Norvège | De Stordal à Molde

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Encore un matin…

… pas vraiment « un matin pour rien » mais un matin compliqué ! En ce mardi 05 juillet 2022, nous nous réveillons après une grosse grasse matinée. En effet, il est 09h15 quand nous ouvrons tous les yeux en même temps. N’Lou est encore bien assoupi dans mes bras et cette grosse nuit nous a fait du bien à tous… Malheureusement, la pluie est toujours de la partie et on ne sait pas trop comment gérer la chose. La tente est un peu humide de l’intérieur, mais ça devrait le faire…

On remballe une partie des affaires, je file prendre une bonne douche et me laver les cheveux (hier soir ils n’auraient jamais été secs) et place au petit-déjeuner. Pour la suite… Damien est d’avis d’avancer, moi j’ai du mal à me prononcer. Enfiler des affaires encore mouillées de la veille pour rouler sous des trombes d’eau, j’ai connu plus motivant comme programme. Mais rester coincés sous la tente humide ou dans le local vaisselle du camping, pas mieux non plus.

On replie donc le reste des affaires pour les mettre dans nos sacoches et finalement bouger après avoir au mieux fait sécher ce que l’on pouvait… et rechargé nos batteries (pas celles des vélos hein, on en a pas) ! C’est ainsi que nous décollons à midi tapantes, plus motivés que jamais… pour moi c’est dur dur et je ne suis pas du tout prête à rouler sous la pluie. On fait 2-3 emplettes et c’est parti, capuche sous le casque vers l’étape du jour.

“J’y vais mais j’ai peur” !

Nous quittons la ville de Stordal pour nous engager sur la route vers Molde. Pour nous y rendre, nous avons une belle côte de 8 kilomètres (oui c’est souvent 8, mais jamais la même hein) avant une descente du même acabit et du terrain plus plat jusqu’au ferry. Ce que nous n’avions encore une fois pas intégré et qui pourtant a son importance : c’est que l’on a encore des tunnels sur notre route !

C’est donc reparti pour deux tunnels dont un très peu éclairé. On fait du mieux qu’on peut mais quand c’est en côte, pas toujours facile d’appuyer plus fort. Damien me dit “Allez appuie, allez Marine”. “Mais tu crois que je trie des lentilles ou quoi ?”. Rassurez-vous nous ne sommes pas au bord de la séparation. Mais on en “chie grave” parfois et c’est loin d’avoir été la seule difficulté de la journée… L’avantage aux tunnels s’il faut leur en trouver un, c’est que l’on est dans le noir mais au sec au moins !

Nous enchaînons sur une sacrée montée dont les côtes en montagnes russes ne cessent de se dessiner au fur et à mesure de notre avancée. Je sais qu’elle va être longue celle-ci, mais en plus, il faut donner de sa personne pour passer les bosses. La pluie continue de tomber et ruisselle sur nos visages. Le casque crée un goutte à goutte et sous le tee-shirt c’est la sueur de l’effort qui fait le job… C’est comme si vous y étiez mais assis bien au chaud quelque part avec le téléphone entre les mains, ou la souris sous la main…

La limite entre courage et connerie ?

Bientôt, la route laisse place à un chemin “gravel” où nous laissons les chiens galoper tandis que nous jouons toujours avec les pédales. On a l’impression de monter en force. Damien se met en danseuse, mais l’effort est difficile, la pluie toujours présente. Heureusement, en haut de la côte on trouve une porte d’une cabane ouverte. Juste de quoi se mettre à l’abri le temps d’avaler un sandwich. Mais là pas question d’enlever nos vêtements, ni nos casques : c’est une pause express sans se refroidir davantage, il faut enchaîner !

Nous attaquons la descente en ayant les mains mouillées et bientôt frigorifiées par ce temps. Au sommet, la température était de 8 degrés et nous descendons à présent à vive allure, les mains crispées sur les freins… Ces plaquettes il va d’ailleurs déjà falloir les changer, leur efficacité devient limite. On s’encourage, on fonce tête baissée, en luttant contre la pluie, le vent et le froid. Plus vite ce sera passé, mieux ce sera.

Après un stop rapide pour éviter le gros de l’averse, nous appelons le camping de Molde pour demander s’ils ont des petites cabines dispo (« hytter » en norvégien). Oui et la plus petite revient à environ 500 NOK (50€) la nuit. Allez feu. On a à présent un objectif : encore 16 kilomètres plus ou moins plats et vent dans le dos avant un ferry + 4 kilomètres après celui-ci. On ne demande pas notre reste on fonce !

Lavage et séchage à la norvégienne

En chemin, nous retrouvons ENFIN l’eurovélo, que nous avions perdu, on ne sait trop quand… Probablement en bifurquant vers Førde d’où nous avions ensuite décidé de rester dans les terres. Et l’on doit dire que ce choix était judicieux car il nous a permis de voir de bien beaux paysages sur les derniers jours. Allez, le terminal ferry n’est plus loin. Nous n’avons pas les horaires mais nous espérons qu’il y aura des départs réguliers.

Dans un grand virage où je suis en tête je vois le départ « Molde, 1 min » se transformer soudain en « nå » que j’estime vouloir dire « maintenant » ! Je crie à Damien de se dépêcher, une voiture nous double à vive allure et je fais des signes de la main au petit monsieur dans le bateau ! Il a le grand smile et me répond par un signe qui signifie « allez allez, plus vite » ! Ouf, on attrape le bateau qui referme sa porte et démarre aussitôt.

Le prochain était dans 25 minutes mais c’est un petit plaisir qu’on apprécie ! Il est 17 heures et nous serons au camping après la traversée… dans le timing escompté. Après la pluie, c’est le vent qui prend le relais. J’ai l’impression qu’on a passé la journée dans un lavomatic pour voiture… le lavage à l’eau, le séchage à l’air ! « On va arriver sec au camping » me lance Damien !

Je ne suis pas le bon pigeon mec !

Nous voilà au camping ! Je fonce à la réception et m’annonce suite à la conversation téléphonique : « Oh Marina France ». Oui c’est presque ça ! Le mec accepte que l’on checke la cabine avant (avec le souvenir de Copenhague on se méfie maintenant). Je valide et je demande le prix exact. Et là, il m’annonce 850 NOK (85€). Euh c’est pas du tout ce que m’a dit ton collègue au téléphone.

« Ah bon ». Ouais ah bon ! Bizarrement les prix tentes et camping-car sont écrits sur la fiche tarif, mais c’est blanc en face des cabanes. Je lui fais part de l’échange téléphonique de 15h avec le collègue. Il l’appelle. Ils parlent en norvégien et il me dit « bah ok du coup je vais modifier le prix pour mettre à 500 NOK ! ». J’y croyais plus… Mais très bien et d’ailleurs on va rester deux nuits (le site web annonçait 625 NOK la nuit + un forfait ménage obligatoire de 60 NOK).

Pour la douche, il me donne deux jetons gratuits offerts avec la cabine. Je dis « ah une douche par nuit, donc 4 jetons non ? ». Avec l’air blasé, il m’en donne 4… et on paye aussi une machine et un sèche-linge pour 100 NOK (10€). Avec tout ça, repos assuré et en prime on va sentir bon en repartant ! Toutes les affaires sont toujours trempées alors ce ne sera pas un luxe…

La meute au repos !

Nous nous installons dans notre petite cabine de 9m2 (grand max) aux airs de colonie de vacances ! On va être bien sur nos lits superposés ! Avec Damien, on prend celui du haut et les chiens celui du bas… Après une rapide installation, nous filons au supermarché du coin pour quelques courses combinées à la balade des chiens.

Quand j’arrive pour payer, la caissière est en train de montrer Damien et les chiens à sa collègue en mode « trop bizarre ce mec dans le hall ». Vous en faites pas les meufs, c’est mon conjoint. Il pleut dehors, on est à vélo, tout va bien se passer ! 😅

Allez, petit apéro bien mérité avant de se remplir le bidon de poulet et de riz. Les affaires de fin de journée au supermarché c’est la vie : les DLC courtes du jour sont en promo, sûrement avant de finir à la poubelle… On pourrait ressortir à 22 heures pour vérifier ça. Mais la pluie bâtante nous en dissuade… Aller aux toilettes sous la pluie à l’autre bout du camping relève déjà de la mission commando ! Alors au lit à présent : un bon matelas, une couette et des draps propres. Un plaisir simple en France et pourtant tellement apprécié en voyage à vélo…