniemi et Helsinki (train de nuit). Les prix étaient ainsi relativement abordables.
Après avoir pédalé 6 684 kilomètres et passé 144 jours loin de chez nous, nous n’envisagions pas la solution de retour express en quelques heures. Sans parler de convictions écologiques (car nous ne nous empêchons pas de reprendre l’avion dans le futur), nous ne voulions tout simplement pas ré-atterrir si rapidement…
En prime, nous avions aussi deux problèmes de taille : l’absence de cages de transport pour nos chiens et le fait que Madjo n’ait pas du tout été préparée à voyager dans les airs… Trouver des cages au Cap Nord : zéro chance ! Et en racheter alors que nous en avons déjà deux à la maison : inutile. L’avion n’était donc clairement pas une option pour nous tous.
Nous avions aussi envisagé de faire rapatrier notre matériel vélo par transporteur avec des contacts pris sur un groupe Facebook. Toutefois, le tarif proposé entre Oslo et Paris n’était pas super compétitif (hors-format oblige), notre contact peu réactif et il nous fallait envisager l’approche Nordkapp – Oslo puis le finish Paris – Laval. En bref, une solution rapidement mise de côté.
On aurait aussi pu tout redescendre à vélo, mais là, c’est une question de temps et de budget qui nous en a empêché. Nous nous étions donné 6 mois au total pour atteindre notre objectif et rentrer à la maison. La tirelire n’était, en prime pas extensible, et nous avions en tête d’être de retour pour fin septembre 2023 au plus tard.
Pas mal de voyageurs repartent depuis le Cap Nord (enfin plus précisément depuis Honingsvåg) via l’Hurtigruten. Il s’agit là d’un immense bateau de croisière qui fait des sauts de puce tout le long de la côte norvégienne. Il est ainsi possible, en quelques jours, de rallier Bergen. Pour les connaisseurs, on l’appelle aussi l’EHPAD flottant. Nous nous sommes renseignés, mais les prix étaient assez conséquents et surtout… Ils n’avaient plus de cabines pet-friendly à nous proposer dans les dates qui nous convenaient.
Clairement, hors budget ! On s’est renseignés aussi et ça tablait sur plusieurs milliers d’euros… Et ce, rien que pour traverser la Norvège en aller simple…
Nous n’avons pas du tout pensé à ce point, mais il faut savoir que d’autres cyclos (Ewen et Youn) sont passés par cette option ! Ils ont ainsi acheté un van en Suède (sur l’équivalent du bon coin suédois) et ont entamé toutes les démarches administratives pour ramener celui-ci en France, facilitant de ce fait, leur retour par la même occasion !
Simplement pour dire que l’impossible devient possible. On a toujours le choix et toujours des solutions, même si certaines semblent plus loufoques que d’autres !
Nous avons aussi étudié la solution suivante : que l’un de nous prenne l’avion jusqu’à la maison et revienne avec notre van quelque part en Europe. C’était ce que nous avions retenu comme solution jusqu’à ce qu’on lance une bouteille à la mer dans un groupe de discussion avec les copains : « si y’en a un qui est chaud pour venir nous chercher avec notre van en Suède, on offre du all-inclusive ! ».
Et notre pote Mika, dans un élan de bonté a saisi notre perche pour dire « en Allemagne, pourquoi pas si vous voulez » ! Au début, c’était sur le ton de la blague, mais lui l’a pris au sérieux et finalement, cette proposition a été la meilleure qui s’offrait à nous… Nous nous sommes fixé un rendez-vous du côté de Hambourg et nous n’avions plus qu’à nous organiser pour arriver au lieu défini en temps et en heure !
Nordkapp – Rovaniemi (bus) : 297,60 euros (138,80 euros / adulte et 10 euros / vélo). Pas de frais supplémentaires pour les chiens ni les carrioles.
Rovaniemi – Helsinki (train) : 231 euros (1 cabine pour 2 personnes avec chiens acceptés et un supplément de 20 euros pour enfermer nos sacoches et nos carrioles dans un compartiment spécial et sécurisé.
Helsinki – Stockholm (ferry) : 179 euros (119 euros pour la cabine pet-friendly, 20 euros pour les deux vélos, 32 euros pour les deux chiens et 8 euros de surcharges carburant).
Stockholm – Trelleborg (vélo) : 0 euro (si ce ne sont les frais de nourriture induits, mais où que nous soyons, nous nous serions nourris) pour quatorze journées de pédalage. Mais surtout, nous avons partagé ce retour avec Marion et Gauthier sur le ton du défi « ça vous dit de traverser la Suède avec nous sur le retour ». Réponse « oui » sans équivoque ! Plus on est de fous, plus on rit…
Trelleborg – Rostock (ferry) : 39 euros (16 euros / adulte, chiens gratuits, le reste, ce sont des charges diverses qui ont été appliquées sur notre voyage).
Rostock – Wismar (vélo) : 0 euro (si ce ne sont les frais de nourriture induits, mais où que nous soyons, nous nous serions nourris) pour une journée de pédalage.
Wismar – Laval (van) : 363,20 euros (320 euros d’essence et 43,20 euros de péage). Et accessoirement un cadeau fait à notre copain qui a fait la route aller-retour avec nous pour venir nous chercher au fin fond de l’Allemagne.
Encore un immense merci à toi Mika ! Tu nous as enlevé une belle épine du pied pour la fin de ce voyage, qui s’est ainsi terminé sur les chapeaux de roue ! Car c’est ce même Mika qui nous a accompagné sur les premiers kilomètres à vélo le jour de notre départ. Les copains, ça n’a pas de prix…
Soit 901,80 euros au total étalés sur 20 jours !
Nous l’avons, tous les deux, vécu très différemment. À son retour, Damien s’est mis en tête de retrouver du travail dès que possible. Et c’est là, qu’une opportunité s’est offerte à lui bien plus vite qu’il n’aurait pu l’imaginer : après 4 jours seulement, il passait un entretien et obtenait le poste avec un démarrage dans la foulée.
Pour moi, Marine, remettre le pied dans mon quotidien professionnel m’a demandé plus de temps. J’avais besoin de digérer ce voyage et de garder encore un peu de mes étoiles dans les yeux. Je me suis donc octroyé du sursis en opérant à mon compte et en gardant du temps libre avant de reprendre mes activités. J’ai finalement ré-embrayé quelques mois en tant qu’auto-entrepreneuse puis plus tard sur un job salarié. Le contact humain me manquait et le moins que l’on puisse dire, c’est que j’ai été servie avec celui-ci !
Au-delà du côté professionnel auquel n’avons pas pu nous soustraire bien longtemps (la retraite, tout ça tout ça), cette aventure a été très formatrice. C’est à la première personne cependant que je parlerai pour clôturer ce bilan.
En effet, ce voyage m’a profondément bouleversée et apaisée à la fois… Il m’a appris à être davantage tolérante vis-à-vis des autres, mais aussi à l’être davantage avec moi-même.
Je me sens aussi particulièrement reconnaissante des rencontres que la vie et/ou le hasard nous ont permis de faire au cours de notre périple. Nous avons ainsi croisé les bonnes personnes au bon moment : des hôtes, des cyclopotes, des voyageurs à la volée, mais aussi des têtes de c**s qui nous ont poussé à continuer de plus belle notre voyage et à nous dépasser pour atteindre notre objectif.
Même si nos proches n’ont pas tous compris ce BESOIN que nous avions de nous évader… Nos aventures ne sont pas une lubie, mais bel et bien un besoin ancré au plus profond de nos âmes et de nos êtres. Alors, s’il-vous-plaît, ne nous demandez plus ce qu’il en est de nos tafs ou de nos projets de famille, n’essayez pas de nous faire entrer dans des cases qui nous rebutent actuellement… Et surtout, ne mettez pas en cage les oiseaux épris de liberté que nous sommes.
Nous souhaitons continuer d’avancer sur ce chemin fait de belles rencontres, de moments hors du temps et de (micro) aventures. Car c’est ainsi, en électrons libres, que nous embrassons la vie et la croquons à pleines dents…
Cette aventure à vélo de la France au Cap Nord nous aura fait grandir ! À aucun moment, nous n’avons remis en cause l’objectif que nous nous étions fixé : atteindre tous les quatre, ce célèbre cap, situé à l’autre bout de l’Europe. Le défi mental et physique en valait la peine, non pas pour le globe en lui-même, mais pour tous les enseignements qu’il nous a apportés.
Nous recommandons cet itinéraire à tous aux cyclistes aguerris qui recherchent un défi unique et qui n’auront pas peur d’en prendre plein les yeux tout au long de leur long pèlerinage.
Et enfin, merci à vous, fidèles lecteurs ! Vous nous avez poussés à nous dépasser à travers vos encouragements quotidiens et vos gentils mots.
Je finis d’écrire ce dernier mot à une date très importante et symbolique : le 08 août 2023. Il y a un an exactement, nous étions si proches de notre but… Nous avons finalement bouclé notre dernière étape avec 158 kilomètres dans les guiboles après une journée épique tant pour la météo que pour le dénivelé. L’émotion à l’arrivée était intense, mais pour autant sans larmes, mêlant fierté et accomplissement d’un beau rêve qui devenait réalité…
7 Comments
Bravo pour ce très joli article, c’est si bien raconté et les photos sont vraiment très belles ! il n’a pas dû être simple de choisir !
Magnifique ! J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce bilan. J’aime la sincérité qui s’en dégage ! Merci !
Ah ce Cap Nord, il nous fait à chacune beaucoup d’effet !
Un beau récapitulatif, après avoir suivi ce périple jours après jours….. bisous à tous les deux et encore bravo 🍾🎈🎉.
Bonjour à vous,
Je viens de découvrir votre blog et le récit de votre périple pour le Cap nord, merci du partage et bravo pour la qualité de vos témoignages !
Famille de 5, nous souhaitons rallier le Cap nord cet été à vélo bien entendu.
Je suis donc à la recherche de retour d’expérience, matériel, itinéraire (…), avez des disponibilités pour échanger en visio ou par téléphone dans les jours à venir ? Si plus simple pour vous, nous ferons cela par mail.
Au plaisir de vous lire,
Ludovic
Bonjour Ludovic,
Nous pouvons échanger avec plaisir et se trouver un moment de vive voix. Par contre nous n’avons aucun mail pour vous réécrire en privé, envoyez nous un petit mot sur piedsetpatteslies@gmail.Com et on se cale un moment pour s’appeler 😉
Marine
bonjour, bravo pour cette belle expédition. Depuis un moment , je cogite sur ce voyage. Merci pour tous les bons tuyaux glissés au fil de l’eau. J’en ai pris note. Alain
Bonjour et bravo pour ce blog tres complet .c est une aide tres precieuse pour l organisation de cette expedition velo . une question concernant le bien etre des chiens et le fait d etre enfermes plusieurs heures par jour sur une si longue periode dans un un espace restreint : comment l avez vous apprehendé ? duree progressive d adaptation ?comment ont ils siupporté ce periple ?est ce adapte a toutes les races ?