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En préparation d’un triathlon XXL à venir début juillet, Damien s’est mis en tête de s’engager sur l’Alpsman Half pour s’assurer que tous les voyants étaient au vert ! C’est donc sur un week-end que nous avons traversé la France pour rejoindre le Lac d’Annecy où se déroule cette compétition. Je suis ravie de me rendre, une nouvelle fois, à Saint-Jorioz, car je n’ai aucun doute sur la beauté de l’épreuve. Cette fois-ci, il ne s’attaque pas à la version Xtrem, déjà réalisée en septembre 2021 (date décalée, Covid oblige) mais à sa petite sœur !
Nous allons donc pouvoir le suivre et le supporter (ce n’est pas une mince affaire), la journée durant. Au programme : 2 km de nage, 100 km de vélo et enfin une ascension du Semnoz sur 16 km avec un beau dénivelé à la clé. Ça vous donne envie ? Il faudra se presser pour les inscriptions, car malgré 700 athlètes déjà en lisse, près de 400 n’ont pas eu la chance de concourir et sont restés sur liste d’attente ! Les places se sont écoulées en moins de 9 heures : l’Alpsman Half se mérite donc dès l’inscription…
Mais avant de prendre le départ, nous rejoignons les copains savoyards (Marjorie, Michaël, Mélina, Noah, Enzo, Québec et Swan) sur Chambéry pour nos retrouvailles annuelles ! C’est donc à 7 humains et 4 chiens que nous profitons d’un peu de temps à leurs côtés ! Dès demain, Mika, qui a cédé son dossard de l’Alpsman Half à Damien, nous accompagnera pour le retrait de celui-ci ! En attendant, on respire profondément l’air de la montagne qui nous fait un bien fou !
Le réveil programmé à 06h00 nous sort de nos derniers songes. Après une nuit dans le van, à proximité de l’esplanade de Saint-Jorioz, je suis surprise d’avoir si bien dormi. En effet, nous n’avons même pas été réveillés par le départ de la course Xtrem qui a eu lieu 30 minutes plus tôt. Pourtant, pour l’avoir vécu un an plus tôt, c’est une véritable fourmilière qui s’éveille de bon matin. Même si les athlètes sont silencieux et déjà dans leur bulle, nous aurions au moins pu ressentir l’agitation des spectateurs ou encore la corne de brume… Quand même, la corne de brume qui donne le départ natation au milieu de l’eau… Celle qui nous avait dressé les poils en imaginant les gars s’élancer dans le noir en septembre 2021. Mais non, a priori, on a eu un sommeil bien profond tous les quatre.
Damien se lève et machinalement, reprend ses habitudes pour ce premier triathlon de la saison ! Mais avant que je n’aie fini de m’habiller, je l’entends déjà, excité comme un gosse, à l’extérieur : au bout du ponton du port de Saint-Jorioz, on aperçoit les premiers nageurs de la course XXL ! Les gestes sont beaux et bien rodés… Les premiers triathlètes fendent l’eau dans un silence de plomb. Avec les montagnes en arrière-plan, le cadre est juste sublime !
Bon, ce n’est pas tout : place au petit-déjeuner ! Il va falloir que Damien prenne des forces et nous aussi. Car avec N’Lou et Madjo, nous serons aujourd’hui sa team de supporters sur l’Alpsman Half ! Je dégourdis les pattes de nos fauves avant de rejoindre mon champion et d’avaler à mon tour quelques tranches de brioche. Me connaissant, je vais être tellement à fond dans la course que je ne réaliserai qu’à son arrivée que je n’ai rien mangé de la journée (bingo… c’est exactement ce qu’il s’est passé).
Pour notre athlète, le café accompagné d’un muesli banane/petit-suisse et chocolat feront parfaitement le job ! Il a quand même la capacité de m’étonner chaque fois sur l’alimentation… Il innove et par chance ça lui réussit plutôt bien. Cette fois, à défaut d’avocats mûrs, il a fallu trouver un petit-déj de compète alternatif.
Il y a 4 ans, il m’avait quand même demandé de lui faire une quiche (ma recette tient bien au corps) et en avait même embarqué sur le vélo dans ses poches de maillot pour l’Embrunman 2019… À chaque course, j’appréhende donc ses nouvelles lubies dorénavant ! Vous me direz, c’est toujours mieux que les sticks de polenta embarqués par un copain (oui oui, ils se surpassent nos gars en termes d’alimentation) !
Allez, place à la course de l’Alpsman Half à présent que les estomacs sont remplis !
Comme bon nombre d’athlètes (enfin surtout Damien), il nous faut à présent nous diriger vers le parc à vélos. Avant cela, nous prenons soin de déposer notre van sur le parking principal de la course afin que je puisse rapidement le récupérer pour suivre les athlètes. En effet, j’ai pour idée de sillonner le beau massif des Bauges durant la partie vélo et course à pied afin de donner de la voix pour nos champions. Car comme le disait Damien dans son compte-rendu de course, il s’élancera également avec Antoine du Laval Triathlon Club sur cette course.
Dernier check-up du matos pour s’assurer de n’avoir rien oublié et nous suivons le flux d’athlètes. Il est 07h15 quand nous arrivons dans la queue du parc à vélos de l’Alpsman Half. Les bénévoles sont déjà sur le pied de guerre, et les arbitres aussi ! Tout est minutieusement checké avant de laisser passer ces hommes et ces femmes qui vont disputer une chouette épreuve. Nous retrouvons alors Justine et Antoine aux abords de la plage où le départ sera donné à 08h30. On est larges !
À côté de cela, mes oreilles et mes yeux sont attirés par la partie natation de l’Xtrem Triathlon qui se déroule non loin de là. Les « derniers » sont en train d’atteindre la berge et la barrière horaire va bientôt retentir. En effet, élancés depuis 05h30 au milieu du lac d’Annecy, ils se doivent de boucler leurs 3,8 km de nage en moins de 2 heures.
Rien que d’y repenser, j’ai des frissons… Le décompte des deux heures est bientôt écoulé, mais il reste un candidat dans l’eau… Les mouvements de bras ne sont plus très fluides et il est dans le mal, normal me direz-vous. Je sens l’émotion envahir ma gorge et j’espère qu’il va arriver dans les temps. Ça y est, ce sont les yeux qui piquent à présent… L’organisateur finit par solliciter le public « est-ce qu’on le laisse passer malgré tout ? » ! Les spectateurs hurlent et acclament ce dernier athlète qui donne tout pour finir sa course… Il n’est pas au bout de ses peines, mais il a le mérite d’avoir fini la première partie de course en obtenant ce mini sursis.
L’émotion est palpable, je nous revois dans l’attente un an plus tôt. Je retrouve les émotions et les sensations que j’aime tant : celles de spectatrice ! La trêve hivernale est finie… Je le confirme, la journée va être intense !
Début mars, quand Damien s’est élancé sur le duathlon d’Argentré, il a omis un détail… Sa puce électronique était restée bien au chaud dans son sac de transition. Depuis, vous vous imaginez bien que c’est le premier truc que je vérifie et cette fois-ci elle était bien vissée à son pied gauche (je le soupçonne même d’avoir dormi avec).
Au pied gauche, non pas par superstition, mais pour qu’elle ne se prenne pas dans la chaîne du vélo notamment ! La puce est garante des temps de passage de chaque athlète aux différents checkpoints de la course tant pour le classement que pour leur sécurité… Alors il ne s’agirait pas de concourir sans (en plus, c’est 50 balles si elle n’est pas restituée… 🤪) !
C’est donc sereine que je le laisse sur la ligne du départ ! Je m’éloigne vers le ponton de la plage afin d’observer le départ et essayer de capter de beaux clichés. Vu qu’il reste une vingtaine de minutes avant le début de course, je laisse les chiens gambader et nager un peu avant de les remettre en laisse.
C’est à ce moment précis que j’entends crier dans mon dos « Marine ! ». Antoine arrive vers moi en courant « tu n’as pas vu Justine ? Elle a ma puce dans son sac à dos ! ». Voilà le restant… Ce n’est pourtant pas sur lui que j’aurais parié pour cette boulette mais dans l’immédiat il s’agit de retrouver Justine au plus vite. Et elle ne répond pas à son téléphone. Par chance, le suspense est vite levé : je l’aperçois au loin et je m’égosille. Antoine récupère son dû après un petit coup de chaud… Le briefing peut enfin démarrer !
Les derniers triathlètes décidés à aller faire quelques mouvements dans le Lac d’Annecy rejoignent la rive et le briefing est donné. Les nageurs devront passer autour de plusieurs bouées, en les laissant sur leur droite avant de revenir vers la plage… Car oui, cette épreuve comporte une sortie à l’Australienne : 2 boucles d’un kilomètre et un petit tronçon de course sur la plage entre les deux, histoire de bien perdre ses repères en repassant de la position horizontale à verticale. De cette manière, ils n’iront pas trop loin au large et nous les garderons dans notre ligne de mire.
5… 4… 3… 2… 1… 0 ! N’Lou est fou et tente de s’engager lui aussi sur cette portionde natation. Je le retiens, car il ne manquerait plus qu’on ait un chien à récupérer dans le lac ! Le banc de sardines s’est élancé et c’est la bataille. J’imagine que plus d’un triathlète doit se prendre des coups sur la tête par ses concurrents tout aussi malheureux. Le raz-de-marée humain s’éloigne et nous attendons avec impatience les premiers nageurs qui mettront moins de 15 minutes à boucler le premier kilomètre (1’30 min / 100 mètres, autant dire que ça dépote) !
J’aperçois Antoine, mais il m’est impossible de voir Damien dans le flux de nageurs. J’ai repéré la marque de sa combinaison mais c’est une belle connerie ! C’est plutôt à son visage bien connu que j’aurais dû me fier : il m’aurait davantage sauté aux yeux que ces 693 combis noires qui me font loucher ! J’espère qu’il ne lui est rien arrivé, car on arrive au milieu du paquet humain et toujours pas de Damien. Même N’Lou n’a pas moufté… Quant à Madjo, elle dort (au milieu de toute cette agitation, normal) !
Par chance, Justine me retrouve et me confirme avoir aperçu Damien à la sortie de sa première boucle. Ouf. Il était un peu après Antoine (deux minutes en réalité d’après leurs puces respectives).
Après 30 minutes, voilà que les premiers sont de retour et ne lâchent rien. Ils se relèvent dans l’eau, reprennent leurs esprits et foncent vers l’arche qui symbolise la sortie de l’eau. Cette fois-ci, je me me concentre encore plus. Par chance, les athlètes commencent à se déshabiller dès la sortie de l’eau, il faut donc reconnaître des abdos parmi d’autres 😂 ! Je repère facilement Damien qui est déjà à moitié à poil au milieu du Lac… Dans ma tête, je me demande ce qu’il fout… Mais je me doute bien qu’il anticipe… Les garçons sortent respectivement en 22ème et 89ème positions et s’enfuient rapidement vers le parc à vélos.
Je n’ai plus qu’à attraper tout mon petit monde pour espérer retrouver Damien à sa sortie avec le vélo. Easy vu que Monsieur met plus de 6 minutes pour se changer… N’ayant pas souhaité mettre sa trifonction sous la combinaison pour éviter les maux de ventre comme lors de son édition de l’Alpsman Xtrem, il doit se changer à l’abri des regards (non par pudeur, mais règlement oblige…). C’est donc armé de son poncho qu’il passe en tenue de guerrier avant d’enfiler chaussures, casques, lunettes et porte-dossard avant d’enfourcher sa monture pour la partie vélo de l’Alpsman Half !
Alors qu’il passe devant moi, N’Lou et moi hurlons des encouragements avec des voix qui portent ! Pourquoi tout le monde nous regarde ? Puis nous nous précipitons vers le parking pour récupérer le van et filer à ses trousses. Mais là, problème ! Une voiture, dépourvue de sa conductrice, bloque la sortie du parking. Pendant ce temps, plusieurs voitures patientent à la file indienne, en attendant de quitter les lieux. Au volant de Picco, je fulmine. Je sors du van et demande à qui est la voiture… Une nana, pas très vive se manifeste avec la phrase suivante (à prononcer en mode 2 de tens’) : « bah, je ne vais pas écraser les vélos ».
Je lui fais signe de monter à bord et m’improvise agent de la circulation pour dégager le parking. Mon homme est sur le parcours et il est hors de question que je reste bloquée ici. Après avoir déblayé les voitures, je me fais guider à mon tour et m’élance vers les sommets des Bauges !
Au volant de notre bolide, plus rien ne peut nous arrêter… Me voilà noyée dans une masse de cyclistes qui déboulent au compte-goutte. Damien a au moins 10 minutes d’avance et j’espère pouvoir le récupérer dans le col de Leschaux que je connais à présent bien. Ceci pour l’avoir emprunté à plusieurs reprises en voiture et à vélo, notamment lors de l’Alpsman Xperience en 2021 !
Les souvenirs que j’avais de ce col sont intacts, mais avec un nombre impressionnant de triathlètes en compétition. Bien que le drafting soit interdit sur l’épreuve, les groupes sont relativement compacts et pas toujours simples à doubler. En prime, la circulation est ouverte dans les deux sens, donc cela s’avère compliqué d’utiliser la voie de gauche ! Et comme l’a répété l’organisation, sportifs et supporters se doivent d’être prudents et exemplaires vis à vis du code de la route… Cela n’empêchera cependant pas la première féminine du Xtrem Triathlon de se faire taper par une voiture, ou encore un cyclo de l’Alpsman Half de se prendre un cheval en balade sur la route… Oui, on a appris ça le lendemain !
Dans ce premier col, les vélos sont donc partout et je suis hyper prudente. À droite, à gauche, les coups de guidon sont nombreux et j’attends un signe de leur part pour dépasser… Je peux alors remercier et encourager ! Il faut dire que N’Lou une véritable coqueluche, côté passager, il passe la truffe hors du van en cherchant son barbu préféré… Autant dire qu’il est au taquet et crée quelques sourires sur les visages déjà tirés de plusieurs athlètes.
Ce n’est qu’aux abords de Saint-Eustache, dans le col de Leschaux que je retrouve (enfin) Damien. Nous l’encourageons comme il se doit et filons au sommet avant qu’il ne bascule sur l’autre versant. En quelques secondes à peine, il arrive déjà. Je n’ai que très peu de répit et je me remets immédiatement au volant. Je me fonds dans la masse du mieux que possible et poursuis ma route à défauts de bons spots pour m’arrêter. En plus, ce serait relou pour les athlètes de jouer au chat et à la souris en décuplant les stops.
Mais soudain, voilà un endroit qui me plaît bien… Une jolie route en lacets se profile et je vais pouvoir donner de la voix en me garant dans l’un des virages. Antoine arrive le premier « elle est longue celle-ci » mais il garde le smile et semble en forme ! Tandis que je l’encourage, son poursuivant, à la recherche d’encouragements lui aussi, me dit « Moi c’est Guillaume » ! J’y vais de mon petit mot pour chacun afin de leur donner du courage dans cette ascension !
Mes encouragements payent, mais je ne sais pas répondre à toutes les sollicitations : « Elle finit quand la montée ? » « Il est où le prochain ravito ? » « Ça bascule bientôt ? » « C’est Plainpalais ici ? ». Cette dernière question est sortie de la bouche de Damien, j’aurais bien aimé lui répondre, mais à ce moment-là, je n’en avais aucune idée… « Bah, regarde sur Google Maps » qu’il me dit… J’ai envie de répondre « De toute façon, tu na vas pas t’arrêter ici, alors grimpe… » mais je me fends d’un sourire et du célèbre « Allez mon Darling ! ».
Il faut dire aussi que je suis un peu déboussolée par ce nouveau parcours. En effet, ce n’est pas du tout celui que j’avais emprunté sur l’édition 2021. Suite à des plaintes de Baujus (habitants des Bauges) qui n’appréciaient pas la présence de la course dans leurs montagnes et aux travaux existants sur le parcours, l’organisation a dû revoir ses plans… C’est pourquoi celui-ci a pas mal évolué par rapport à notre dernière venue !
En parallèle des encouragements et de ma conduite honorable, je nourris aussi, du mieux que je peux, les conversations des supporters… Et j’ai surtout deux loustics à récupérer bientôt : Marion et Gauthier, nos cyclopotes du Cap Nord, doivent arriver sous peu à Saint-Jorioz et emprunter l’une des navettes pour me retrouver sur le parcours à Lescheraines. J’y arriverai bientôt donc le timing sera parfait… Mais le dernier message de Marion m’inquiète. En fait, le bus allait à Leschaux et ce n’est pas du tout au même endroit, mais à une quarantaine de kilomètres. C’est la loose. Je m’arrête dans la montée du Châtelard pour attendre les gars et improviser.
Mais là, j’entends un cycliste pester. La côte est raide, je le comprends et l’encourage, mais il crie plus fort « t’as pas un tournevis ? ». Euhhhh non… Panique à bord. Comment l’aider ? Non, définitivement, je n’ai pas ça. Puis les fils se touchent soudain et je lui crie de revenir. Mon couteau Leatherman fera le job !
Son câble de dérailleur l’a lâché et il doit trouver un moyen de le rafistoler. Avec l’aide d’un commissaire de course, de son motard et de mon humble tournevis, nous réussirons à le faire repartir… En voyant mon maillot du Laval Triathlon, il m’a quand même lancé : « Tu ne sais pas réparer ça toi par hasard ?! ». Non du tout ! En tout cas, Jean-Louis finit sa course de façon honorable puisqu’il finira l’Alpsman Half en 40ème position.
Avec tout ça, j’ai ni vu Damien, ni retrouvé les copains ! Je remonte en voiture et j’atteins bientôt Lescheraines où les supporters sont en liesse. N’aynt pas pris le temps d’anticiper la suite, je ne sais pas du tout quelle sont les prochains points de passage du parcours. Je prends contact avec Justine qui me dit être à Leschaux et j’avertis de suite mes deux compères pour qu’ils aillent à sa rencontre. En checkant le GPS je réalise alors que je suis moi-même à quelques kilomètres et décide alors de couper le parcours vélo pour retrouver le reste des supporters !
Les retrouvailles sont chaleureuses avec Marion et Gauthier ! Une belle rencontre au fin fond de la Norvège nous vaut aujourd’hui d’être réunis pour un triathlon ! Et au final, d’un point du vue organisation, on aurait difficilement pu faire mieux : après quelques minutes, Antoine déboule, suivi de près par Damien. Les garçons ont moins de 10 minutes d’écart sur le vélo ce qui nous permet de redoubler d’encouragements et d’être régulièrement réunis.
Nous remontons dans le van avec Marion, Gauthier et les chiens et descendons les derniers lacets pour boucler la trace vélo de 100 kilomètres. Avec le flux de voitures et la vitesse des cyclos en descente, nous comprenons que nous n’arriverons pas à temps pour choper Damien lors de sa transition. Nous anticipons donc le départ de la course à pied en trouvant un spot à l’ombre et dégourdir les chiens avant son arrivée. Antoine pose le vélo en 03h39 en 88ème position tandis que Damien s’octroie une 101ème place avec en 04h41 (soit 27,2 km/h).
À la différence de l’Alpsman Xtrem, le Half ne comporte pas de tournant. Par « tournant », j’entends cette fameuse cloche assortie d’une barrière horaire qui décide si tu peux prétendre à l’arrivée en haut du Semnoz (Top Finisher) ou si le marathon du XXL se terminera aux abords du lac de Saint-Jorioz (Lake finisher) ! Pour l’Alpsman Half, c’est cadeau : tous les coureurs doivent finir au sommet du Semnoz. La partie trail s’articule sur 16 kilomètres avec un dénivelé positif de 1300 mètres. C’est du costaud et les coureurs vont monter à flanc de montagne à travers de petits sentiers pour atteindre le Graal.
Voilà notre champion qui arrive ! Il vient nous saluer comme s’il était sur une promenade de santé et nous embrasse. Les copains auraient sans doute préféré l’accolade une fois douché ce soir, mais pas grave, sur le coup de l’émotion ça passe. Il ne s’attarde pas pour autant et repart au trot. L’idée est de courir au maximum avant que les pentes ne le contraignent à marcher…
Lors de notre dernière venue, j’avais identifié tous les points de passage course à pied en espérant voir Damien grimper au Semnoz sur son Xtrem Triathlon. Ce ne fut pas le cas, mais aujourd’hui, mes points d’intérêt nous ont bien aidés pour suivre les athlètes. Ayant partagé le plan à Justine, c’est donc sans surprise que nous la retrouvons sur le parcours, à l’approche du premier ravito. Les garçons sont, quant à eux, passés par des chemins parallèles, et ne devraient plus tarder à arriver !
Les voilà qui arrivent à proximité du premier ravitaillement du parcours. Déjà bien échauffés après les parties vélo et natation, ils s’adonnent à présent à la grimpette. La météo est toujours stable, mais la chaleur de l’après-midi pèse sur le moral de nos athlètes. Par chance, ils ne vont plus tarder à entrer dans les sous-bois et l’ombre devrait leur permettre de souffler un peu !
Nous les encourageons et celui qui y met le plus de cœur, c’est N’Lou, en témoigne la photo ci-dessous. Je mitraillais tellement que je ne l’ai découverte que lors de ma session de tri. Et la première chose qui m’est venu à l’esprit en la voyant, c’est l’extrait de l’un de mes films préférés (nos jours heureux) : « Et on se sort les doigts du cul (le barbu) » !
Plus tard, nous retrouvons les garçons plus haut, sur un autre point de passage. Antoine commence à souffrir de la chaleur tandis que Damien se plaint d’échauffements sous la plante des pieds. Malheureusement, pour l’un comme pour l’autre, nous n’avons pas de solution miracle sur l’instant ! Nous les encourageons et reprenons la voiture pour rejoindre le dernier ravitaillement… Situé 3 kilomètres avant le sommet !
Soudain, la pluie commence à tomber et l’orage gronde au loin. J’ai crainte que l’organisation ne coupe l’ascension qu’ils jugeraient dangereuse. Ce serait dur pour le moral des troupes, mais l’on a été prévenus ce matin. Un épisode orageux devait entrer en jeu entre 16 et 19 heures. On croise les doigts pour que l’épreuve se termine pour tous les sportifs grâce à une éclaircie.
Sur ce dernier ravitaillement, 3 kilomètres avant la fin, nous retrouvons une très bonne ambiance parmi les supporters, en nombre. Chacun encourage les athlètes à sa manière et nous échangeons sur les exploits des uns et des autres. Les héros du jour sont, quant à eux dans le dur, au vu de leurs visages plutôt fermés. Ils sont dans le passage le plus compliqué, le fameux tronçon « vertical » qui s’étend sur deux kilomètres. Nous nous connectons au live pour tracer nos deux warriors et savoir à quel moment ils arriveront à l’orée du bois.
Antoine ne tarde pas : il garde le smile et réagit à nos encouragements, mais il a froid. Les températures se sont beaucoup rafraîchies avec l’altitude. En prime, la pluie commence à tomber et n’aide en rien. Petit coup de boost grâce au ravito et aux encouragements et il faut déjà repartir vite pour ne pas perdre le rythme. La fin approche… Damien talonne Antoine, à une distance d’environ 5 minutes. Il est dans le dur aussi et ne veut pas s’arrêter. Il embarque une bouteille de Saint-Yorre et reprend sa course sans tarder.
Gauthier disait un peu plus tôt « y’a des mecs qui montent sans eau quoi ! ». Et ben voilà, tu as Damien devant toi qui a « zappé » sa flasque en quittant l’espace de transition. Au final, avec un ravito tous les 5 kilomètres, il s’est dit que ça passerait… À noter qu’un athlète lui a proposé de partager sa ration. Quand je parlais d’un super esprit sur les courses de l’Alpsman, je ne pense pas m’être trompée…
Quand on parvient, en voiture, sur la partie décharnée du Semnoz, on ne s’attend pas du tout à ce que l’on voit. L’arrivée n’est pas juste EN HAUT, mais vraiment TOUT EN HAUT du Semnoz ! Pour rejoindre l’arche, il va nous falloir crapahuter aussi et prendre un peu de dénivelé. À pied cette fois. Nous nous garons en bas de l’ultime « mine » de l’Alpsman Half et empruntons le même chemin que les athlètes… Sur cette partie, on se doit d’être attentifs et de nous écarter à chaque arrivée de coureur (ou plutôt marcheur devrais-je dire, à ce stade de l’aventure…).
Au loin, nous commençons à distinguer les couleurs de nos deux champions du jour : du orange et noir aux couleurs du Laval Triathlon et des manches jaunes pour le Tri Social Club ! Ils se rapprochent doucement, mais sûrement tandis que nous voyons arriver la 2ème et la 3ème féminines au coude-à-coude !
Finalement, la course s’achève pour nos champions. La ligne d’arrivée est franchie par Antoine après 02h22 de course à pied et 06h39 d’épreuve. Il s’offre une 70ème place sur 693 coureurs. Quant à Damien, c’est 6 minutes plus tard, qu’il franchit l’arche d’arrivée avec le poing tendu vers le ciel. Un doux message envoyé à un ami parti trop tôt, avec qui il partageait cette passion du triple effort. L’Alspman Half, c’est fini pour aujourd’hui avec une 86ème place de podium pour 06h45 de course, dont 02h19 de grimpette depuis Saint-Jorioz jusqu’au Semnoz.
Les gars sont à peine arrivés que l’on planifie déjà le réconfort… C’est là que nous réalisons, au sein de la Team Support, qu’il se fait faim… En effet, aucun de nous n’a mangé quoi que ce soit depuis ce matin ! Alors ce soir, nous irons dégommer des pizzas au Vieux Logis ! En attendant, nous laissons les garçons se détendre et profiter de leur post-course au sommet en profitant de l’ambiance à la fois paisible et animée qui y règne. En « bas », quand nous atteignons l’esplanade de Saint-Jorioz, l’émotion est palpable. Nous arrivons juste avant la clôture du tournant, cette fameuse cloche qui fait basculer l’épreuve…
La cloche sonne à n’en plus pouvoir et la foule acclame chaque sportif téméraire qui passe la barrière horaire. Tout comme ce matin, l’organisation laissera 2 sportifs passer sur le gong grâce à la voix donnée par les supporters. C’en est trop de cette journée : les larmes coulent sur mes joues en repensant aux images de septembre 2021 quand j’attendais Damien à cette même place. La journée aura été intense en émotion, en encouragements, mais aussi en retrouvailles.
Je crois bien que Saint-Jorioz va devenir notre pèlerinage annuel… Mais pour cela, il va falloir que Damien se remette en selle rapidement avec une bonne dose d’entraînements à la clé. Ça ne tient donc pas qu’à moi ! Ah oui, vous pouvez oublier l’idée que je ne m’élance, un jour, sur une telle distance : c’est HORS-DE-QUESTION ! Même si mon petit-frère m’a promis un resto le cas échéant… C’est pas cher payé !
Alors… On remet ça l’année prochaine mon darling ?!
Merci à Justine et à l’organisation dont les superbes photos agrémentent parfaitement ce récit de supporters de l’Alpsman Half ! 🤩
2 Comments
Super d’avoir les 2 côtés de la pièce et de la team pour décoder cet événement 🥰
Encore beaucoup d’efforts pour cette épopée et surtout beaucoup de courage pour les coureurs et les supporters. Bisous et à bientôt 👋 ❤️❤️❤️👍👍👍👍