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Pour Noël dernier, j’ai décidé d’offrir à mes grands-parents une expérience en famille : la traversée de la Baie du Mont-Saint-Michel. Il s’agissait là de profiter d’une activité tous ensemble, dans un lieu sublime ! Pour trouver le meilleur compromis de balade (chiens acceptés, temps de marche adapté), j’ai pris contact avec l’office de tourisme de la baie. Ceux-ci m’ont renvoyée vers la liste des guides agréés (une trentaine seulement) pour que je puisse faire mon choix.
J’ai ensuite regardé les dates qui pourraient coller pour que nous soyons tous disponibles. Idéalement, ce serait sur un week-end, avec une grande marée et de préférence l’été ! Le choix fait, j’ai pris contact avec un guide (Romain Pilon) qui m’a répondu rapidement et avec toutes les informations nécessaires pour la traversée ! Je n’avais plus qu’à convaincre tout le monde que ce serait génial ! Et joyeux noël bien entendu !
C’est ainsi que le 02 septembre 2023, nous nous sommes rendus en Normandie pour une belle balade. Nous avions rendez-vous à 17h00 et ce n’était pas une mince affaire d’organiser la chose… Pour trois heures, ça annonçait une fin de marche à 20h00, alors il nous fallait prévoir les pique-niques, sinon j’en connais qui auraient bouffé mes sièges de voiture ! Mais pourquoi cette heure avancée ? Tout simplement car nous nous calons sur les horaires des marées. Et c’est à 19h45 que s’observera le phénomène du mascaret qui nous a tous traîné ici aujourd’hui.
Pour l’heure, il nous faut déjà arriver jusqu’au Mont-Saint-Michel. Nous sommes finalement 6 adultes avec 3 chiens (dont un chiot). Les loulous ne sont pas autorisés dans la navette qui fait la liaison entre les parkings et l’entrée du Mont, à moins d’être transportés dans un sac. Pour N’Lou et Madjo, clairement, c’est mort ! Tandis qu’Umous a encore ce privilège au vu de son jeune âge. Nous laissons donc Mamie, Pépé, Eliott et Louise embarquer dans ce bus gratuit. De notre côté, Damien et moi emprunterons la passerelle à pied (environ 2,5 kilomètres soit une bonne demi-heure).
À 17h00 pétantes, notre groupe s’est retrouvé autour du guide et nous répondons présents à son appel. Il a été plutôt flexible et nous a permis d’annuler deux personnes quelques jours avant l’expédition car l’un de mes frères n’a pas pu être présent. Je règle donc sur place ce qui lui est dû, à savoir 20 euros par personne. Les chiens sont quant à eux gratuits et se doivent d’être tenus en laisse. Le rapport temps / prix est donc tout à fait correct. Place à la visite guidée à présent et aux explications de notre guide !
Officiellement, la Baie du Mont-Saint-Michel se situe entre la Bretagne à l’Ouest et la Normandie à l’Est. Ce qui a tout naturellement renforcé le conflit entre bretons et normands quant à l’appartenance de ce qu’ils considèrent comme la 8ème merveille du monde ! Mais ça, c’est encore un autre débat ! Donc cette baie a une surface d’environ 500 km2 (tour de même).
Elle est peu profonde et abrite deux rochers : le Mont-Tombelaine et le Mont-Saint-Michel. Et devinerez vous qui est le plus gros ? Bah ce n’est pas celui qu’on pense ! D’ailleurs, selon la légende, façon Roméo et Juliette, une jeune fille répondant au nom Hélène, privée de son amant Montgomery, se serait jetée de ce rocher… Elle y serait enterrée d’où le nom de Tombelaine, contraction de « Tombe Hélène »… C’est d’ailleurs sur ce rocher que se concentre la majeure partie de la faune locale (majoritairement des oiseaux, même si on a aussi vu une otarie en soirée).
Avant que je ne m’éparpille davantage, il existe également trois fleuves côtiers qui arrosent la Baie du Mont-Saint-Michel. Il s’agit de la Sélune, la Sée et le Couesnon.
C’est « à cause » de ce dernier, au cours très irrégulier, qu’un dicton a vu le jour : « Le Couesnon dans sa folie a mis le Mont en Normandie » ! Quand je vous parlais de rivalité. Et la raison est bien simple… Ce fleuve de 101 kilomètres prend sa source en Mayenne. Il traverse ensuite l’Ille-et-Vilaine (Bretagne) et constitue dans ses derniers kilomètres, la frontière entre le duché de Bretagne et le duché de Normandie… Et bien entendu, le Mont-Saint-Michel se situe du côté normand de son embouchure actuelle. À 4 kilomètres près, les bretons se le seraient approprié !
Le fleuve a néanmoins connu divers aménagements : il a été canalisé pour éviter l’érosion des rivages avant de voir l’arrivée d’un barrage en 1969. Toutefois, ces divers aménagements, ainsi que la digue d’accès au Mont-Saint-Michel accélèrent l’envasement du site. Enfin, c’est sur le Couesnon, qu’au cours des grandes marées, on peut observer la formation d’un mascaret, mais j’y reviendrai un peu plus tard !
La Sélune est un fleuve côtier français qui coule dans le département de la Manche. Celui-ci prend sa source à Saint-Cyr-du-Bailleul et se jette directement dans la Baie du Mont-Saint-Michel. La longueur de ce cours d’eau est de 91 kilomètres.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la Sélune est une rivière de première catégorie, riche en saumons. Elle est également peuplée de diverses espèces de truites, brochets, tanches, gardons, sandres, perches et carpes… Ça en fait du monde ! M’étonne plus trop que les otaries s’y plaisent aussi, si tant est qu’elles dévorent ce genre de mets !
Enfin, la Sée prend sa source à Chaulieu, à 219 mètres d’altitude. Le fleuve est rapidement grossi par plusieurs petits ruisseaux tandis qu’il s’écoule vers l’Ouest sur 78 kilomètres. D’abord étroit et sinueux, il s’élargit entre Brécey et l’estuaire… Sa pente, devenant alors faible, favorise la création de méandres très photogéniques. Nous n’avons pas eu l’occasion de les observer cette fois, mais je serai ravie d’y retourner après de fortes pluies pour les découvrir sous leur plus beau jour ! L’estuaire, composé de bancs de sable et de vase, s’ouvre vers le Sud-Ouest, face au Mont-Saint-Michel.
Comme la Sélune, la Sée est une rivière à saumons ! Elle est même actuellement la première rivière de France devant l’Aulne, pour la capture de ce merveilleux poisson migrateur. C’est dingue non ? Note pour mon barbu pêcheur a ses heures perdues (à son plus grand désespoir, pas une seule prise en Norvège… ni même ailleurs à ma connaissance) : les prises se font essentiellement au vers et à la cuillère. Des fois qu’une revanche serait à prendre, la Normandie, c’est la porte d’à côté. Seulement deux jours de vélo entre Laval et le Mont-Saint-Michel.
La balade dans la Baie du Mont-Saint-Michel nous amène donc à découvrir le joyau normand sous toutes ses facettes. Nous commençons par en faire le (demi) tour en traversant un grand champ de vase. La faute aux grandes marées du moment. Notre guide nous informe en effet qu’en temps normal, quand l’eau n’atteint pas cette partie du mont, c’est ici, « dur comme du béton ». Dans les souvenirs, c’est d’ailleurs ici que lon se garait avant que ne soient construits la digue et les parkings !
C’est bain de vase donc pour les grands-parents et c’est plutôt fun à voir ! J’entends encore mon grand-père me dire que je suis une chieuse car j’ai insisté à maintes reprises pour qu’il viennent ou ma grand-mère qui dit que j’ai encore eu des idées pas possibles ! Certes mais c’est plutôt chouette quand même. Enfin, ça c’était avant qu’on n’arrive devant le Couesnon et qu’on s’y enfonce jusqu’aux cuisses. C’en était trop pour Mamie qui s’est fait la malle en douce ! Au début on a un peu paniqué en se disant qu’elle était partie avec un autre groupe. Mais elle a fini par répondre au téléphone pour nous dire qu’elle était retournée à l’entrée du Mont !
C’est donc avec un matelot en moins que nous poursuivons la visite. Et notamment la découverte des sables mouvants. Ceux-ci se forment par le piétinement répété et c’est pour cette raison que nous traversons le Couesnon en groupe élargi avant de tester l’enlisement. Chacun notre tour, nous piétinons sur place pour nous enfoncer jusqu’aux genoux ! C’est marrant mais surtout, on découvre comment se dépêtrer de tout ça ! Et les chiens alors ? RAS, ils ne piétinent probablement pas assez pour subir les sables mouvants. C’est donc serein que nous nous sommes baladés avec eux dans cette zone. Par contre, au-dessus de nos têtes, plusieurs hélicoptères tournent, scrutant les inconscients… Car la Baie est dangereuse si la balade se fait sans guide !
C’est d’ailleurs sur cette dernière partie que notre guide a le plus accentué ses recommandations de prudence. Il est 19h45 et nous allons pouvoir observer le clou du spectacle : le mascaret ! C’est un phénomène naturel qui se produit sur près de 80 fleuves, rivières ou baies à travers le Monde. Et ce soir nous allons avoir la chance d’y assister !
Le phénomène consiste en une brusque surélévation de l’eau, provoquée par l’onde de la marée montante lors de forts coefficients. Il se produit généralement dans l’embouchure de certains cours d’eau, lorsque leur courant est perturbé par le flux de la marée montante. Les mascarets les plus spectaculaires s’observent aux embouchures du Qiantang (Chine), du Hooghly (Inde) ou encore de l’Amazone au Brésil. Les vagues peuvent là-bas atteindre jusqu’à 6 mètres pour 16 à 24 km/h… et même durer sur plusieurs dizaines de kilomètres.
Au Mont-Saint-Michel, c’est un peu plus soft, mais ça n’en reste pas moins impressionnant ! On entend la vague arriver au loin et surtout on la ressent quand on a les pieds dans l’eau. Certaines légendes urbaines lui donnent la vitesse d’un cheval au galop, c’est exagéré, mais c’est ultra radine malgré tout. On a adoré découvrir cela, tandis que Mamie et Pépé nous observaient depuis les remparts sur ce finish ! En tout cas, on valide (+++) le choix du guide et cette balade dans la baie de 6 kilomètres environ. Pour les loulous nickel aussi si ce n’est la princesse Madjo qui a préféré être portée pour la traversée du Couesnon ! Une belle journée en famille, le genre de celles qui sont à réitérer sans hésiter…
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De beaux souvenirs avec la marmaille des loulous ❤️😊👍et de belles photos…..bisous