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Le réveil sonne et ce matin, il est pour moi celui-ci… J’ai eu la bonne idée (qui n’en est plus une à cette heure matinale) de dire à Damien que j’essayerai bien de monter en partie le Mont Ventoux. Mouais. Je me suis mis cette idée dans la tête mais je sens que mes jambes et mon mental vont vite le regretter. Et si je déçois Damien en plus qui semble croire en moi ?
Bon, ce n’est pas tout mais il y a encore un brin de ménage à faire dans notre hutte avant de pouvoir filer vers Sault à 40 minutes de là. J’ai l’impression de ne servir à rien sur le camp de base, alors je file me charger de la vaisselle ! Et bientôt, on prend la route.
Le mot de Damien : À mon tour de prendre la casquette du supporter, team support, gardiennage chien… Car aujourd’hui c’est Marine qui va s’elancer pour son premier semblant de col ! Elle a du tempérament cette nana, je vous le dis… Elle qui doit avoir à peine 300 kilomètres dans les jambes avec un véritable vélo de course (oui car les 1400 kilomètres de la Vélodyssée on ne peut pas vraiment les comptabiliser, c’est un tout autre sport, je vous assure !).
L’idée de départ c’est de partir de Sault, soit ma dernière montée de la veille… pour finir l’ascension au Chalet Reynard où les 6 derniers kilomètres vers le Mont Ventoux sont vraiment hardcore. Du coup, pour le reste, on repassera une prochaine fois !
Je sens Marine un peu stressée : elle me semble perdue dans sa préparation matinale ! Je ne sais pas vraiment si elle est capable de monter cette partie de 20 km qu’elle s’est fixée comme objectif mais je suis certain d’une chose… C’est qu’elle a la tête dure. Et ce Mont va avoir du fil à retordre et devra sortir tous les tours de son chapeau pour qu’elle ne puisse pas le grimper !
Ça y est, nous atteignons le village de Sault et nous galérons à trouver une place. Il faut que j’aille aux toilettes en plus… La reloue ! Damien finit par trouver une place un peu à l’arrache, c’est juste le temps de sortir et monter mon vélo car bientôt il reprendra le volant pour me devancer sur le circuit. Aujourd’hui lui et Loulou seront mes supporters. Chacun son tour finalement…
J’enfourche ma monture, je clipse mes cales automatiques et c’est parti… Ah non ce n’est pas par là. J’ai failli louper la bonne direction, pourtant le panneau « Mont Ventoux 26 km » n’aurait abusé personne d’autre. Ma montre est enclenchée et elle sera mon guide pour savoir combien de kilomètres il me reste pour atteindre le Chalet Reynard (20 km pour celui-ci) où je m’arrêterai pour la journée.
Damien et Loulou m’attendent un peu plus loin pour me voir filer à toute vitesse dans ces 2 premiers kilomètres qui en réalité sont de la descente… pour rejoindre ensuite les 18 kilomètres restants au cœur des champs de lavande avec une pente à 4,5% en moyenne.
J’essaye de réguler mon souffle et de trouver mon rythme. De toute manière, Damien était formel. : petit plateau et petite vitesse tout du long, qu’il me « suffirait » de mouliner tout du long. C’est donc ce conseil d’un homme avisé que je suis et que je rejoins bientôt un peu plus loin.
N’Lou avec la truffe et les oreilles passées par la fenêtre fait déjà son pignou pour m’encourager ou peut-être me dire que je ne vais pas assez vite à son goût. Ça a le mérite de faire se tourner quelques têtes sur notre passage et sourire les gens. J’annonce fièrement que c’est ma team de supporters qui est là avec moi.
Le mot de Damien : La première partie dans les champs de lavande me montre une Marine plutôt rassurante et rassurée qui monte à un train plutôt correct en tournant bien les jambes ! Je la croise dans les virages avec un souffle un peu court mais c’est le début et le corps doit s’y faire !
Je ne sais pas si je suis un très bon supporter mais je donne les conseils et les encouragements qui me semblent être les bons. En fait, c’est plutôt stressant d’être de l’autre côté de la barrière…Ça grimpe bien et elle reprend même une athlète belge ! Une vraie course ! Bon je lui dis quand même de ne pas se mettre dans le rouge pour doubler si elles voyaient d’autres candidates plus loin.
Je double toujours les mêmes coureurs en voiture qui doivent bien se douter que je supporte quelqu’un. D’ailleurs l’un d’eux m’a bien fait sentir que cela le gavait, tant pis car mois les râleurs je ne les calcule pas !
Je continue de grimper à mon rythme et je trouve que ça se fait bien, je pensais que ce serait plus difficile que cela. Les jambes suivent plutôt bien et dans ma tête je pense déjà à la suite… Est-ce que je tente le sommet ? Non, je n’y arriverai pas. Et je serai surement fatiguée à l’issu des 20 kilomètres.
Après 13 kilomètres au compteur, je me stoppe quelques minutes avec Damien pour faire une pause goûter. Du lait concentré en veux-tu en-voilà, un rapide pipi et je ne traine pas pour me remettre en selle avant que les jambes ne soient trop raides. Je garde bien en tête les reprises de la Vélodyssée après une pause déjeuner et des jambes raides comme des piquets, je ne veux surtout pas ça !
Je m’élance donc pour les sept kilomètres restants en gardant en mémoire qu’à un moment j’aurais une petite descente… Car l’air de rien hier en suivant Damien j’avais repéré le parcours ! C’est donc la partie qui se monte très bien et le Chalet approche. C’est quand même trop bête de s’arrêter en si bon chemin alors que le Mont Ventoux, ce n’est pas demain qu’on y remettra les pieds. Et après tout qu’est-ce qui m’empêche d’essayer ? Et si toutefois j’y arrivais ?
Le mot de Damien : Ma Marine avance super bien et je la vois débouler à chaque fois plus vite que prévu aux spots pauses où je m’arrête pour l’encourager.
Allez Marine, décide-toi, tu t’arrêtes maintenant au risque de ne pas repartir ? D’entendre Damien dire que c’est trop dur ? Où tu profites de l’élan pour amorcer la deuxième partie de la montée pour ces 6 kilomètres ultimes ? Je sors mon téléphone, poussée par un brin de folie et je fais une petite vidéo à l’attention de Damien : « Tu vas sans doute me voir passer et te demander ce que je fais mais je le tente… A toute ». De la folie pure à mon goût.
Le mot de Damien : Finalement, nous arrivons rapidement au fameux Chalet Reynard ! Je l’y attends pour la photo finish… Mais c’est le moment qu’elle choisit pour accélérer pour s’élancer dans la partie finale du col à plus de 8% de moyenne ! Elle me crie « on se retrouve là-haut ! ».
Elle est sérieuse là ?! Elle ne sait pas du tout dans quoi elle se lance. Je crois même à une blague au début… Mais je me dis que ce serait mal la connaitre ! Quel toupet !Bon bah Loulou, désolée mais on continue ! Il va falloir avoir les nerfs solides pour la supporter ! Du coup mon niveau de stress à moi passe un cran au-dessus, me remémorant déjà ma dernière montée difficile de la veille sur cette dernière partie.
Je vais essayer de me garer chaque kilomètre afin d’être au plus proche d’elle si elle en a le besoin !
Bon, je crois que je l’ai sifflé là le Damien. Il n’a pas eu le temps de comprendre quoi que ce soit que je le vois déjà remonter dans la voiture et me suivre avec Loulou. Je profite de mon élan pour doubler une autre nana par la droite tandis qu’elle grimpe sur le milieu de la route. D’autres me doublent, et certains même m’encouragent. C’est chouette et très appréciable !
Sur cette portion-là, je rencontrerai plusieurs photographes officiels et à priori le fait d’avoir le smile, ça leur plait ! L’un d’eux me fera même bien rire sur la fin en me disant « wow avec un vélo Décathlon, non mais avec ça t’es meilleure que tous les autres » ! Après tout, à quoi bon y aller en faisant la tronche, même si c’est difficile.
La portion est vraiment plus délicate et mes jambes luttent avec le pédalier pour le faire tourner. Chaque tout de pédale me fait avancer et j’ai l’impression de progresser mètre par mètre à toute petite allure. Plus possible de garder le rythme stable que j’avais sur la première partie. Je m’arrêterai auprès de Damien 3x au cours de ces 6 derniers kilomètres. Un ravito eau, un ravito banane et le dernier juste pour un bisou de courage pour les 500 derniers mètres bien raides.
Le mot de Damien : Premier virage, je souhaite immortaliser le premier kilomètre raide de Marine mais une espèce de touriste avec sa Cadillac vient me taper la discute et m’empêche de prendre la photo ! Il se met aussi à contre-sens dans le col, en créant un bazar monstre… Je ne vous dessine pas le tableau ! Du coup, pas d’encouragement possible à ce moment-là !
Allez go, on file au suivant du coup ! Je vois la cadence de pédalage se réduire presque au point mort, mais ça tient dans sa tête ! Elle stoppe sa course au kilomètre 3 pour souffler mais je la pousse à vite repartir ! Un shoot de lait concentré et c’est reparti !!
Maintenant, je me dis qu’elle va le faire, c’est sûr ! Elle va le grimper ce fichu Mont Ventoux. Mais avant ça, elle refera un stop à deux kilomètres de la fin où je la pousse pour qu’elle puisse remettre ses cales automatiques dans une pente à 9 %…
Et voilà enfin le dernier kilomètre… Elle me dépasse tandis que j’essaye de monter à pied avec le chien qui tire comme un bœuf ! Je me retrouve donc obligé de courir après elle pour ne pas louper la photo ! Heureusement que N’Lou était là pour me tracter… J ‘ai d’ailleurs eu vraiment peur qu’il nous fasse faucher un grimpeur !
Allez, les 500 derniers mètres je les connais bien ! Je les ai déjà montés à deux reprises hier. J’aperçois Damien se garer avec N’Lou un peu plus loin et se débattre avec lui qui s’élance déjà vers le sommet. Je pense que comme hier pour Damien, tout le monde a tellement la même tête avec son vélo, sa tenue, son casque et ses lunettes qu’il est perdu… Il m’a aussi peut-être déjà vu passer 15 fois !
Damien me crie que si je ne sens pas le dernier virage, qu’il faut que je déchausse pour finir à pied. Non mais la honte quoi. A quelques mètres du sommet, il veut que je pousse mon vélo lui ! Ça ne va pas non ! Facile ce dernier virage… Et je rejoins le sommet sans déchausser malgré le troupeau qui stagne de coureurs en train de poser devant le panneau.
Waou ! Je suis au sommet du Mont Ventoux ! Je l’ai fait ! I di dit ! Je tombe dans les bras de Damien encore toute euphorique et pas un poil fatiguée, même si mes jambes montrent le contraire en tremblant un peu. Je suis fière de m’y être essayé, d’avoir persévéré et finalement réussi ! On fera nous aussi notre photo avant de redescendre tranquillement récupérer la voiture pour rejoindre notre prochain stop de la journée. Il est midi, on a encore largement le temps pour vivre 2 nouvelles journées dans l’après-midi.
Le mot de Damien : 02h25 d’effort pour la récompense de son audace ! Je sens une fierté se dessiner sur son visage telle une vainqueur d’étape du tour de France !Elle a vaincu le Mont Ventoux, col le plus grimpé du Monde pour une première tentative en montagne ! Je crois que ça promet pour le futur !
Une photo souvenir au sommet qui restera graver dans nos annales !Good job ma Marine !
Nous voilà donc de nouveau dans la voiture, le vélo est chargé, la tenue de cycliste a laissé place à la robe… Et je me remets dans la peau de la supportrice en encourageant les grimpeurs et notamment la belge que j’avais doublé en bas du col qui arrive à son tour !
Nous redescendons le col et je pense que Damien n’aura jamais entendu autant qu’aujourd’hui « j’ai monté le Mont Ventoux quoi » et « j’ai trop la dalle » car ça lui fera toute la journée et même dans les jours à venir je pense !
On fait donc quelques emplettes pour le repas de midi et le plein d’essence, car avec mes « conneries » d’aller jusqu’au sommet, on a plus que 50 km d’autonomie dans le réservoir… Bon ça va c’est de la descente maintenant jusqu’à Sault où on devrait trouver une station !
A présent, on prend la direction du petit village de Rustrel (toujours dans le Vaucluse) où se trouve le petit Colorado français ou Colorado Provençal. Il s’agit d’un ancien site industriel d’extraction d’ocre qui a été exploité jusqu’en 1992, date à laquelle le dernier ocrier a pris sa retraite.
Nous allons enfin découvrir de nos propres yeux de quoi il s’agit vraiment et si les couleurs sont vraiment vives comme nous les imaginons dans nos têtes. C’est donc rassasiés de sandwiches improvisés que nous entrons sur le site après avoir payé les 5 euros de parking obligatoire (et l’entrée est contrôlée, on ne pourra même pas revendre notre ticket cette fois 😛) !
N’Lou est admis à condition d’être en laisse et d’ailleurs ce ne sera pas le seul chien du parc ! Nous croisons un couple avec un berger blanc suisse (blanc du coup), complètement déteint en orange par les ocres. On rigole en le voyant et les propriétaires nous lancent « vous verrez bien à la sortie ». Ils se marrent mais au fond, ils semblent blasés. Dommage pour eux, mais nous N’Lou ressortira blanc comme au premier jour !
Après avoir longé une clairière, on déboule enfin sur le fameux Colorado Provençal et ses couleurs orangées aux teintes très variées. Nous suivons notre petit bout de chemin pour prendre un peu de hauteur au milieu des touristes et la vue est superbe !
On se croirait ailleurs, c’est vraiment beau à voir et la balade n’est pas très longue. Au final, nous emprunterons la balade du Sahara pendant une petite heure pour 3 kilomètres au compteur. La chaleur ne nous a pas incités à tenter la plus longue balade de presque 2 heures. Nous étions déjà ruisselants comme jamais et nous en avions pris plein les yeux. Alors on a pris la poudre d’escampette !
Après l’entrainement de vélo, la randonnée sous 50000 degrés, ne manque plus que la baignade ! Ok, c’est dit, alors direction les Gorges du Verdon où nous dormirons ce soir… On met un temps fou à les rejoindre car la circulation est très dense et nous avons décidé, une fois n’est plus coutume, de rallier nos étapes sans autoroute !
On passera par le fameux plateau de Valensole, très connu pour ses champs de lavande (très instagramables au passage) et c’était comique toutes ces photos. Les gens se la jouaient petite maison dans la prairie à courir au milieu des plants avec un chapeau sur la tête…
Même si l’arrivée sur les gorges par Moustiers-Sainte-Marie, nous montre que l’espace y est très touristique aussi, on profitera de la vue sur les Gorges avant de se jeter dans le lac de Sainte-Croix avec une baignade délicieuse pour tous les trois et surtout bien méritée. N’Lou est aux anges et ne se fait pas prier pour filer nager.
Finalement, nous rejoindrons notre camping municipal à la Palud-sur-Verdon vers 19h00 et se poser nous fera du bien ! On est à l’ombre, il fait plus frais et on va pouvoir se doucher (enfin) et se rassasier ! Apéro, pâtes carbo et dodo ! Ce sera le crédo du soir avant une nouvelle journée encore bien chargée demain.
On est des dingues ? Ouais et on aime ça en plus !
Alors à bientôt pour la suite…
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5 Comments
Encore une fois toutes nos félicitations, bien du courage la Mounette…… un bon repas ,une baignade bien méritée et un gros dodo 😊😍😍😍😍bisous aux sportifs
Cette fille là, elle est terrible!!… Encore bravo!!
Et très joli ce portrait de toi façon guerrière!… Tu sais où l’accrocher!! 😉
Respect ! Ce « coup de folie » aura sacrément épicé cette journée
🌶️🌶️🌶️🚴♀️⛰️👏👏👏🙍🏆
Je n’ai qu’un mot à dire : Bravo !
Bravo ma grande ,comme le dit si bien Damien sacré nana bisous bisous 😘