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Après bientôt une année de préparation intense, le jour tant attendu est enfin arrivé ! La cinquième édition de l’Alpsman verra bientôt 346 coureurs prendre le départ de cet Xtrem Triathlon ! C’est au milieu du Lac d’Annecy qu’ils débuteront par 3,8 km de nage, 183 km de vélo dans le massif des Bauges avant de (se) finir sur 42 km de marathon.
Si le Norseman (triathlon XXL norvégien) fait rêver nombre d’athlètes, l’Alpsman n’a rien à lui envier ! Comme pour son grand frère scandinave, une poignée de triathlètes peut prétendre à une arrivée au sommet… Et pour cela il est nécessaire de sonner la cloche savoyarde située sur les rives du lac d’Annecy. En effet, cette cloche est le symbole de l’Alpsman mais aussi celle qu’on appelle le « tournant ». L’épreuve de course à pied a alors deux issues possibles dès le 25ème kilomètre sur la base d’une barrière horaire.
Ainsi, ceux qui atteignent la cloche en moins de 12 heures d’épreuve pourront s’attaquer à la montée du Semnoz. Ils finissent ainsi la course à pied avec un beau dénivelé positif de 1300 mètres pour devenir Top Finisher. Les autres triathlètes iront, eux aussi au bout de leur épreuve, en terminant le marathon aux abords du Lac d’Annecy. Ils obtiendront alors leur médaille, non moins méritée, de Lake Finisher de l’Alpsman !
On vous embarque avec nous pour vivre la course comme si vous y étiez… dans la peau d’un supporter. Préparez-vous car si celle-ci a été intense pour les supporters, elle a été encore plus éprouvante pour les athlètes !
La nuit a été ponctuée de divers réveils. Damien vérifie (encore et encore) que son alarme est bien enclenchée… Madjo ronfle comme une dinde… La voiture voisine fait un spectacle son et lumière sur le parking en pleine nuit. Autant dire que nous sommes quelques peu déphasés quand le réveil sonne à 03h00 du matin ce samedi 25 septembre 2021.
Je ne me permets aucun commentaire car aujourd’hui c’est Damien qui va vivre une sacrée expérience ! Je suis personnellement excitée comme une puce à l’idée de le suivre sur cette nouvelle épreuve mais aussi inquiète. Et s’il se blesse ? Ou s’il est déçu ? Et si, si, si… J’en ai une flopée de « si » en tête… Assez pour refaire le monde ! Maison passe au petit-déjeuner, alors je me garde ça sous le coude pour une prochaine fois.
À peine avons-nous sorti notre attirail de cuisine sur le parking où nous avons passé la nuit en van que notre attention se focalise sur un véhicule. Un relou est en train de tourner sur le parking à 03h15 du matin… Et ce « relou » n’est autre que notre copain Xavier 😂 qui nous cherche ! Il est venu retrouver Damien afin de profiter d’un dernier moment au calme avant le grand départ. Didine et les filles sont restées se préparer à l’appart tandis qu’il a déjà la tête dans sa course.
Je les laisse s’organiser et pour participer à mon niveau, j’ai la bonne idée de proposer un café à Xavier… Moi qui n’en bois pas, je ne sais pas trop me servir de la Bialetti de Damien, mais je tente. Et là je me mets une grosse pression : et si mon café le rendait malade ? Je suis rassurée quand je vois qu’il n’a finalement pas l’appétit pour le finir (il était peut-être dégueu mais il n’a pas voulu me vexer) !
Les garçons rassemblent les dernières affaires qu’ils doivent déposer au centre UCPA. Situé non loin de l’esplanade de Saint-Jorioz, ce lieu regroupe leurs sacs de transition. Des bénévoles se chargent ensuite de les acheminer aux différents lieux de ravitaillement prévus sur le parcours : un sac à Lescheraines pour le vélo et un autre pour la potentielle arrivée au Semnoz.
Après cela, vient le temps de déposer les caisses de transition dans le parc à vélos. Tous les triathlètes portent déjà leur combinaison en néoprène enfilées à la mi-taille. Chacun vérifie ses pneus, fait ses derniers réglages, agence son matériel dans ce parc silencieux malgré un fond musical. Il faut dire que les techniciens son et lumière se sont affairés toute la nuit pour éclairer la zone comme il se doit… La preuve en est que ça déroulait câbles sur câbles lors de ma dernière excursion nocturne aux toilettes.
Didine et les filles me rejoignent bientôt et le réveil n’a pas été aisé pour les poulettes. Mais en ferventes supportrices qu’elles sont de leur papa loup, Elisa et Anna, sont déjà sur le pied de guerre ! Il fait étrangement bon d’ailleurs à 4 heures du matin et cela me surprend. Du souvenir que j’avais de l’Embrunman en août 2019, les gars étaient bien couverts et portaient des bonnets en laine au petit-déjeuner ! On aurait d’ailleurs cru voir des alpinistes parés pour atteindre l’Everest… Aujourd’hui c’est une toute autre montage que ce défi sportif qui se dresse devant eux.
Il est temps de se mêler à la marée humaine qui s’agglutine déjà au niveau de l’esplanade de Saint-Jorioz. Ils sont tous là pour l’Alpsman à cette heure-ci, aucun doute. Entre les sportifs et leurs supporters, ça fait un bel attroupement pour cet Xtrem Triathlon !
Nos hommes s’apprêtent à monter sur le Libellule, bateau annécien qui les conduira au milieu du lac. De là, ils n’auront « plus qu’à » sauter pieds joints pour affronter les eaux ténébreuses. En effet, ils ne verront pas le jour tout de suite alors qu’ils s’élanceront à 06h30 du matin en cette journée de septembre 2021. Et pour cause : le COVID. La course initialement prévue début juin avec des conditions météo plus favorables avait alors été reportée pour assurer de bonnes conditions sanitaires. On ne peut pas tout avoir… Mais avec chance, la journée s’annonce ensoleillée et c’est plutôt inespéré après le temps et les fraiches températures de cette semaine.
Le bateau se remplit petit à petit de tous ses triathlètes et nous essayons de repérer Damien et Xavier. Ils doivent déjà avoir l’esprit bien occupé et nous ne pensons pas les apercevoir à nouveau… Et pourtant ! Leurs têtes apparaissent chacun leur tour pour un dernier coucou avant que les turbines du bateau ne se mettent en route, fendant ainsi le silence de la nuit.
Etant donné que nous n’avons pas anticipé la chose, nous ne les avons pas accompagnés en bateau… Et je pense que c’était mieux ainsi pour tout le monde… Paye ton stress sinon : « Tu te mouilles bien la nuque avant de rentrer dans l’eau » ou encore « attention qu’on ne te saute pas dessus » ! Car en effet, les supporters étaient sur LE MÊME bateau. Au vu du faible nombre de participants, il y restait de la place ! Et oui, cette année, on ne compte que 346 inscrits contre près de 600 participations sur les précédentes éditions. C’est peu… D’autant plus que 23 n’ont pas « osé » prendre le départ…
Il est donc 05h30 et nous avons près de deux heures devant nous avant de revoir leurs têtes à la sortie de l’eau. Nous allons donc nous mettre à l’aise face à l’écran géant prévu au milieu du village de l’Alpsman ! Pour cela, nous repartons récupérer une bâche qui traîne dans le camion et nous faisons notre petite popote entre nanas ! Nous sommes au premier rang, prêtes à en découdre…
C’est parti : la vidéo live se lance… Nous allons voir tous ces triathlètes, filles et gars, sauter un par un… en espérant reconnaître Damien et Xavier au milieu de cette marée humaine. Ils ont tous revêtu leur combinaison néoprène, leur lunette et le bonnet de bain donné par l’organisation… Autant vous dire qu’on cherche une aiguille dans une botte de foin… Il va donc falloir les reconnaître à la moustache, bien vu les gars la French touch !
Sur le bateau, il y a aussi Sophie qui fait le show ! Sophie ? C’est une spectatrice qui a perdu son sac ou je ne sais quoi alors elle parle (très fort) près du caméraman. Merci Sophie pour ce drôle de moment… Mais tu as bien failli nous faire louper nos chers et tendres ! Soudain, Didine crie : les moustachus sont à l’écran ! Ils sont ensemble et le speaker les presse « allez on y va les gars faut accélérer, faut vraiment accélérer là » !
Il reste encore un bon quart de participants à mettre à l’eau et seulement quelques minutes avant le départ. D’autant plus que comme ils l’avaient annoncé : le bateau dérive et les derniers auront bien 200 mètres à nager pour rejoindre la ligne de départ…
06h30 : la corne de brume sonne… La véritable journée démarre !
Nous décidons de nous rapprocher de l’arche installée à la sortie de l’eau. Nous savons que nous apercevrons les garçons après environ 01h10 – 01h15 de natation pour ces 3,8 km. Ce sont les temps que Damien m’a donné et auxquels il compte bien s’accrocher. En effet, si les gars tiennent à sonner cette fameuse cloche, ils savent qu’ils ne devront pas trainer sur leurs transitions et réaliser un circuit vélo impeccable.
Florian (le frère de Damien) et Mikaël (un ami) nous rejoignent pour l’arrivée natation. Les premiers sont déjà passés telles des flèches et bientôt nous voyons la tête de Xavier s’extraire de son bonnet. Il sort de l’eau en 125ème position après 01h13 d’épreuve. Enfin, il est venu à bout de ces 3,8 km (d’après l’organisation, jusqu’à 4,4 km d’après les montres de certains athlètes en tête…). Avec le sourire, il fonce droit vers la tente de transition pour se changer. Qu’en est-il de Damien ? Il m’avait dit que Xavier sortirait sans aucun doute devant lui mais l’écart commence à se creuser et j’espère qu’il ne lui est rien arrivé.
Finalement le voilà 5 minutes plus tard. Après 01h18, il sort de l’eau en 169ème position. Il marche pour reprendre ses esprits tandis que nous l’encourageons. Quand il passe à côté de nous, il nous lâche un « putain, je m’suis perdu« . Mikaël redouble d’encouragements et lui dit que ce n’est pas grave. Il doit se calmer, prendre son temps pour se changer et repartir tranquillement. Le temps n’est pas catastrophique et ces quelques minutes ne devraient pas changer la donne… Pourtant cette extra natation a de quoi épuiser un homme comme il le dit si bien dans son compte-rendu de course.
Nous ne tardons pas à le retrouver de l’autre côté de l’aire de transition. Juste de quoi le voir partir comme une fusée avec son vélo à la main : il est remonté comme un coucou. Je sais que Xavier le précède de quelques minutes mais je ne l’ai pas vu sortir du parc, trop concentrée sur Damien ! Mika répète à ce dernier de prendre son temps et me confie que le connaissant, il risque d’y aller comme un bourrin… Super 🙄 il va falloir l’encourager et le canaliser en même temps… Mais je ne sais pas faire ça moi !
Je confie notre chienne Madjo à Florian de manière à pouvoir profiter de l’épreuve. De cette manière, je vais pouvoir soutenir Damien en ne me souciant que de l’un de nos deux fauves. Madjo est calme et posée et devrait suivre le rythme des garçons et de la journée sans problème. Pourtant, on voit qu’elle se demande ce qu’il se passe et à quoi rime tout ce remue-ménage ! N’Lou est quant à lui, loin d’être dépaysé, pour sa seconde participation à un Ironman !
Allez, il est temps de reprendre le volant pour rattraper Damien sur la partie vélo !
Nous voilà donc élancés, N’Lou et moi, pour réaliser les premiers 160 kilomètres sur un parcours qui en compte 183 ! Pour ce faire, nous regagnons rapidement le camion et démarrons l’ascension sans tarder. Malgré le nombre d’athlètes, je suis surprise de réaliser que peu de supporters les accompagnent durant cette partie vélo. D’un côté, tant mieux : cela limite le nombre de véhicules sur la route surtout avec une circulation ouverte dans les deux sens ! De l’autre côté : c’est tellement dur mentalement comme épreuve que nombre d’entre eux gagneraient à être soutenus dans leur(s) effort(s) !
Nous avons donc décidé de donner de la voix avec Loulou et c’est avec la gorge sèche que nous finirons cette journée ! Dès que nous nous arrêtons sur le bas-côté, nous encourageons, mettons de la musique et sommes à fond ! D’ailleurs nous demandons les prénoms des athlètes qui entourent Damien car nous allons nous suivre pendant plusieurs heures ! Pourvu qu’ils ne soient pas adeptes de l’effort en solitaire sinon cette fichue nana et son chien ont pu être bien relous pendant 183 km !
C’est ainsi que nous nous retrouvons à encourager Sabrina (qui finira 2ème féminine), Andy, Monsieur Chambéry, Yann le breton… Et tout un tas d’autres coureurs qui ne tarderont pas à me dire que mon Darling arrive au fur et à mesure du parcours. Bon a priori son petit surnom est grillé 🤭 ! L’ambiance me plaît beaucoup et les triathlètes gardent le smile malgré les raideurs de parcours qui s’offrent à eux. Et ça c’est vraiment top.
Je ne tarde pas à récupérer Damien dans la montée de Leschaux et nous le retrouvons tout sourire, grimpant à bonne allure. Parfait ! Il n’est donc pas resté sur son « mauvais » temps en natation et semble être passé à autre chose. Je le laisse sur cette première portion pour continuer de monter et le retrouver plus loin avant qu’il n’attaque la prochaine côtelette : le Semnoz.
Nous récupérons aussi Xavier sur notre passage pour l’encourager comme il se doit. Il est concentré dans son effort et son visage commence à se fermer petit à petit tandis que nous nous rapprochons du sommet. Les choses vont réellement se corser avec cette longue montée jusqu’au Semnoz. Nous recroisons aussi les copains qui sont montés en voiture sur des points stratégiques du parcours. Mikaël ne lâche pas Damien et lui dit de lever le pied. Malgré tout, il doit encore se sentir en forme à ce moment et garde son (bon) rythme. Il revient d’ailleurs à quelques minutes de Xavier, ce qui est cool d’un point de vue logistique pour les supporters… Cela nous permet de grouper les encouragements !
Au sommet du Semnoz, nous sortons les pancartes voyons sur le suivi live que Damien est à 3 minutes derrière Xavier. Il va falloir qu’il s’économise un peu s’il tient à maintenir une allure homogène sinon il va exploser en vol. Pour le moment, le sourire est toujours là et il est très lucide. Les pancartes de chacun le font rire.
Il est toujours en compagnie de Sabrina qui demande aussi à ce que N’Lou la supporte de ses aboiements d’encouragement ! Bientôt elle comprendra qu’à force ça fait la tête comme une pastèque 😅 !
Alors que nous empruntons la descente du Semnoz sur ce parcours vélo de l’Alpsman, nous faisons une rencontre inattendue ! Un chien de type basset traverse la route juste devant le camion et semble complètement désorienté. Il a une cloche autour du coup et un énorme collier orange fluorescent. Il s’agit en réalité d’un chien de chasse égaré mais je ne peux rien faire pour lui… M’arrêter serait trop dangereux car je suis toujours sur le parcours… Et les vélos arrivent derrière mon camion à une vitesse folle en cherchant à me doubler. Je signalerai alors un peu plus loin à l’organisation la présence de cet animal errant.
Il faut dire qu’il n’est déjà pas simple de descendre en partageant la route, mais cet obstacle supplémentaire n’aide en rien. Au volant, je ne sais moi-même pas trop quoi faire… Me serrer à droite ? A gauche ? Finalement, je décide de leur signaler grâce aux clignotants que je les ai vus avant de m’écarter autant que possible. En prime, la route est encore très ombragée et humide à cette heure matinale. Je ne suis finalement rassurée qu’en arrivant au pied ce cet autre versant du Semnoz : je n’ai vu personne dans le fossé !
Finalement, nous parvenons à Lescheraines où démarre le col de Plainpalais qui est la prochaine ascension du programme. C’est l’effervescence et il y a là beaucoup de supporters. Et pour cause ! Une navette permet aux accompagnants de monter jusqu’ici où les triathlètes passeront deux fois. En effet, ils vont répéter une boucle de 49 kilomètres depuis Lescheraines via le col de Plainpalais et le col des Prés. Celle-ci devra être réalisée à deux reprises avant de terminer la course (avec quelques autres raidards) en retournant sur Saint-Jorioz.
Quand nous parvenons enfin dans le bourg de Lescheraines, je découvre avec surprise la voie empruntée. Ce n’est pas celle que Damien avait repérée quelques jours plus tôt… En effet, la déviation sur laquelle l’Alpsman envoie ses athlètes est quelque peu incongrue… Une voie qui ressemble à un sentier de randonnée piéton passant entre deux grosses pierres. Plus d’un se fait avoir en coupant tout son élan en pensant à une erreur… Dur dur d’arriver à faible allure au pied de ce mur ! Xavier et Damien sont surpris mais relancent rapidement pour s’affranchir de cette bosse.
Au sommet du col de Plainpalais, je retrouve Marjorie avec grand plaisir ! Il s’agit de notre amie de Chambéry qui me rejoint pour l’occasion, tandis que Mika son mari est bénévole sur le parcours. Une bonne surprise pour Damien de les retrouver et de se faire encourager par eux aujourd’hui. Il termine ce premier col avec un peu moins de souplesse dans les jambes… Il atteint le kilomètre 70 où Xavier est passé 10 minutes plus tôt. Ses traits sont tirés et il n’a rien besoin de dire pour que nous comprenions que ça devient dur.
Nouveau départ à bord de Picco avec une supportrice supplémentaire sur le parcours vélo de l’Alpsman ! Marjorie sera notre copilote (avec un N’Lou énergique sur les genoux) pour les 49 kilomètres de la prochaine boucle. Et malgré toute notre énergie déployée pour supporter Damien… Il explose dans le col des Prés… A priori, il n’arrive plus à s’alimenter.
Je demande conseil aux copains via notre groupe WhatsApp : que dois-je lui dire pour qu’il ne lâche pas ? Il n’est pas facile de trouver des mots pour l’occasion pour lui remonter le moral. Tout me semble sonner creux à cet instant précis… Bientôt le sommet : les copains y attendent Damien et prendront ainsi le relais pour les encouragements !
Au sommet, je retrouve mon Damien vidé de ses forces. Il est dans le même état que deux ans plus tôt sur l’Embrunman au sommet de l’Izoard. Quand il nous dit que c’est dur avec les mains et la tête posées sur son guidon, nous n’en doutons pas… Pour autant, nous sommes là pour le motiver et faire en sorte qu’il aille au bout. Il doit donc remonter fissa sur son vélo. Un bisou et des encouragement plus tard, le voilà qui repart… Nous avons fait ce que nous pouvions pour le re-motiver. Nous allons à présenter lui coller aux basques et rester dans sa roue.
Plus loin, nous nous stationnons sur le bas côté de la route avec N’Lou et Marjo. Nous encourageons les coureurs qui passent en attendant en attendant que notre héros du jour arrive à son tour… Cela n’a pas plu au voisin complètement ivre qui nous a insultées par des mimiques odieuses en nous disant de mettre nos culs sur la selle plutôt que de gueuler des « allez ». À ce moment précis, j’ai pensé à tous ces athlètes que nous encouragions et qui se donnaient à fond et nous remerciaient pour nos sourires et notre soutien.
Sur l’instant, j’ai été à la fois sidérée et peinée de ses propos… Mais ma rage a aussi été décuplée pour crier encore plus fort, il l’avait bien cherché ! Allez mon darling, ne lâche rien, on est là pour toi aujourd’hui ! Tu iras au bout de l’Alpsman, je te le promets.
Enfin, la première boucle touche bientôt à la fin après avoir croisé Michaël et son attirail de bénévole. Je redépose donc Marjo au col de Plainpalais avant de poursuivre cette seconde boucle derrière Damien qui semble avoir repris un peu de poil de la bête. Il ne fera plus de miracles sur le vélo aujourd’hui mais il est loin d’être hors délai. S’il veut toujours sonner cette cloche, c’est certes tendu, mais pas (encore) perdu…
Alors que je pensais « abandonner » Damien à l’issue de son dernier tour pour regagner l’esplanade au plus vite, je sens que le vent a tourné. Il a définitivement besoin de nous pour terminer cette course et nous allons continuer à le booster autant que nous le pouvons. Voilà qu’il a passé pour la deuxième fois le col des Prés après 08h16 d’épreuve quand Xavier était là 34 minute plus tôt.
« Plus que » (ou « encore »… tout est une question de perspective) 44 kilomètres à parcourir avant de poser le vélo. Pour autant, le circuit réserve encore quelques difficultés… Comme dirait le copain Titi, « ça fait la b*te » ! C’est à un rythme lent (pour nous qui sommes en voiture) que nous avançons en criant et aboyant par nos fenêtres respectives. N’Lou a encore de la voix et ne lésine pas sur les encouragements. Damien doit en avoir plein la tête… Personnellement, ce sont les tympans qui me font défaut à l’heure qu’il est.
Pour être serein sur sa course à pied, Damien aurait souhaité arriver en bas après 09h15 d’épreuve. Autant dire que 44 kilomètres à vélo, ça ne tient pas dans le programme de la prochaine heure. D’autant plus que bientôt, un véritable mur se dressera devant lui… Ce mur n’est autre que le Châtelard : une pente avoisinant les 22% où les cyclistes sont en danseuse et appuient sur leurs pédales ! Heureusement qu’un ravitaillement les attend au sommet pour reprendre quelques forces.
C’est d’ailleurs là que je retrouve mon Damien en train de dégommer un paquet de chips… Je me demande combien de poignées il va encore réussir à faire rentrer dans sa bouche comme cela… Eh mec, va falloir remonter sur le vélo et terminer cette épreuve… L’apéro ce sera ce soir, seulement une fois l’arche d’arrivée de l’Alpsman franchie !
Bloquée derrière une voiture qui n’avance pas dans la descente vers Saint-Jorioz, je bouillonne… Elle pile et n’a pas du tout conscience de la course en cours et des cyclistes bloquée derrière elle… Ainsi Damien et ses compères ne peuvent pas la dépasser. Après quelques coups insistants de klaxon, nous la laissons derrière nous !
Je demande à Mikaël d’assurer la liaison au niveau du parc à vélos. Il pourra ainsi annoncer le timing course à pied à tenir en vue de sonner la cloche… C’est tendu mais il fera du mieux qu’il peut. Il pose le vélo en 150ème position après 08h32 en selle tandis que Xavier avait pris la 72ème place en 07h53.
Ce dernier ne va pas tarder à terminer la première des trois boucles de 8,4 kilomètres à réaliser avant de passer le tournant au 25ème kilomètre. Bientôt, Mika intercepte Damien avant qu’il ne s’élance aussi sur le parcours de course à pied. Il doit courir à 4’40min au kilo pour espérer atteindre la cloche avant 18h30. Il s’agit là d’un rythme effréné après 3,8 km de natation et 183 km de vélo !
De mon côté, je me gare, attache N’Lou autour de ma taille et nous courrons au plus vite vers l’esplanade… Et quelle surprise de voir Damien arriver face à nous en entamant son premier tour. Je le trouve encore frais et cela m’étonne mais je sais que ce mec a la niaque. A vrai dire, il m’impressionne. Et soudain, c’est Xavier qui arrive ! Génial, même s’il a 8 km d’avance, ils sont au coude à coude et se retrouveront peut-être sur le parcours pour affronter la suite ensemble… Je suis ravie d’avoir pu les apercevoir et il ne me reste plus qu’à retrouver les copains au milieu de la foule.
Je les retrouve au niveau du village de l’Alpsman et reprends alors le fil des derniers échanges sur WhatsApp… Je programme aussi le suivi live pour savoir où en est Damien maintenant que je ne l’ai plus dans mon viseur. C’est si long et frustrant cette première boucle à attendre et actualiser une page web pour espérer avoir des nouvelles… Difficile donc de savoir s’il maintient le rythme annoncé par Mikaël. Rapidement, nous comprenons qu’il a dû ralentir et que l’allure n’était pas tenable sur 25 kilomètres.
C’est finalement Xavier que nous retrouvons le premier toujours fixé sur son objectif. Il est imperturbable et passe devant nous sans aucun signe : pas de sourire et le regard fixé vers l’horizon. À moment-là, nous n’avons plus aucun doute : il ne lâchera rien et ira jusqu’au bout. Il est 17h16 et il lui reste près d’01h15 pour finir les derniers 8 kilomètres qui le séparent de la cloche. De son côté, Damien arrive 4 minutes plus tard et n’aura pas le temps de clôturer les 17 kilomètres restants en 1h10.
A cet instant précis, nous nous regardons avec Didine et nous nous prenons dans les bras avec émotion. Nous savons que nos aventures aussi vont prendre deux chemins à partir d’ici. Nous nous donnerons des nouvelles par la suite via WhatsApp et par téléphone pour savoir ce qu’il en est de chacun de nos hommes. Cette journée, nous aussi nous la vivons à fond.
De mon côté, je suis bien décidée à remonter en voiture pour retrouver Damien plus loin sur sa course à pied. Il va avoir besoin de soutien et de réconfort pour les 36 kilomètres restants de ce marathon… Cette course est vraiment un truc de dingue. Nous n’allons pas le lâcher car lui aussi sera finisher. Nous allons tout faire pour qu’il se sente soutenu !
Au volant du camion, je réfléchis… A vrai dire je n’ai pas forcément pris le temps de repérer le parcours mais je sais sur quelle zone il court. C’est d’ailleurs celle-ci aussi que j’emprunterai demain à mon tour lors de l’Alpsman Xperience… Il serait temps de m’en soucier 😅 ! La boucle s’étend depuis l’esplanade de Saint-Jorioz jusqu’au château de Duingt via les bords du lac puis la piste cyclable. C’est donc ainsi que je me guiderai au premier tour en l’encourageant à plusieurs points de passage. Me voilà garée sur un bord de route, puis près de la piste cyclable, près du pont sous lequel passe les coureurs, à proximité de la dernière ligne droite ou encore au port de plaisance. Je n’aurai alors plus qu’à réitérer cette opération 4 fois.
Côté Xavier, mon indic m’informe qu’il a atteint le tournant à 18h08 avec beaucoup d’émotion. Enfin, le sourire a nouveau illuminé son visage en sonnant la cloche et en brandissant son tee-shirt fétiche… Allez, ‘ »y’a plus qu’à » monter là-haut maintenant… Ce qui signifie s’adonner à l’ascension des 1300 mètres de dénivelé positif pour atteindre le sommet du Semnoz… On n’est venu là pour vous voir enfiler des perles après tout !
Au port de plaisance, je retrouve par hasard Florian, Mikaël et Madjo. Notre chienne est rincée de la longue journée que nous venons de lui imposer. Pour son premier Ironman, elle est servie ! Je propose donc de la récupérer avec moi pour qu’elle se repose sachant que je me déplace essentiellement en camion, tandis que les garçons vont courir aux côtés de Damien.
Même si ce n’est pas autorisé, le tournant étant fermé, les sportifs se font à présent accompagner sur leur course à pied. Cela va lui permettre de trouver un peu de (ré)confort dans cette épreuve qui devient réellement longue et surtout très répétitive. En effet, il n’a plus 3 mais 5 boucles à réaliser à présent pour clôturer les 42 km du marathon.
Ce sont donc trois participants qu’il me faut soutenir à présent tandis que l’orage gronde et éclate… Mes pensées vont alors à Xavier monté au Semnoz en slip et tee-shirt… Didine m’informe qu’un bénévole lui a donné un sac poubelle au moment du ravitaillement pour qu’il puisse se protèger un peu (#equipementdefortune) ! D’où je suis la montagne est bien noire et le brouillard déjà épais… Pourvu que les organisateurs de l’Alpsman n’aient pas la bonne idée d’annuler l’épreuve à cause des conditions climatiques… Ce serait vraiment moche pour les derniers participants encore en lisse.
Damien, de son côté, continue d’avancer en alternant course et marche… Son estomac fait toujours des siennes et alors qu’il essaie de se nourrir, ça secoue dans tous les sens. J’admire la détermination dont il fait preuve avec un ventre vide pour finir ce triathlon de l’extrême. Il va le faire, même s’il doit puiser dans ses dernières forces pour y arriver !
Après une dernière épreuve au mental (elle aussi) pour Xavier et Damien, nos deux compères atteignent ENFIN la ligne d’arrivée.
Xavier passe l’arche de Top Finisher en haut du Semnoz, en 14h59, accompagné d’Elisa, Anna et Didine. Il a atteint le sommet et s’offre la 65ème place après une course à pied / trail pliée en 05h43 ! Un grand homme et une belle réalisation pour atteindre le graal de l’Alpsman. D’ailleurs, Didine nous livre aussi son beau récit de supportrice avec ses poulettes pour soutenir Papa Loup !
Damien atteint également l’arche disposée sur l’Esplanade de Saint-Jorioz après un regain d’énergie dans le dernier kilomètre. Enfin, ce (fichu) dernier tour est passé et il peut franchir la ligne d’arrivée devant laquelle il passait à chaque boucle mais qui était alors inaccessible. Après avoir bouclé ses 42 kilomètres, il ralentit à ma hauteur pour un bisou et une caresse à N’Lou et Madjo. Je lui tends une bouteille prévue pour l’occasion mais il n’a même pas la force de la prendre avec lui. Il repart en trottinant et alors je perds totalement le contrôle.
N’Lou me fauche dans son excitation et m’envoie valser dans l’herbe. Je ne vois donc rien de l’arrivée de Damien… Pas une photo, pas une vidéo pour envoyer cette étape victorieuse aux supporters éloignés qui l’ont encouragé à distance toute la journée. Heureusement qu’un photographe de l’évènement était là pour immortaliser son arrivée. Damien est ainsi Lake Finisher de l’Alpsman 2021. Il termine à la 157ème place au classement général (et 49ème des Lake finishers) après 15h11 d’effort (dont 05h12 sur le marathon) !
Après ces belles prouesses réalisées par nos hommes, je pense important de noter que cette édition de l’Alpsman 2021, c’était :
Merci les garçons de nous avoir fait vivre une aussi belle journée au rythme de ces différentes épreuves. Nous sommes passés, nous spectateurs, par toutes sortes d’émotions en vous accompagnant, de loin ou de près, sur ce triathlon Xtrem de l’Alpsman. Personnellement, j’ai été :
Bravo donc les gars d’avoir osé vous confronter à ce défi extrême et d’avoir été au bout de l’effort pour en sortir victorieux ! Chaque victoire est unique et doit être savourée, vous êtes des héros.
Cette journée, à l’image de celle de l’Embrunman 2019, restera à jamais gravée dans nos (vos) mémoires… Et nous ont en prime, permis de lier de belles amitiés… La vie est faite de rencontres et d’aventures… Et j’ai déjà hâte de vivre la prochaine à vos côtés !
12 Comments
Bravo ,vous êtes des personnes que j’admIre ,car le sport c’est quelque chose.un grand bravo à Damien,seul personne que je connais vraiment.,mais avec Marine à tes côtés ,!!! Bisous
Merci pour ces encouragements et félicitations ! une sacrée épreuve relevée comme il faut avec les supporters et les copains
On ne peut que réussir !!!
C’est un vrai travail d’EQUIPE !!! Truffe humide & Moustache fraiche au vent et au top !! RESPECT et B R A V O ! ! ! !
Merci beaucoup à tous les deux ! On vous y verrait bien le jour où ils font des tandems candidement-humains 😉
Félicitations !! Car pour toi aussi, ça a été une sacré épreuve !!! Tu as mis la pression à Marjo pour l’année prochaine !!
Je ne doute pas qu’elle sera parfaite dans son rôle de supportrice !! 🥳🥳🥳
Merci ! Au moins elle a déjà repéré le parcours et connait tout les tips du parfait supporter XD !
J’ai adoré ton récit et adoré avoir participé à soutenir ton Darling !! C’était intense et fou ! Et promis je ne manquerai pas de klaxonner et de gueuler « Allez » à chaque fois que je passerai devant la maison de notre « pote » !!!
Ahlàlàlàlà celui-ci !!! Je revois sa tronche de cake très nette dans ma mémoire. Un vrai plaisir de partager ce moment à tes côtés ! Merci à tous les deux d’être venus c’était vraiment super chouette de vous (a)voir !
Imaginer, un tel exploit, est étonnant, un défi à l’irréel humain, mi Homme,mi Bête???,bravo aux participants et à la logistique,dont l’équipe a fait preuve, chapeau et respect Messieurs, merci aux Pompom girls et à la gente canines, Belle famille et quel état d’esprit !!!!, Admiration !!!!
A la fois irréel et pourtant tellement chouette ! Merci Pépé !!!