Contenu de l'article
Hier soir, c’est à 21 heures que nous avons fermé les yeux, bien KO de notre journée de route. C’était sans compter sur des jeunes venus faire la bringue à 22 heures puis d’autres à 23 heures qui enchaînaient les burns sur le parking. J’ai eu crainte qu’ils se loupent et terminent dans le van… N’Lou était au taquet et étouffait déjà des aboiements. Ça s’est poursuivi plein phares sur le van avant de la musique assourdissante pleine balle pendant une grosse demi-heure. Dans ce genre de cas, je ne sais jamais trop quoi faire : rester silencieux ou bouger… On a pris notre mal en patience et attendu et ils ont fini par partir !
Au réveil, c’est couvert au-dessus de nous. Mince alors, moi qui voulais faire une randonnée, si c’est pour avoir la tête dans les nuages en grimpant… C’est pas le plus motivant ! On va bien voir ce que ça donne sur place… Et j’ai bien fait encore une fois, car sitôt passé le premier tunnel, le ciel est d’un seul coup dégagé et la journée s’annonce sublime ! On va donc pouvoir s’équiper et rechausser les chaussures de randonnée. D’ailleurs il faut que j’en trouve de nouvelles car mes « moonboots » ont leur limite, elles ne sont pas vraiment adaptées !
Avant de prendre la direction du Parc National de Snowdonia, je fais un stop dans un petit village au nom imprononçable. Oui clairement, imprononçable. Si je vivais là-bas, je ne sais même pas si je saurais l’écrire sans faire de faute ! Le mec qui l’a créé a dû vouloir placer toutes les lettres du Scrabble à la queue-leu-leu, sans grande conviction ! Nous avons atterri à : Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch.
Il faut savoir qu’avec ses 58 caractères et 51 lettres (le « ch » et le « ll » ne comptant que pour une seule lettre dans l’alphabet gallois), ce nom de ville est le plus long d’Europe ! Bah au moins, j’espère ! Mais le plus long du monde se trouve en Nouvelle-Zélande (Taumata-whakatangihanga-koauau-o-Tamatea-haumai-tawhiti-ure-haea-turi-pukaka-piki-maunga-horo-nuku-pokai-whenua-ki-tana-tahu) !
Tout bêtement, je me suis dis qu’en automne et en pleine semaine, ce serait tranquille pour randonner… Même si le sommet pouvait être convoité ! Loin de moi l’idée de trouver un parking complet et uniquement sur « pré-réservation ». Par chance, je suis tombée sur des locaux super sympa qui m’ont indiqué une alternative bis pour éviter de débourser entre 20 (parking de Pen-y-Pass) et 50 (auberge de Pen-y-Pass) GBP pour la journée !
La solution est donc de se rendre un peu plus bas dans la vallée, exactement à Nant Peris, sur un grand parking aménagé (53.1026011, -4.0822702). Sur place le prix pour 12 heures est de 5 GBP (~5,75 EUR). En prime, un bus assure la liaison jusqu’en haut du col pour 3 GBP aller/retour par personne avec des tournées toutes les 15 minutes. Les chiens sont gratuits et bien volontiers acceptés. En témoignent le nombre de poilus présents ce matin là. Super option donc !
Nous avons donc emprunté ce bus entre Nant Peris et Pen-y-Pass et eu l’opportunité d’être à l’étage d’un bus typique du coin. Un peu flippant dans les lacets, mais une chouette expérience. Ce fut aussi l’occasion de discuter avec une jeune australienne en voyage en Europe et une petite mamie que j’ai recroisée sur le trajet retour le soir « alors cette balade ? » ! Nous descendons au départ de la randonnée (53.0805160, -4.0205877) afin de profiter pleinement du beau ciel bleu de cette nouvelle journée !
Nous démarrons donc notre ascension autour de 10h45 en empruntant le Pyg Trail. J’avais initialement repéré une boucle dénommée « Horseshoe Bend » mais je me suis craquée dans l’aiguillage et je pense que le dénivelé aurait été tout autre ! Pas grave car vraiment, cette randonnée nous en a mis plein les yeux, c’était sublime… Elle rentre, je pense dans mon Top 5 des plus belles. Je sais pas trop les agencer d’ailleurs mais y’a les Dolomites, Torres del Paine et le Fitz Roy qui sont aussi dans celui-ci !
L’ascension commence fort puisque nous empruntons des escaliers aux marches irrégulières dès le départ, et celles-ci nous cassent bien les pattes ! Ce que nous pensions être le Snowdon (la plus haute montagne visible) n’est pas du tout celui-ci en réalité. Il s’agit du Crib Goch. Nous le contournons pour découvrir de superbes lacs en contrebas, une véritable claque visuelle. Je me régale de ces paysages. Mais l’ascension est encore longue et bientôt c’est Disneyland. Les pentes deviennent plus raides et le sentier plus technique, alors ça crée des bouchons. Heureusement, N’Lou n’est jamais épuisé et grâce à lui et au harnais que je porte, nous doublons pas mal de monde. En prime, j’ai sorti les bâtons et ça m’aide bien !
Après une belle ascension, nous parvenons au « point de bascule » ! La vue nous offre un point de vue à 360 degrés avant d’attaquer le tronçon final jusqu’au sommet. Et là je comprends mieux tout le monde : un train à crémaillère monte jusqu’au sommet. Ça doit coûter trois reins, et ça ne me serait pas venu à l’idée. La montagne, ça se mérite. Mais du coup, c’est carrément l’autoroute de vacances à présent 😅 !
Nous poursuivons sur notre lancée et parvenons enfin au sommet du Mont Snowdon qui culmine à 1085 mètres. Alors comparé à nos Alpes et nos Pyrénées, ça ne paraît pas fou… Mais le paysage n’a pourtant rien à envier à nos alpages français : c’est magnifique ! Seul un truc me chafouine : ces personnes sont-elles particulièrement organisées et respectueuses ou fait-on réellement la queue pour prendre une photo sur la balise au sommet ? Je me laisse tenter pour admirer la vue, mais en réalité, elle est bien plus belle 3 lettres en-dessous !
Le sommet s’est mérité alors nous faisons une pause pique-nique avant de nous soucier de la suite du parcours. J’étais partie pour entamer une boucle sur la redescendre, mais plusieurs personnes m’en ont dissuadé. Elles n’étaient pas certaines que j’emprunte le bon chemin pour retourner au parking de Pen-y-Pass. Dans le doute, je remonte au sommet et réemprunterai le même accès qu’à la montée. La queue s’est agrandie depuis et je fuis la foule pour redescendre au plus vite.
Sur le chemin du retour, nous sommes rapidement solos avec N’Lou ce qui me permet de le lâcher pour qu’il puisse vaquer à ses occupations de reniflage. Il vit sa meilleure vie et je profite qu’il n’y ait ni randonneur ni mouton pour le laisser profiter pleinement. Des promeneurs finissent par le voir et me lâchent « il est pas fatigué lui on dirait ». Non jamais. Je leur réponds « Et quand on sera à la voiture, il me réclamera sûrement une balade ! ». Retour au bercail après un peu plus de 4 heures d’effort pour 12 kilomètres et 800 mètres de D+ ! C’était un vrai kif et ç’aurait été dommage de passer à côté…
Alors que je grimpais ce Mont Snowdon, je me suis dit « si j’arrive là-haut, ce soir c’est camping ! ». Un petit défi personnel juste pour la forme car c’est décrété : j’ai besoin d’une machine à laver et d’une bonne douche bien chaude pour compenser les toilettes à la sauvette au gant ! J’ai donc mis le cap sur un petit camping à la ferme déniché sur Park4night : Talymignedd. Le prix donné n’est pas excessif : 10 GBP par nuit et par personne, chiens acceptés et surtout une machine et un sèche-linge pour 2 GBP chacun. Feu ! Ça me va.
Sur place, quand je découvre que je débarque dans un lieu un peu perdu, je prends peur : vont-ils accepter la carte de crédit. Pas vraiment mais ils sont ok pour un virement bancaire. Mais quand ils voient que j’ai un compte étranger, les prix augmentent car ils ont peur de se prendre des commissions. Je les assure que non et finalement je m’en sors pour 19 GBP la nuit, machine et sèche-linge compris. Ça fera le job et je suis très contente ainsi. L’endroit est parfait, perdu au cœur des montagnes, et c’est juste ce qu’il me fallait.
Je file à la cuisine / laverie, me change en vitesse, enfourne mon linge, file à la douche (pas très chaude), me sèche les cheveux sous le sèche mains et en profité ensuite pour faire un grand ménage dans le van ! Je suis propre, le van aussi, le linge bientôt ! Je termine ma soirée en discutant un bon moment avec un couple d’anglais immigrés au Pays-de-Galles. Bonne ambiance avec ces deux-là, qui me partagent de belles histoires et des bons plans pour la suite… Let’s see ! En attendant, un gros dodo s’impose. Et ce soir, pas de burns à craindre dans le coin ! 😍