Il est 05h00 et nous sommes (déjà) de nouveau parés pour chausser nos chaussures de rando. Le réveil fût moins difficile que la veille, car cette fois-ci, bien claqués de la journée d’hier, nous nous sommes couchés vers 21h30 et nous avions nos los très peu de temps à nous endormir pour refaire la montée du Fitz Roy avec Morphée.
Nous procédons de la même manière que la veille, c’est-à-dire en bougeant sur le parking de la randonnée pour ne pas réveiller « tout le quartier » avec nos claquements de porte coulissante… d’autant plus que cette dernière souffre beaucoup avec la poussière et les grains de sable qui entravent son coulissement. Et c’est Marine, à peine réveillée, qui nous y conduit alors que je suis encore derrière en train d’émerger et essayer de me changer malgré les secousses (rassurez-vous on parle de 3-4 kilomètres maxi).
On ne change pas nos habitudes, un vrai petit-déjeuner de sportifs : boissons chaudes, céréales, bananes, fruits secs et croquettes (ça c’est pour le chien) ! Histoire de ne pas perdre trop de temps le matin, nous avons mis au point une petite check-list par sac pour être sûrs de ne rien oublier et chacun sait ce qu’il a à embarquer (répartition du poids et des volumes oblige).
A 06h05, nous sommes déjà au pied du sentier, lampes frontales allumées (cependant la mienne, qui faisait des siennes la veille, m’a définitivement lâchée… un problème de faux contact je pense, nous essaierons de voir à décathlon Santiago si la garantie fonctionne dans ce pays).
Nous partons tranquillement… Tous les trois cette fois-ci. La nuit paraît encore plus noire que la veille du fait du ciel bien couvert. Cela rend notre avancée un peu plus effrayante… Nous apercevons des yeux jaunes phosphorescent nous observer de loin avec crainte (principalement des chouette) et aussi des insectes voler (j’imagine la joie de Marine qui doit prendre sur elle avec les papillons tandis qu’elle avance derrière moi) !
Nous passons un premier mirador de nuit où une cascade est supposée être visible mais nous passons notre chemin car le jour se lève à peine et nous ne voyons rien pour le moment… Au second mirador, par contre, le lever de soleil est déjà bien avancé et nous pouvons déjà apercevoir, certes dans la brume, le sommet du Cerro Torre. Un sommet aux deux cornes de diablotin (selon moi) que l’on peut comparer aussi à la tour du Mordor (selon Marine) ou encore au chanteur M (selon Alex).
Nous profitons du calme de l’aube pour attendre que les nuages cachant le sommet se dégagent un peu pour avoir LA prise de vue de la journée ! Mais rien n’y fait, les cumulus s’enchainent, nous devons continuer à avancer pour rester chauds et Loulou, lui, est rapidement impatient en début de journée avec une jauge d’énergie encore à 120%… Il exprime déjà son agacement en expérimentant, tel un adolescent grommelant, de nouveaux « bruitages » chaque jour…
La randonnée, avec ses 600 mètres de dénivelé positif sur une vingtaine de kilomètres aujourd’hui, nous paraît easy et aucune marque de sueur n’apparait pour le moment. Les chemins poussiéreux laissent rapidement place à la forêt où nous croisons enfin une première personne. Elle nous commente directement en anglais « attention avec votre chien, il y a un lapin mort juste après ». On fait gaffe mais on ne croise rien. Marine se retourne pour me dire « Je sais pas où elle l’a vu son la-aaarrrgh » ! Bon bah elle l’a trouvé à priori. Une mort nette et propre en plein milieu du chemin, pauvre petite bête !
Finalement, on enchaîne sur un chemin caillouteux et plus technique qui semble être un ancien lit de rivière et l’attention est omniprésente pour ne pas se taper un gros galet sur le bout du pied (malgré cela, vous vous doutez que c’est arrivé… plusieurs fois) !
Le dixième kilomètre, qui marque la fin de l’ascension et la vue sur la Laguna Torre, arrive super vite. Nous pouvons déjà voir les premiers icebergs (los tempanos) flottant cette fois-ci dans une eau plutôt marron. Ceux-ci sont directement issus du Glacier Torre que l’on aperçoit plus loin. Nous ne nous arrêtons pas là et continuons la montée vers le final de la randonnée : le mirador Maestri.
Ce mirador est nommé comme le premier alpiniste à avoir atteint le sommet du mont Torre en 1959, bien que cet exploit ait été contesté deux ans après par des observateurs qui trouvent beaucoup trop d’incohérences dans le récit de son exploit. Suite à cela, de nombreuses tentatives ont échoué avant que la montée du Torre dans sa globalité soit validée en 1974, toujours par ce même Maestri.
Il faut savoir que sur les 100 derniers mètres de l’ascension, des pitons ont été posés par Maestri et ses compagnons à l’aide d’un compresseur de 180 kgs… Depuis, cette voie d’ascension a été nommée la voie du compresseur. Cependant il enlèvera ses pitons dans la foulée pour empêcher que d’autres alpinistes ne lui volent la vedette en voulant se rendre sur un glacier encore plus haut… Un livre a été écrit sur ce sommet mythique, grimpé pour la première fois en escalade libre, seulement en 2012, par David Lama, un autrichien !
Il est un peu plus de 09h30 lorsque nous atteignons notre point de vue. Les nuages sont encore très présents mais ne nous gâchent que très peu le spectacle. C’est l’heure de la pause déjeuner… avec au menu cette fois-ci, une salade riz-thon-maïs-concombres-tomates-œufs ! Un régal !
Nous traînons un peu moins qu’hier car le vent est bien présent. Sur le chemin du retour, nous croisons un jeune couple de français, eux aussi en périple d’un an, qui s’attaqueront dans deux jours au grand trek du parc « trek huemul » sur 4 jours avec un beau dénivelé et un passage en tyrolienne. Exactement ce que Chrys et Alex ont réalisé avant que nous ne les retrouvions, le tout en complète autonomie. Courageux !
La descente marquera aussi l’apparition des premiers rayons de soleil et nous aurons en bruit de fond des effondrements de glace, voire même des avalanches, non visibles mais bien détectables à l’ouïe, un peu plus loin dans le parc. La descente peu technique, se fait longue avec l’intégralité des paysages dans notre dos, ce qui ne la rend pas fantastique…
Et encore moins quand nous sommes interpelés par une garde forestière très désagréable. Celle-ci nous demande de nous expliquer sur le fait que nous soyons avec un chien dans le parc et d’où nous venons. Marine lui explique que nous avons eu l’autorisation et que nous ne serions pas là si cela n’avait pas été le cas et que nous étions au mirador Maestri. Elle nous explique alors que si nous sommes accompagnés d’un chien, nous ne pouvons pas faire les sentiers dans leur intégralité, que là nous n’avons pas respecté en allant jusqu’au mirador le plus haut. S’ensuit tout un discours sur la faune, que le chien pourrait faire peur aux animaux et blablabla.
En gros, le chien est fautif dans le sens où personne ne verrait d’animaux sur la journée ! Elle met beaucoup de choses sur le dos du chien, attaché à Marine et assis dans un coin (fatigue aidant)… bref un peu trop à notre gout et surtout impossible à Marine d’en placer une ! À croire que le paquets de touristes qui traversent le parc de camping en camping, laissent traîner leur PQ dans la forêt tout comme du plastique (soyons réalistes), eux ne sont pas responsables des dérèglement de la faune…
Après un appel à l’office de tourisme « je suis avec la française avec son chien, elle insiste… », Marine agacée s’est obligée de dire dans le micro qu’elle n’insistait pas et qu’elle n’appréciait pas qu’on la fasse mentir ainsi ! Marine confirme que nous nous présenterons à l’office de tourisme après notre descente pour refaire un point sur les randonnées auxquelles nous aurions accès… car jamais, il n’a été question de restriction !
Nous finissons donc nos 23 kms finalement un peu désabusés et filons donc à L’OT pour entendre ce qu’ils ont à nous dire. Marine aura une conversation très constructive avec une personne sur place qui s’excuse de l’erreur du parc de nous avoir pas plus encadrés quant à la faune et la zone de présence des animaux « huemuls » dits en voie d’extinction, dont la simple odeur d’un chien sur leurs zones de transit, pourrait déranger.
C’est beaucoup plus clair et on apprécie de tels échanges. Marine lui dira quand même que la nana a beaucoup manqué de tact sur le chemin en exprimant « vous n’avez qu’à aller ailleurs en vacances »… Message passé. La dernière rando nous est plutôt déconseillé vis à vis de cela. On a bien profité des deux premières et le temps doit se gâter dès le lendemain alors nous quitterons probablement ce parc national des glaciers. On se rassure en se disant qu’on a fait le principal et le plus beau, donc sans regret !
Nos efforts très matinaux nous laissent ensuite un après-midi relativement long pour sedoucher dans un premier temps, faire quelques courses pour notre dîner de ce soir avec Chrys et Alex puis chiller en terrasse avec un bon café, un chocolat viennois, une gourmandise à grignoter et profiter du wifi pour se mettre à jour sur 2-3 choses !
De retour sur notre spot camping iOverlander, nous nous atelons à la préparation de l’apéritif de ce soir mais aussi du dessert : crêpe party ! Après tout, c’est mardi gras en France et étant invités chez nos nouveaux amis français, nous ne pouvions passer à côté de cette tradition importante.
Posés ainsi au calme, cela nous a également permis de faire un brin de ménage dans le camion et finir la vaisselle qui traînait depuis notre réveil matinal… Oui à 6 heures du matin en gants et bonnets, on remet à plus tard tâches ménagères !
C’est vers 19h30 que nous sommes conviés à rejoindre l’emplacement 13 pour une démonstration de cuisson de pizza maison au KOBB (un système de barbecue portatif à cuisson au charbon). Les morceaux de charbon préchauffés sur le gaz (technique d’Alex pour accélérer le proxessus) sont ensuite placés dans le foyer de l’engin. Sur celui-ci, il est possible alors de placer divers accessoires accessoires selon ce que nous voulons cuisiner. Ce soir c’est donc la pierre à pizza que nous utiliserons.
En plein apéro, les gouttes tombant du ciel nous ont fait rapidement nous abriter dans leur camion, ainsi que le barbecue transportable. C’est ensuite avec appétit que nous dégustons ces pizzas qui ont vraiment un goût délicieux avec cette cuisson ! Un bonheur pour les papilles…
La soirée passe super vite, et nous les quittons avec regret vers minuit pour aller nous reposer. Debout depuis déjà 19h, nous nous endormons comme des pierres…à pizza ! Bien que N’Lou ait déjà depuis bien longtemps commencé sa nuit, dans l’allée du camion de Chrys et Alex… Ça devait lui sembler être un palace… vautré comme un pacha sur leur parquet !
Zzz… Au dodo !
2 Comments
Bravo les rangs d’honneur !! Et super pour avoir pris le coup de boire à la régalade pour N’Lou 👏
Les photos d’hier étaient magnifiques (faute d’avoir pu commenté le post) et une pensée pour Chrys qui n’avait pu en être.
Merci pour ces magnifiques photos et encore bravo pour ces ascensions 👍que de paysages magnifiques. Bisous à vous trois et à plus ❤️❤️❤️❤️