Contenu de l'article
En ce samedi 03 juin 2023, le réveil me laisse perplexe avec une sensation de déjà vu. En effet, nous nous réveillons sur le petit parking du port de Saint-Jorioz, un an et demi à peine après mon expérience Alpsman de septembre 2021. Cette année, je remets le couvert, mais sous un tout autre format : je m’attaque en effet au Alpsman Half Triathlon ! Il s’agit donc cette fois-ci d’un format L alliant 2000 mètres de natation, 100 kilomètres de vélo et enfin 16 kilomètres de course à pied façon trail ! C’est exactement la moitié de ce que j’ai fait il y a deux ans. À la différence près, que cette fois, j’irai forcément en haut du Semnoz… Sauf si un orage s’en mêle. Affaire à suivre !
Il est donc 06h00 du matin quand nous ouvrons les portes du van. Par chance, après la micro-tempête d’hier soir, le soleil est à nouveau au rendez-vous. Et pour mon plus grand bonheur, en me tournant vers le port, j’aperçois les premiers nageurs du Xtrem Triathlon. Me voilà dans l’ambiance… Je me connecte sur le live en direct afin de suivre leur avancée tandis que je prépare mon petit-déjeuner. Pas de stress le mec… En effet, je prends cette course de l’Alpsman Half Triathlon comme un entraînement, en vue de mon plus gros objectif qui n’est autre que l’Altriman qui m’attend d’ici un gros mois.
Ce matin, j’innove un peu en termes de nutrition et je délaisse mon habituel avocat… Au profit d’un peu de muesli aux pépites de chocolat accompagné de deux petits-suisses, deux bananes écrasées et mon fidèle café. Pendant ce temps, Marine dégourdit les jambes de nos poilus car ils vont tous les trois passer une bonne partie de la journée à bord de notre van.
À 07h00, je suis fin prêt. Mon sac de transition est finalisé, mon vélo est identifié et mes tatouages sont faits ! Nous n’avons donc plus qu’à rejoindre le parc à vélos où nous attendent Justine et Antoine, un membre du club de tri de Laval. Sur place, je constate que le village départ est devenu une véritable fourmilière. Alors que les participants de l’Xtrem entament la partie cyclisme, le parc de l’Alpsman Half Triathlon est déjà bien rempli.
Je revois mes basiques en installant le vélo dans le parc :
J’ai pour stratégie de nager sans porter ma trifonction sous la combinaison de natation… Ceci afin que ma tenue soit sèche dès que je monterai sur le vélo, m’évitant ainsi d’attraper froid. Une stratégie qui je l’espère sera payante, contrairement à ce que j’avais fait lors de l’édition précédente. Aussi, je ne suis pas adepte des chaussures pré-fixées sur les pédales pour gagner du temps lors des transitions, alors je les rends disponibles pour les enfiler au plus vite.
Enfin, sur le vélo, je me suis installé une sacoche Top Tube Restrap. Celle-ci me permet de stocker mon ravito perso durant la partie vélo. J’opte pour ce set up dans un souci de confort (et non de poids) car je vois directement ce que j’ai à manger sous la main.
Mon objectif nutrition : avaler quelque chose toutes les trente minutes en alternant du sucré et du salé pour ne pas me dégoûter. J’embarque donc avec moi :
D’un point de vue boisson, je suis parti avec 2 gourdes Tacx d’une contenance de 750 ml ! Il s’agit d’un achat de dernière minute puisque j’ai déniché celles-ci chez Action un peu avant le départ. J’ai rempli ces deux-là de boisson isotonique. Celle-ci apporte une bonne dose d’énergie, des vitamines pour lutter contre la fatigue et aide l’organisme à rapidement se réhydrater ! En somme, tout ce dont je pouvais avoir besoin pour la course.
Enfin, c’est grâce au roadbook remis à chaque participant avant la course que j’ai pu identifier les 3 points de ravitaillement du parcours vélo (Km 36, Km 74 et arrivée) et ce que je pourrais y retrouver… Quand je parlais d’une organisation au top ! C’est de cette manière que j’ai pu, en cours de route, recharger l’un de mes bidons et boire ainsi l’équivalent de 500 ml par demi-heure.
Et je dois dire que sur la partie course à pied, les ravitos m’ont sauvé plus d’une fois… Mais j’y viendrai bien assez vite !
Ma zone de transition est prête et je peux dorénavant quitter le parc à vélos serein. Ma combinaison est à moitié enfilée et je n’ai plus qu’à aller saluer et embrasser mes supporters avant de me diriger vers la plage du départ. Nous sommes 693 chanceux inscrits à l’épreuve et prêts à en découdre… Tandis que 400 triathlètes n’ont pas eu cette chance ! Il faut dire que les places se sont écoulées en moins de 9 heures… Alors je vais profiter de cette journée à fond.
Sur la plage, nous avançons dans l’eau pour effectuer quelques mouvements de crawl après nous être bien mouillé la nuque ! Un conseil que me répète ma mère depuis mon plus jeune âge ! Et finalement, le speaker prend la parole et commence à ambiancer la foule avant de donner le top départ sous forme d’un décompte. 5… 4… 3… 2… 1… GO !
C’est à 08h30, soit cinq minutes avant les féminines, que nous prenons le départ. Je me lance en troisième ligne et espère ne pas trop subir les embouteillages de début de course. La baston a tout de même lieu et j’essaie de prendre, au plus vite, une ligne directe sans trop de nageurs. J’effectue une nage water-polo durant les premières minutes pour ne pas subir d’erreur de trajectoire et je peux enfin « poser ma nage » après 300 mètres. C’est à peu près la distance qui me séparait de la première bouée.
Sur cette partie natation, nous devons réaliser deux boucles de 1000 mètres avec une sortie à l’Australienne. Quésaco ? C’est tout simplement une sortie de l’eau qui se fait à mi-parcours : nous devrons quitter l’eau pour courir quelques mètres sur la plage avant de replonger dans le lac d’Annecy. Pour certains, elle coupe le rythme, pour d’autres, c’est une valeur sûre pour se repérer et ne pas finir au large ! Quant à son nom, il est tout simplement lié au fait que cette variante ait vu le jour pour la première fois… En Australie !
J’estime pouvoir nager en 1’40 min / 100 mètres en endurance. Malgré tout, compliqué en pleine nage de savoir ce qu’il en est réellement. Pour autant, je ressens que ça glisse bien. Je suis seulement surpris par une incongruité du parcours : nous traversons un banc de sable (ou plutôt de galets) en pleine natation. Je vois des athlètes se relever devant moi et avant d’y parvenir à mon tour, je me demande bien ce qu’ils font… Finalement, 36 minutes et 14 secondes plus tard, je sors de cette première partie d’épreuve en 89ème position. Je suis dans les temps que je m’étais fixés et ma montre indique même 2200 mètres au compteur.
Je file au parc à vélos afin de changer de tenue… Mais ce que je n’avais pas prévu : la difficulté rencontrée pour enfiler ma trifonction… Avec mon corps encore mouillé, je me bats quelque peu avec elle, un peu comme après une séance de piscine. Je ressors finalement du parc cinq minutes pétantes après avoir quitté le Lac d’Annecy. Autant dire que la transition est un peu longue à mon goût, mais cela a le mérite d’avoir bien fait redescendre la fréquence cardiaque. J’en profite pour ingurgiter mon premier gel, dès les premiers mètres du vélo, pour garantir un coup de boost avant l’ascension du premier col.
Et celui-ci n’est autre que le col de Leschaux, long de 13 kilomètres. Par chance, je connais ce col par cœur, mais pour autant, je le grimpe à un rythme relativement bas. Mon objectif est de poser le vélo après les 100 kilomètres sans fatigue. Je le monte donc en maintenant un tempo régulier et ne me fais pas déstabiliser par les concurrents qui me doublent par grappe. Je suis persuadé que je les retrouverai plus tard…
Sur ces épreuves de montagne, les groupes de niveau se créent tout naturellement. Autour de moi, un petit pack se constitue peu à peu et j’essaie de garder mes distances pour ne pas tomber dans le drafting (interdit ici). Les pentes s’élèvent et c’est là que je tire mon épingle du jeu en prenant plusieurs mètres sur mes compères d’échappée. Pour autant, dès que nous basculons dans les descentes, je me fais rapidement rattraper par les fous furieux ! C’est donc au chat et à la souris que je m’apprête à jouer sur les 100 prochains kilomètres.
Ma situation au classement évolue peu : je me maintiens entre la 80ème et la 100ème place. Mais après une quarantaine de kilomètres, je me prends du vent dans les ailes ! Notre groupe se fait doubler par deux « machines » qui déboulent comme des fusées. Il s’agit des deux premiers triathlètes de l’Alpsman Xtrem : Thomas Lemaitre et Gabin Mantulet. Deux athlètes amateurs qui avancent comme des pros. C’est très impressionnant de les voir grimper avec tant d’aisance malgré une grosse natation et davantage de montée dans les pattes. Je décide donc d’attaquer à mon tour et d’aller les titiller un peu ! Non ça, c’est dans mes rêves… Damien, réveille-toi et garde ton rythme pour ton Alpsman Half Triathlon !
La course se déroule bien et je note que je n’ai pas jusqu’à là, eu de coup de faiblesse ou encore l’envie d’appuyer davantage sur les pédales. Je maintiens ainsi l’entraînement réalisé pendant mes 5 mois de préparation. Pour mon plus grand bonheur, je prends le temps d’observer les Bauges qui s’affichent sous leur meilleur jour.
Pendant ce temps, ma team support constituée de Marine et des chiens, zigzague dans les cols pour dénicher le meilleur endroit pour m’encourager. Et ce n’est clairement pas évident avec tout ce monde sur la route : des cyclistes, des motos de l’organisation et une circulation ouverte dans les deux sens ! Alors qu’elle a trouvé un spot sur une route en lacet, je la vois sur le bas-côté avec un athlète en train de bricoler un truc sur son vélo. J’aurai sûrement des explications plus tard (et vous aussi), mais en attendant, je passe mon chemin !
Nous finissons le parcours en rejoignant à nouveau le sommet du col de Leschaux, par un tout autre accès. Et cette fois, j’ai la surprise de retrouver en haut du col non pas seulement, Marine, les chiens et Justine, mais aussi Marion et Gauthier, nos cyclopotes du Cap Nord. Ils ont profité de ce week-end pour quitter Lyon et nous rejoindre ! La parfaite occasion de se retrouver. Ils ont la forme et leurs encouragements réunis me donnent le smile et la pêche !
J’entame la descente vers le Lac d’Annecy pour rejoindre Saint-Jorioz. Je rétrograde mes vitesses et tourne les jambes avant d’attaquer la troisième et dernière partie de cet Alpsman Half Triathlon : la course à pied. Avant d’arriver dans le parc, je vois Justine la copine d’Antoine sur le bord de la route ! Elle m’encourage et je me dis qu’il n’est sûrement pas très loin devant. C’est bon signe, mais je ne mets pas pour autant la pression pour espérer le rattraper. Je pose mon vélo à la 101ème position et mon compteur affiche 27,2 km/h. Je suis surpris par cette moyenne car je ne m’attendais pas du tout à ça. L’entraînement paye et c’est après 03h41 de vélo que je boucle ces fameux 100 kilomètres !
J’enfile mes chaussures de trail et je quitte le parc à vélos. Ces chaussures vont sûrement m’handicaper pour les 3 premiers kilomètres sur route, mais me seront d’une aide indéniable dans le pentu du Semnoz. Parti sur une base de 4’45 min / km, mon objectif est de courir le plus longtemps possible avant d’attaquer les gros pourcentages. Jusque-là, mon plan marche à la perfection : je remonte les coureurs ayant laissé des plumes sur le vélo…
La température avoisine les 26 degrés et il me tarde d’aller chercher la fraîcheur des arbres qui habillent la « colline » ! Avant de rentrer dans le dur, ma troupe m’attend. Je m’arrête rapidement pour prendre le temps de les embrasser et les remercier d’être là. Tant pis pour les athlètes qui me passent devant, j’aurai bien le temps de les rattraper. Je repars et je trouve tranquillement mon rythme.
Ma stratégie de gestion paye bien pour le moment tandis que la chaleur devient de plus en plus écrasante. Certains sportifs font rapidement tomber le haut de leur trifonction pour s’aérer un peu. De mon côté, parti tête-bêche, je n’ai même pas de flasque pour m’hydrater régulièrement. Je deviens donc tributaire des ravitos. Par chance, je supporte bien la chaleur, mais je dois reconnaître que retrouver copains et ravito me font le plus grand bien : je m’hydrate à la Saint-Yorre et repars très rapidement.
Mon estomac devient un peu plus sensible : j’ai de petits ballonnements après chaque gorgée, mais ceux-ci disparaissent, par chance, après quelques minutes. Alors que je trouvais la pente facile sur les premiers kilomètres, je m’étonne à présent de nous voir descendre sur plusieurs centaines de mètres… Et honnêtement, ça m’inquiète ! Je vois les kilomètres défiler sans avoir trop à marcher. Ce n’est pas bon signe : le raidard ne va pas tarder à apparaître.
C’est effectivement au 12ème kilomètre que le mur se présente à moi. J’avance et j’essaie de courir dès que possible malgré le terrain qui devient de plus en plus technique. Au second ravitaillement, je me plains d’avoir chaud à la plante des pieds. J’espérais une astuce des copains adeptes du trail, mais la solution est venue plus tard : la prochaine fois, je tenterai une crème anti-frottements en amont… Mais bientôt, ces échauffements ne sont plus ma principale contrariété : je me retrouve la tête au niveau des cuisses à pousser comme un fou pour gagner en altitude. Un concurrent, a priori plus renseigné que moi, m’indique deux kilomètres compliqués.
Je passe donc la première et je rentre dans ma bulle pour oublier les cuisses qui chauffent à leur tour. C’est indéniable, je commence à souffrir, mais j’ai le moral et j’essaie de marcher et de grimper le plus efficacement possible ! Le classement se stabilise et je suis seul… Quelques supporters sont ici et là à nous brailler dessus en guise d’encouragements. Bientôt, le dernier ravito se profile et le moindre que l’on puisse dire, c’est qu’il est pour moi, express. Je chope une bouteille de Saint-Yorre et je poursuis mon chemin en marchant.
Au 15ème kilomètre, la pente s’affaisse un peu et je peux à nouveau trottiner. C’est à ce moment là que je suis repris par la deuxième et la troisième féminine qui se livrent une belle bataille ! J’ai le droit à un clin d’œil ce la dernière avec qui j’ai longtemps roulé sur la partie vélo. Mais là, je n’ai pas la force de la suivre.
Je finis cette ascension au mental, et ceci particulièrement quand j’aperçois le dernier pétard qui me mènera à l’arrivée. Nombreux y sont les supporters et j’ai l’impression d’être dans le final de la mythique course de trail Zegama – Aizkorri. C’est le poing levé, en hommage à mon pote là-haut, que je franchis la ligne d’arrivée, fatigué mais heureux. Je prends quelques minutes sur un banc pour souffler et lâcher prise avant de relever la tête, tout sourire, face aux copains. J’ai bouclé cette belle course en 06h45m09s ! En-dessous de l’objectif de temps que je m’étais imaginé (07h30)…
Antoine, arrivé 6 minutes plus tôt, vient me féliciter. À présent, nous n’avons plus qu’à retrouver nos supporters et profiter de la soirée comme il se doit. C’est bon, on a fait le job ! Je suis ravi d’avoir bouclé ce half en cochant toutes les cases : nutrition, entraînement et objectif temps ! Place à la récupération désormais… Car dans un mois, c’est un tout autre chantier qui m’attend avec un triathlon XXL en montagne. Et oui, le réel objectif de l’année est bien celui-ci : l’Altriman.
Et pour finir, un grand merci à :
3 Comments
Une machine ce Damien 🎩🎩🎩🚀💪🦵👏
Bravo Damien 👍🏻👍🏻👍🏻
Encore toutes nos félicitations et bravo à toi Damien, Quel courage !!!👍👍👍❤️bisous à vous deux Ma Mounette.