Cette journée commence de bon matin à 06h35 quand les militaires entament un chant de trompettes et un cri sur le même ton que « chef oui chef » qu’on a tous pu voir dans une bonne série américaine ! Ça ne nous empêchera pas de TOUS nous rendormir jusqu’à leur seconde performance un peu plus tard ! Je suis là première réveillée et comme les deux autres ronflent toujours, je me fais discrète jusque 08h50 où là, il va bien falloir nous bouger.
Allez, on va sortir dégourdir Loulou… Ah… La voiture d’à côte est collée serrée au camion, on a tout juste la place de coulisser la porte latérale pour y sortir tous les trois. J’interpelle un des mecs qui gère le parking et on négocie un tarif 24h jusqu’au lendemain matin. Au moins ainsi on est tranquilles et pas besoin de bouger le camion, c’est super surveillé en plus et devant une institution militaire… Quand je récupère les tickets de stationnement j’ai l’impression que l’on a joué au Quinté+ ! Le sketch…
Nous prendrons notre temps pour profiter pleinement du petit-déjeuner car on a de la marche devant nous ! Mais alors que nous étions en train de ranger le camion nous préparer pour décoller, un couple s’est posté sur le banc derrière nous. On a dit bonjour en souriant et ils se sont levés pour venir nous parler ! Des chiliens qui nous ont évoqué leur pays, l’économie et leur volonté de voyager comme nous dans un van très prochainement ! C’est trop bien de rencontrer du monde ainsi !
Puis bon à un moment il faut bien y aller, alors sacs sur le dos et nous voilà parés à décoller ! Alors que fait-on aujourd’hui ? On a rendez-vous à 15h au bout de la plage de Leblon pour une randonnée sur le Morro dos Dois Irmãos (le mont des deux frères) qui devrait nous donner une vue sympa sur Rio. On a pas trop voulu se spoiler alors on verra bien ce que ça donne ! Et cela nous permettra aussi d’entrer avec un guide dans une favéla !
D’ailleurs en parlant de guide, Axel de Rio Autentico Tours nous informe que nous serons un bon petit groupe. Du coup le prix est réduit car initialement il n’y avait que nous, nous avions préféré « privatiser » que de ne pas réaliser cette sortie ! Au top. Et ce sera en français donc on est assurés tous les deux de bien entendre la même chose. Du coup c’était normalement la journée de Damien mais je lui en dois une et en plus « toi t’as pris des notes » ! Facile quoi !
Allez, nous voilà chauds comme la braise, partis conquérants pour rejoindre le point de rendez-vous à pied sous une chaleur accablante… Je disais chauds comme la braise oui oui ! On a souffert de la chaleur sur les 10 kms réalisés… Nous avons pour cela longé les plages de Copacabana, Ipanema et Leblon et fait un détour par le lac Rodrigo de Freitas. Une fois arrivés à destination, N’Lou a eu droit à une baignade dans les eaux turquoises de Leblon beach avant qu’on ne trouve un coin pour boire un coup avant d’attaquer la montée !
15h, nous retrouvons 7 autres français ainsi que le guide Axel, installé sur Rio depuis 10 ans. Ancien prof de français, il a changé de voie et aujourd’hui il nous emmène dans la favéla de Vidigal. On en prend la direction en commençant à papoter avec les autres. Puis soudain on rentre dans le vif du sujet.
Nous voilà dans la favéla, et là çà va être épique ! Il nous faut monter au sommet et pour cela emprunter normalement une moto taxi (ou au pire un van mais ça prendra plus de temps). Pour Axel c’est une première aussi de le faire avec un chien, malgré les nombreuses excursions qu’il a déjà fait ici. Il se renseigne… Un des moto taxi est ok et on fait monter N’Lou entre le conducteur et moi.
N’Lou est calé… c’est parti pour une ascension vertigineuse, sur des pavés, dans des rues étroites et très très pentues ! A chaque virage, je serre les fesses, le chien et les dents entre lesquelles je laisse échapper des « pas bouger hein Loulou » ! Et enfin, nous parvenons au sommet. Tout le monde est là, on a fait environ 5 minutes de moto. On règle notre course : 5R par tête soit 1,11€ ! Vu que le litre d’essence est à 4R je ne sais pas si c’est super rentable pour eux mais pour nous, ça nous a bien fait gagné en altitude !
Et de là nous démarrons la rando. Jusque là nous avions pour consigne de ne pas prendre de photo… on ne sait jamais on pourrait tomber sur des trafiquants et eux, on ne les prend surtout pas en photo ! Mais à présent c’est bon et on s’enfonce directement dans la forêt pour démarrer une ascension à pic qui nous prendra environ 1h avec différents arrêts aux vues splendides et avec minutes culture : on adore !
Nous avons donc appris notamment qu’une favéla est loin d’être l’idée que l’on se fait… Ce n’est pas un bidonville indien version brésilienne ! Tous les logements sont construits avec des matériaux en dur, par les habitants eux-mêmes ! Ils sont généralement érigés sur les pans des collines du fait de la géographie de la ville et aucun bâtiment n’a de titre de propriété. Par contre les habitants sont eux bien recensés, ont des papiers d’identité et sont les « petites mains de Rio » : les domestiques, les barmen, les chauffeurs, les serveurs…
La favéla dans laquelle nous sommes, Vidigal, compte entre 8000 et 9000 habitants. Tandis que Rocinha que nous apercevons bientôt sur les hauteurs (une des plus grandes favélas de la ville) recense quant à elle 80000 habitants ! A savoir qu’à Rio, 1/4 de la population (soit 1,5 millions de personnes) vivent dans l’une des 950 favélas de la ville ! Généralement, les gens y vivent et y grandissent ou font le choix d’aller y vivre ou y construire leur logement. Le populations ont aussi beaucoup fui la sécheresse du Nordeste en s’installant dans le sud du pays.
Les favélas sont de vraies petites villes dans la ville : ils ont des MacDo, des hôpitaux, des crèches, des écoles. L’eau potable est disponible sur les toits des habitations à l’aide de grands réservoirs bleus qui sont réapprovisionnés tous les 2-3 jours… d’où la nécessité d’en stocker une certaine quantité ! La ville de Rio a néanmoins repris certains aménagements au sein des favélas et installé des murs de contention pour éviter les « écroulements » !
Rio reste une ville très vallonnée et nous l’avons vu au sommet : les « riches » côtoient très vite les « pauvres »… les favélas se situent entre piscines et terrains de golf ! Au Brésil, 1% de la population est égal à 30% de la richesse du pays… Le salaire minimum est de 1500-2000R (soit entre 333-444€) tandis que la classe moyenne vit avec 3500-4000R en moyenne (soit entre 777-888€).
Bien que tout soit construit de façon illégale, il règne dans les favélas une atmosphère plutôt sûre pour les « visiteurs »… On dit que les favélas sont à la fois les endroits les plus sûrs mais aussi les plus dangereux… Personne ne se fait dépouiller dans une favéla : la réputation est en jeu. Les trafiquants qui font généralement partie des gangs qui dictent les règles ont tout intérêt à faire venir du client pour faire tourner leur business ! Les affrontements armés quand il y en a, ont lieu entre les différents gangs ou en cas de descente de police !
Pour obtenir les JO de 2016, Rio a mis en place de grands programmes dits de « pacification » des favélas. L’idée était de reprendre le contrôle en faisant pour cela des descentes de police « BOPE » (bataillon des opérations de police spéciale en traduisant). Mais après les JO, la faillite a fait laisser tomber ces programmes… Cela avait cependant permis de pacifier une cinquantaine de favélas ! Malgré cela, il n’y a pas eu que du bon dans ces démarches avec l’UPP (unité de police spéciale) car aucun dialogue avec les habitants, parfois des abus de pouvoirs pouvant mener à des bavures et du rentré-dedans…
D’ailleurs on nous a conseillé (une fois partis de Rio) de regarder le film « trouble d’élite » avec l’acteur Wagner Moura sur le sujet des favélas et des affrontements, dispo sur Netflix !
Enfin, dernière chose spécifique à la favéla de Vidigal, le nouveau gang au pouvoir est le CV pour « commando vermelho ». Ils annoncent sur certains murs de la favéla « proibido pasar UPP » qui signifie une interdiction de passer à l’unité de police de pacification. On retrouve aussi les lettres « ADA » barrées sur certains murs car il s’agit de l’ancien gang au pouvoir (Amigo Dos Amigos)…
V oilà pour les instants cultures de ce dont mon cerveau se souvient (et les quelques notes griffonnées sur mon téléphone en cours de route entre deux enjambées) !
Après notre heure de montée, on est récompensés d’une vue de dingue sur Rio. La plus belle que l’on puisse avoir je pense : devant nous la baie, les plages, le Pain de Sucre et le Corcovado. C’est de la folie pure ! On en prend plein les yeux et on immortalise ceci dans nos têtes et par quelques clichés souvenirs avant d’entamer la descente.
Pour celle-ci, pas de moto taxi, on traverse la favéla directement via ses ruelles ! En profitant de l’ambiance des rues, en faisant gaffe à N’Lou avec les autres chiens et soudain, notre guide se retourne et nous demande de passer le mot : « pas de photo » ! Un jeune brésilien est adossé contre le mur et confirme « pas de photo »…
Mais c’est seulement quand nous arrivons en bas de la ruelle et que j’entends Damien et Sylvain (un autre français de la bande) rigoler que je comprends… Je me rassure les autres filles sont dans le même cas que moi ! « Elle était grosse hein »… Hum ? Plait-il ? Et oui, ce jeune brésilien avait une Kalashnikov dans la lignée de son bras et de sa jambe ! Ah ! Ça explique qu’il ne souhaitait pas poser… sans parler de ses yeux pétillants qui vraisemblablement n’avaient pas vu que de la fumée de Marlboro !
Nous finissons la descente sur un stand de jus / caldos pour déguster un « beignet de fromage » ainsi qu’un jus de canne à sucre. C’était l’occasion d’y gouter et en plus c’était à volonté ! Pas mal… On s’arrête donc ici et c’est avec bien des étoiles dans les yeux que nous reprenons notre chemin vers la plage où nous nous étions donnés rendez-vous. Cet aprèm était mémorable et restera une journée phare de notre séjour brésilien sans nul doute !
Les photos qui suivent reflètent des images de notre passage dans la favéla de Vidigal. Pas de légende, juste des visions urbaines…
Mais qui dit rando, soleil et chaud… dit douche obligatoire ! Notre seule option : espérer fort que le poste de secours soit toujours ouvert alors qu’il est bientôt 20h et que la nuit tombe. Ouf oui ! Alors c’est 2,7R pour se changer dans les toilettes et 1,7R la douche d’une minute à l’extérieur du poste de secours… ok on va faire vite ! Cool la savonnette est comprise dans le prix. Chacun notre tour nous profiterons de cette minute fraîche de pur bonheur avant de commander un Uber pour rentrer au camion. 24 kms au compteur c’est bien assez pour aujourd’hui ! Loulou aussi en a plein les pattes.
En parlant de pattes (pâtes), ce soir on change de féculent : semoule / ratatouille ! Ce sera un régal et surtout rapide à préparer avant de retrouver nos voisins de parking : la famille d’argentins avec Evelin, Daniel et Ivo leur fils de 10 ans. Nous passerons une excellente soirée à nous raconter nos aventures de la journée et écouterons avec attention (malgré les bâillements qui nous toucheront vite tous) leurs bons conseils pour notre passage dans le sud du continent !
Caput, nous nous endormirons tous les trois très rapidement avec un réveil mis à 06h30 pour le lendemain… Zzz…
8 Comments
Toutes les dernières photos sont invisibles ?merci pour toutes ces bonnes nouvelles bisous bisous
C’est bon c’est corrigé !
Encore un plaisir de vous lire. Merci pour cela.👍👍
Super reportage, quelques photos vers la fin du blog impossibles à voir . Bien sympa cette sortie en plein Rio …. bon courage pour la suite que nous attendons avec grande impatience ! Bisous ❤️👍😍😘
Pour un peu, j’aurais un coup de blues, tant de souvenirs lointains !!!!, mais bon, il ya un temps pour tout, merci pour les vues superbes, et chapeau pour la performance athlétique, bisous à +
Mon commentaire n’est pas passé non plus … donc je réitère. Super visite de Rio. De beaux souvenirs pour vous . Profitez bien on vous suit jour après jour et impatient de voir la suite de vos aventures ❤️😍😘👍👍bisous et un os 🦴 pour Loulou le chien 🐕
Super immersion dans les favelas. N’Lou t’as encore oublié ton casque !
Vous n’avez pas tenté le drone en pleine favela ? Ça se serait sans doute terminé en tire au pigeon à la kalachnikov 🐦🔫🙈
[…] premier vol en avion en passant par le Transsibérien, le kayak en Croatie ou encore la mémorable visite des favélas de Rio en moto […]