À situation exceptionnelle, récit exceptionnel. Alors que Marine arrêtait son récit de la veille à minuit, je reprends celui du jour à 00h01… Oh là là… Le suspense n’est pas terminé ? Eh bien non !
Nous venons tout juste de nous poser dans notre espace réduit et de s’allonger en vue de commencer notre nuit, tassés à trois sur cette place minuscule de lit. C’est alors qu’une voiture roule au pas dans notre rue. La ville est supposée être en confinement et donc il ne devrait pas y avoir de véhicule à circuler. Merde… ça doit donc être des flics ! Bien cachés dans notre camion, nous retenons notre souffle et calmement, nous faisons en sorte que N’Lou n’aboie pas histoire de ne pas se faire contrôler une nouvelle fois… Marine lui tient le museau, lui caresse la tête et lui chuchote à l’oreille d’être sage. Il étouffe quelques grognements malgré tout…
L’attente est longue et nous n’entendons pas de porte claquer. C’est après 10 longues minutes que la voiture redémarre et passe son chemin… La délivrance ! Sans doute un confrère hors-la-loi. Nous tentons tant bien que mal de trouver quelques petites heures de sommeil bien précieuses histoire d’avoir une dernière source d’énergie pour achever notre mission « Flybakom » (Fly back home quoi).
Je me réveille frigorifié peu avant 05h00 du mat, heure à laquelle notre réveil est programmé. Pourtant je ne me sens pas si fatigué… Nous attendons quelques minutes, histoire d’assurer le coup en cas de contrôle des forces de l’ordre. Mais à 05h10 pétantes, on prendra la direction de l’aéroport. A quelques centaines de mètres de notre lieu de dodo, nous tombons déjà sur un barrage installé par les carabineros. Nous y sommes bien sûr arrêtés pour donner notre raison de circuler… La phrase magique nous laisse passer sans problème : « Nous allons à l’aéroport pour un rapatriement en France ».
Après 30 petites minutes de route, nous atteignons l’aéroport. Nous nous garons sur un parking, un peu avant, afin de finir d’organiser nos bagages, nourrir Loulou et lui permettre de se dégourdir après la nuit. Même si cette nuit, il n’était pas le plus à plaindre, étalé comme un pacha avec les quatre fers en l’air. Marine pourra alors filer au parking sur lequel sera garé notre van durant notre absence, après m’avoir jeté au passage au terminal avec le chien, sa cage et nos bagages. Ce sera plus simple que de tout se trimbaler dans la navette entre le parking et l’aéroport.
Seule, Marine, ira protéger notre maison tandis que j’accède à la zone des terminaux, avec déjà quelques voyageurs en attente. Il règne ici un air de fin du monde. Chacun à son masque, certains ont des gants, et tout le monde maitient ses distances (tant mieux). Bon par contre soyons honnêtes y’a certains masques qu’on croirait tout droit sortis de jeux vidéos où une guerre nucléaire serait de mise…
Je me mets donc dans mon coin avec Loulou et observe les voyageurs. Ayant le wifi, je reste connecté avec Marine pour savoir comment cela se passe. Et bien voilà, elle a déjà loupé un embranchement et s’est pris un péage et 18 kms de détour dans la vue. Au cours de mon analyse des voyageurs, j’aperçois déjà quelques français qui doivent prendre le même vol que nous. Je peux déjà mettre ma main à couper que personne ne sera en retard aujourd’hui pour ce dernier transfert.
Une petite heure plus tard, Marine est déjà de retour. Elle a pu revenir avec une navette gratuite du parking. Pas de temps à perdre, nous filons à la SAG, une organisation de l’état, qui va certifier le certificat de bonne santé de notre chien, fait la veille avec le vétérinaire. Un bureau se trouve dans l’aéroport même. C’est censé ouvrir à 09h00 mais la porte comporte seulement « douanes ». Alors même s’il n’est que 07h30, nous tentons notre chance pour ne pas perdre de temps si ce n’est pas le bon endroit. Nous avons déjà eu du mal à arriver jusque-là, car peu de personne savent de quoi il s’agit…
Quelqu’un répond ! Mais ça se complique lorsqu’il nous dit qu’aucune personne ici n’est vétérinaire officiel pour tamponner notre attestation. Je sens la peur dans le regard de Marine… Il nous rassure rapidement en nous disant qu’il faut aller ailleurs mais nous n’avons plus le camion et il a du mal à nous expliquer où nous rendre. Marine décide donc de s’y rendre en taxi, tandis que je resterai une nouvelle fois sur place avec N’Lou.
Le déplacement de Marine d’après son retour : de bon matin le taxi a essayé d’embobiner Marine sur le prix de la course ! Ah mais mon coco, ce petit bout de femme là n’est pas vulnérable et n’essaie pas de jouer au con… Il a voulu se faire payer une course sans forcément montrer le compteur en exprimant que 10000 pesos (10,56€) ce sera bien. Mais ça on ne le fait pas à Marine qui lui demande de montrer son compteur pour payer le véritable prix qui était finalement de 7000 pesos (8,09€)… pour 3 kms au final. Elle était déjà décidée de rentrer à pied à ce moment-là.
Bien arrivée à la SAG, elle a eu l’impression de débarquer comme un cheveu sur la soupe devant la personne sur place. Il lui demande de patienter jusqu’à 09h00 alors qu’il est 08h15… Marine a dû utiliser son arme fatale pour qu’il change d’avis : le rôle d’une touriste française à bout de nerfs en faisant couler quelques larmes pour que celui-ci ait pitié et lui signe le papier ! Bien joué meuf. Il s’est levé immédiatement, lui a dit ok qu’il ferait le papier mais qu’il fallait qu’elle cesse de pleurer ! Et voilà comment en quelques minutes, il l’a délesté de 15000 pesos (17,34€). Elle reviendra donc à pied des bureaux pour ne pas encore se faire arnaquer par les taxis locaux.
A son retour, la faim se fait sentir et nous déciderons donc de nous faire un dernier petit-déjeuner local avec nos pesos : café et empañadas. Cela nous aidera à attendre patiemment l’ouverture des comptoirs pour nous enregistrer sur le vol tous les trois. Car avec un animal de compagnie, on peut oublier l’enregistrement en ligne, il est tout simplement impossible.
Cela se fera à autour de 10h30 au lieu de 12h. Ça nous a permis d’éviter la foule car à l’info donnée par des compatriotes français, rentrant eux aussi sur l’hexagone avec leur chien adopté en Colombie (du coup c’était quoi le sketch d’Air France sur pas de chien ???). Ces mêmes voyageurs nous rapporteront une histoire malheureuse qui est arrivée hier à des touristes. Ceux-là ont abandonné leur chien à l’aéroport car il n’avait pas été accepté sur le vol au dernier moment. Ce chien, nous l’avions repéré un peu plus tôt dans la matinée, complètement paumé en pensant qu’il s’agissait d’un des nombreux chiens errants du pays. Une histoire triste qui en dit long sur la nature humaine et qui s’accentue en temps de crise…
Si nous en revenons aux comptoirs, ces bureaux ouverts un peu plus tôt, nous permettent de nous enregistrer facilement avec le chien. Le monsieur qui nous reçoit est adorable et nous dira que l’on peut revenir avec N’Lou au dernier moment sans faire la queue avec la cage, soit vers 14h30 pour le faire monter dans l’avion. Et voilà tout est ok : le vol est validé, on a nos sièges et tout est ok pour N’Lou aussi ! D’ailleurs ses certificats n’ont même pas été vérifiés, ni les normes de la cage. Cela en valait bien la peine de se démener autant…
Il faudrait une catastrophe maintenant pour que nous ne puissions pas revenir. Nous retrouverons un peu plus tard nos amis Margaux et Gautier qui faisaient partie des irréductibles du campement pour partager un dernier moment d’échanges avant le vol et nos séparations.
Un dernier pipi pour le chien et il est déjà temps d’embarquer pour lui. Nos séparations sont toujours aussi émouvantes quand on le voit partir dans sa cage sur le tapis roulant… mais ce chien est rodé maintenant. Après tout, c’est déjà son 8èmevol. Et mieux encore, ils seront 4 chiens sur le vol… Je vous laisse imaginer les parties endiablées de belote pendant la traversée.
Pendant ce temps, nous filons à la douane pour contrôler nos bagages à main et réaliser nos tampons de sortie du territoire avant de rejoindre les portes d’embarquement. Nous retrouverons dans cet espace nos amis Lise et Sam (@Samfaitrouler, aussi l’auteur de « Avance bordel »), deux voyageurs rencontrés à Punta Arenas qui ont décidé de rentrer aussi. Notamment pour les problèmes de santé de Sam qui, si vous suivez bien, est un voyageur tétraplégique en fauteuil, en tour du monde avec son camion tout adapté et son amie.
Nous avons encore une grosse demi-heure avant le vol, Marine part donc dépenser nos dernier pesos chiliens (oui y’en avait encore après le petit-déj). Elle reviendra après un gros quart d’heure chargée de deux sacs de fast-food qui ont forcément dû coûter plus que ce qu’il ne nous restait… mais la faim a parlé comme on dit et on a bien apprécié les énormes burgers et leurs frites !
A 16h00, nous embarquons finalement, avec au passage un remerciement à l’équipe qui font ce voyage sur la base du « volontariat » car beaucoup de stewards et hôtesses ont exercé leur droit de retrait pour éviter ces vols à risque. Nous ne pouvons que trop remercier ces personnes qui ont assuré leur service dans des conditions pas si évidentes pour un métier quand même très humain.
L’avion est plein à son maximum… et cela nous vaudra 01h30 de retard au décollage afin de finir le plein de carburant et le chargement des bagages des derniers ressortissants français à rentrer. On décollera finalement vers 18h00. J’entamerai directement une petite sieste de satisfaction et je crois que mon cerveau s’est directement mis en veille comme après une grosse journée de sport. Marine, elle, se relaxera, avant de diner, avec le troisième volet du Seigneur des Anneaux qu’elle connait par cœur… tout écrivant notre journée passée !
L’heure de manger arrive vite, après que nous ayons passé une grosse zone de turbulences… Turbulences qui d’ailleurs nous suivront tout du long du vol. Au menu : taboulé – Poulet et son accompagnement de riz et courge puis un kiri orange au cheddar et un cake. Le service d’Air France n’est pas « au top niveau » sur ce vol d’après les infos que nous captons. Le vol a été affrété au dernier moment en cet état d’urgence et cela a le malheur de ne pas satisfaire certains clients… qui se plaignent ne pas avoir de vin rouge mais seulement du vin blanc… Nous n’avons pas tous les mêmes priorités.
Quant aux gens, encore une fois, c’est du grand n’importe quoi pour certains. Les annonces sont claires : ne limiter les déplacements dans l’avion qu’au strict nécessaire. Et que je me lève, et que je papote, je crache et je tousse dans l’aller… Merci les gars, c’est cool de voir que chacun est un peu censé et respecte les règles pour le bien-être de tous…
Marine s’endormira directement après le dessert, tandis que moi, après la sieste, il me reste assez de forces pour m’enquiller, non pas du vin car il n’y en plus, mais deux films, dont « Au nom de la terre », tourné en Mayenne, pour la transition lente… Bon c’est vrai que j’aurais pu trouver plus joyeux pour ce retour, mais j’étais ravie de revoir mes paysages d’enfance.
Un dernier dodo mouvementé (toujours nos turbulences) avant de retrouver ma « douce » France !
5 Comments
Flybakom, la prochaine série de Netflix qui va tout déchirer au box-office !! Il y aura même un chien dedans 👧🏻🧔🐶✈️🤘
Merci pour ces dernières nouvelles,il ne faut pas avoir les deux pieds dans le même sabot, comme disait ma petite maman.Mais là tu es servi Damien ça bouge rapidement avec Marine pas le temps de réfléchir ´c’est tout tracé d’avance, il faut juste arriver à suivre. Bisous bisous
Merci pour ces nouvelles…… Nous avons depuis des nouvelles de vive voix !!!gros bisous aux confinés de la Mayenne 😂😂😂😂😂
[…] Stoppés nets dans notre élan de tour du monde au beau milieu du Chili, nous avons regagné notre patrie avec pas mal d’avance sur notre planning ! Et qui plus est, confinés non pas chez nous (nous avions des locataires) mais chez le frère de Damien. […]
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